Toc, toc, toc.
Je reste assise sur le sol sans bouger. Le visiteur insiste :
- Cristal ! C'est moi !
Je dresse aussitôt l'oreille, seuls mes proches m'appellent ainsi. Mais je suis vite déçue, ce n'est qu'Emma.
- Cristal, dis quelque chose !
- Quelque chose.
- Ah, tu as l'air d'aller mieux. - Tais-toi et pars.
Silence. Mais l'infirmière, persévérante comme elle l'est, ne m'obéit pas.
- J'ai une nouvelle !
Mauvais argument. Je ne vais pas tomber dans le panneau si facilement.
- J'ai dis tais-toi ! Fais le, ou j'userai de mes pouvoirs, la prochaine fois !
- Je m'en fous à un point, tu ne peux pas savoir. Je resterai campée devant ta porte jusqu'à ce que tu te décides à sortir. Ne jamais laisser tomber, être déterminé, jusqu'à obtenir ce que l'on souhaite. C'est bien la plus grande leçon que j'ai retenue de mes études de médecine.
- Sans blague... Alors tu restera longtemps !
- Parfait.
Nouveau silence. Mais elle ne résiste pas à la tentation.
- J'ai une grande nouvelle.
Je ne daigne pas répondre et me confine dans un silence impérial.
- C'est Rubis.
Le mot résonne comme une insulte à mon égard. Non. Elle n'oserait pas se servir de ma soeur pour me faire sortir de là.
Silencieusement, je m'approche de la porte et, sur mes gardes, m'apprête à l'ouvrir et à mettre un coup de poing dans l'infirmière si j'obtiens une preuve qu'elle se sert bel et bien de ma jumelle pour me remuer.
- Elle a bougé la main.
Oubliant instantanément ma colère et sans prendre le temps de m'habiller (je suis en pyjama) je sors, bouscule Emma, cours dans le couloir, dévale les escaliers, ouvre les portes à la volée et chante à tue-tête :
- Elle a bougé, les gars ! Elle a bougé !
Et enfin, j'ouvre doucement la porte de l'infirmerie. Je fonce d'un pas alerte et décidé vers le lit de ma soeur, puis m'assieds sur une chaise à ses côtés.
Je lui saisis sa main blanche comme la neige et la presse délicatement.
- Rubis, si tu m'entends serre moi la main.
J'attends, encore et encore, admirant le merveilleux être entre la vie et la mort étalé devant moi. Ses longs cheveux soyeux et roux ondulent comme une auréole de lumière autour de son visage, si propre qu'il est tel une poupée de cire. Une poupée de cire n'est pas vivante... Non. Même dans sa tenue de patiente, elle ressemble à une déesse. Et une déesse ne meurt jamais.
Soudain, je sens une main se poser sur mon épaule. Je sursaute.
- Je suis vraiment désolée, murmure Emma.
Je l'ignore, perdue dans un profond sommeil de pensées. Mon amie, comprenant mon besoin de solitude, tourne les talons. Je ne puis définir le temps exact pendant lequel je reste prostrée ainsi, mais, lorsque je m'apprête à abandonner, coincée dans une torpeur envahissante, quelque chose me stoppe.
«Je suis là.»
Croyant à une hallucination, je me passe la main dans les cheveux et me lève pour m'en aller. Mais quelque chose se réveille à l'instant parmi les machines qui veillent sur la comateuse. Interloquée, je rapplique aussitôt et prends la main de Rubis. Là, comme dans un rêve, je sens la sienne qui me serre faiblement.
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Cristal et Rubis
FantasyDeux jumelles. Un inconnu. Bien évidemment, lorsque ce dernier leur annonce qu'elles sont impératrices dans un monde parallèle, Millania, sur la planète Géfain, elles le suivent. Une année heureuse s'ensuit. Bien évidemment, cela ne pouvait durer. U...