Alors que nous entrons, sur le qui-vive, un léger carillon me fait sursauter. Aussitôt après, une jeune fille aux cheveux gris terne, qui doit avoir dans les dix-huit ans accourt. Je remarque à l'occasion que ses jambes sont enchaînées. Dès qu'elle nous voit, une expression effrayée apparaît sur son visage. Je la comprends, nous sommes armées, contrairement à elle.
- Vite, rangez vos armes ! Le Maître ne sera pas content de voir que j'ai laissé des individus armés entrer chez lui. Il me punira !
Alors que j'allais répondre, une voix sortie du néant hurle :
- Lisonnette ! Qui est-ce ? Grouille ! Tu seras privée de repas !
Le visage résigné qui transparaît alors, fait peine à voir. Malgré tout ce qu'elle a l'air d'endurer, elle répond d'une voix parfaitement neutre :
- Oui Maître, à vos ordres Maître, tout de suite Maître.
Puis à nous, à toute vitesse :
- Mon Maître est le Grand Chouchoubidou. Il loue ses appartements à Sa Majesté Impériale. Il est très respectueux du protocole. C'est un roi. C'est tout ce que je peux vous dire. Vite, venez, Il va s'impatienter.
Un peu étonnées, nous la suivons jusqu'à arriver à une porte en bois assez grossièrement sculptée. Réfléchissant à toute vitesse, je décide de faire confiance à cette inconnue qui semble vivre un enfer sans nom. L'ombre d'un plan commence à se former dans ma tête, mais ce n'en est que le début. Pour le reste, carpe diem comme on dit !
En une fraction de seconde, je passe une burqa, me dissimulant ainsi totalement aux yeux de n'importe qui d'extérieur à moi.
- Pouvons-nous entrer ?
La porte s'ouvre. Nous nous avançons, mais nous arrêtons après trois pas, nous inclinant. Comme je sens que c'est compliqué pour Belle de tenir la pose, je me relève aussi vite que l'Etiquette me le permet, et ce faisant, j'aperçois du coin de l'oeil, la jeune fille, prosternée, front contre terre, immobile. Faisant de mon mieux pour ne pas marquer mon dégoût, je baisse la tête, comme une sujette obéissante. Je dois avouer qu'il en coûte à mon orgueil de m'abaisser à me soumettre à un homme que je ne connais pas et qui viole les droits des femmes. Mais c'est le seul moyen qui me vient en tête pour éviter qu'il ne me reconnaisse.
Sortant enfin de mes pensées, je regarde autour de moi, et remarque que la salle n'est pas véritablement chargée. Il n'y a qu'un trône de bois aux moulures dorées posé sur une estrade se tenant devant nous, un canapé et deux fauteuils de velours rouge accompagnés de leur table basse en verre et un tableau me représentant à genoux devant Saphir, ma soeur crucifiée, sur le mur. Bon. Si elle veut perdre son temps à s'inventer des histoires, soit. Au premier coup d'oeil, je ne remarque rien de notable, mais quand mon regard repasse une deuxième fois sur le siège royal, je remarque un étrange être : haut comme trois pommes (littéralement), un visage fermé, et une immense barbe qui démarre de un mètre au-dessus de sa tête et qui s'arrête au sol. En laissant un espace pour le visage, bien entendu. Sa voix grave me coupe dans mes palabres mentaux :
- Qui êtes-vous ? Que me voulez-vous ?
Sans m'offusquer le moins du monde de sa brutale entrée en matière, je réponds, de manière plus que respectueuse à mon «humble» avis :
- Je m'appelle Albane Bréda, votre Majesté. Je suis l'ambassadrice de Pologne à Millania. Mon vénérable Dirigent souhaite faire une surprise à Sa Majesté Impériale. Une cargaison entière d'esclaves polonais en gage d'amitié. Je dois également lui transmettre la hâte que mon Dirigent a de voir Sa Majesté Impériale sur le trône qui lui revient de droit. Je devais également vous remettre ceci, votre Majesté.
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Cristal et Rubis
FantasiaDeux jumelles. Un inconnu. Bien évidemment, lorsque ce dernier leur annonce qu'elles sont impératrices dans un monde parallèle, Millania, sur la planète Géfain, elles le suivent. Une année heureuse s'ensuit. Bien évidemment, cela ne pouvait durer. U...