Chapitre 9

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Le commandant est confus. Il ne sait quoi répondre. Il expire profondément et dit:

- Capitaine, je ne peux rien vous cacher. Car avant tout je vous considère comme mon frère. Si Seulement vous étiez à ma place, vous aussi vous ne diriez rien parce que c'est le seul moyen de gagner.
- Gagner quoi? Une attaque que l'on subit? Regardez autour de vous, regardez ce qu'ils ont fait. Ils nous ont une fois attaqué et ils vont certainement recommencer. Répond le capitaine.
- Non, ils ne vont pas recommencer. Crois moi, ils ne vont plus nous attaquer ici. Dit le commandant.
- Mais vous, ils vont vous attaquer. Commandant, il faut que vous me dîtes ce qui se passe et je pourrai peut-être vous aider.
- Malheureusement, vous ne pourrez pas. Dit le commandant.

Le capitaine se redresse et expire profondément. Le commandant enchaîne:

- Je peux quand même vous dire pourquoi nous nous sommes connus.
- Pourquoi?
- Vous vous rappelez de la guerre du Liban entre l'Israël et la Palestine?
- Oui, je m’en rappel.
- J'y étais, dans le corps des nations unies. Nous étions placés dans une zone occupée par la Palestine. On dit souvent que cette guerre oppose les Israéliens et Palestiniens mais il y'avait d'autres troupes non identifiés qui entraient dans la dance. Il y'avait un petit groupe de soldats que j'avais côtoyé dont Manir était leur deuxième chef. Il s'avérait être des Palestiniens mais ils étaient des malfaiteurs qui travaillaient sur un projet d'abattoir. Ils voulaient obtenir un dossier palestinien mais pour l'obtenir, il fallait que la guerre s'intensifie pour pouvoir atteindre leur objectif. Quand j'ai découvert leur secret, leur chef m'a proposé de marcher avec eux. J'ai refusé mais Manir a toujours voulu me tuer, c'est son chef qui l'en empêchait. Après la mort de ce dernier, il a pris les commandes mais pour qu'ils réussissent leurs missions, il faudra impérativement qu'ils passent par le Sénégal et c'est ce qu'ils sont entrain de faire. Explique le commandant.

Le capitaine regarde un moment le commandant et dit:

- Pourquoi vous n'avez voulu rien dire?
- Ne croyez pas que je vous ai tout dit. Ces terroristes sont imprévisibles, ils sont partout et ils t'infiltrent sans que tu aies le moindre soupçon. Dit le commandant.
- Croyez-vous que nous pouvons les vaincre? Demande le capitaine.
- Vous savez capitaine, le terrorisme n'est qu'un acte politique et vise à provoquer des effets politiques. Bien sûr, nous pouvons les vaincre malgré tous leurs efforts mais seulement si nous vivons en harmonie comme des frères et sœurs. Ce ne sont pas les coups de feu qui vont les éliminer parce que pour cela marche, il faut au moins savoir où tirer.

Dans la base de Manir,

Manir se déploie à chaque fois avec une partie de son armée. Il a envoyé la majorité de ses soldats dans plusieurs coins du pays avec chacun un commandant pour les diriger. Il se trouve actuellement à l'EST du pays, dans un quartier isolé à Matam avec très peu de gardes. Il est devenu presque invisible car il pénètre quelques fois à Dakar sans éveiller le moindre soupçon. De loin du bâtiment où il se trouve, on peut entendre ses cris. Il se plaint de ses ingénieurs en disant:

- Vous avez échoué. Vous m'entendez? Echoué.
- Pourtant chef, on a fait le nécessaire. Dit l'un des ingénieurs.
- Allez-vous faire foutre, quel nécessaire? Vous n'avez pas tué le commandant alors que c'était ça l'objectif. Vous avez échoué. Crie Manir.
- Mais chef, nous avons pourtant tiré sur lui et ça a explosé. Dit un autre ingénieur.
- Et la cible est toujours vivante. Vous ne vous rendez pas compte, le commandant est vivant et il faut qu'il meure. Répond Manir.
- Chef, quelqu'un approche. Dit un garde.

Leurs bruits ont attiré l'attention d'un groupe de gendarmes qui passaient. Trois de ces derniers y partent pour voir ce qui se passe dans le braque où se trouve Manir. Ce dernier ordonne qu'on lui donne son masque. Ce qui se fait et il prend son arme qu'il met à l'arrière de son pantalon.

Les gendarmes arrivent au lieu et les salue:

- Bonjour!
- Bonjour! Répond Manir.

Un des gendarmes qui semble être le chef sort son badge en disant:

- Commandant Gueye de la gendarmerie de Matam, qu'est-ce que vous faîtes ici?

Le gendarme range son badge et Manir lui répond:

- Nous logeons ici, y'a un problème?
- En bon et depuis quand vous êtes ici?
- Il n'y a pas longtemps, disons... il y'a deux semaines.
- Pourquoi vous portez un masque?
- Je procède à un dépoussiérage de mes bagages, normal que je le porte.

Le gendarme marche un peu dans la salle en regardant partout. Il dit:

- Et cet emballage là-bas qu'est-ce que c'est?
- C'est un colis Monsieur.
- À bon, voyons voir ça.

Manir l'intercepte et dit:

- Non, vous ne pouvez pas.
- Pardon? Vous essayez de m'empêcher de voir ça? Demande le commandant.

Manir traîne un peu sa main droite derrière son pantalon et touche un peu son arme. Il dit:

- Je vous dis que c'est un colis et nous n'avons pas le droit de les ouvrir maintenant.
- Commandant, on nous appelle. Dit un gendarme.
- Nous sommes ici parce que nous entendons que vous parliez fort. Vous dérangez les gens à côté. Dit le commandant à Manir.
- D'accord, je diminuerai le ton de ma voix, si c'est ce que vous souhaitez. Répond Manir.
- Allons-nous-en d’ici. Dit le commandant à ses hommes.

Des que ceux-ci soient loin, Manir dit:

- Dans deux jours, nous procéderons à notre deuxième objectif et tachez cette fois-ci de ne pas me décevoir.

À Bargny,

Dans la ville de Bargny, un homme s'habillant comme un maure pose des barrages et se place au milieu de la route, ce qui empêche les voitures de passer. Il entend des insultes de partout mais refuse de dégager. Un grand embouteillage se crée soudainement dans la ville. Un homme au trottoir crie:

- Renversez ce chrétin.

Un chauffeur descend de sa voiture pour le pousser de force hors de la route. Un policier de la circulation qui était posté non loin de là débarque et marche vers l'homme. Aussitôt ce dernier enlève son grand boubou et on aperçoit dans son corps des bombes attachés les uns aux autres puis un détonateur qu'il tient par sa main droite. Des gens s'écrient, le chauffeur qui voulait le frapper recule puis court en y laissant sa voiture. Le policier s'arrête tout à coup et procède à un appel dans son téléphone radio. Il essaie de le calmer en attendant l'arrivée des renforts. La route se remplit soudainement de personnes postées à soixante dix mètres de l’homme tout en voulant savoir ce qui se passe.

Sept minutes après, des gendarmes arrivent avec un L200 et deux camions. Leur commandant sort du L200 et dit à l'homme:

- Veillez posez votre bombe...

L'homme lui coupe la parole et dit:

- Si vous avancez, je vais appuyer et vous ne serez pas épargné des éclats.

Le commandant avance lentement en lui tendant la main mais l'homme lui crie dessus:

- Avancez encore un pas et j'appuierai sur ce bouton.

Au moment où le commandant parle, un gendarme marche lentement derrière l'homme. Ce dernier sens une présence derrière lui et se retourne. Il est quand même trop tard car le gendarme a déjà plongé sur lui. Ils réussissent à le maitriser. En essayant de le menotter, l'un des gendarmes laisse tomber par maladresse le détonateur. L'homme réussit à le ramasser et appuie sur le bouton.

Panique Au Sénégal: La RésistanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant