Chapitre 10

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L’homme appuie sur le bouton du détonateur. Tous les spectateurs s’écrient. Certains s’élancent au sol. D’autres entrent sous des voitures. Après quelques petites secondes de paniques, rien n’explose. L’homme appuie de nouveaux plusieurs fois la détente mais rien n’explose. Le commandant lui fait une prise qui le renverse et il récupère le détonateur de ses mains. Tous ceux qui étaient couchés se relèvent. Le commandant regarde d’un air menaçant le gendarme qui a laissé tomber le détonateur.

À Keur Massar,

Pendant ce temps, Moustapha s’entraine en frappant des mannequins qu’il a lui-même conçu. Il frappe avec toutes les techniques de coup de pied qu’il connaisse. Héléna est derrière un mur entrain de le regarder. Elle s’approche lentement jusqu’à se positionner à deux mètres de lui.

Moustapha ne l’aperçoit pas. Il est à fond dans son entraînement. Il repense à tous les moments qu’il a vécu ces temps-ci. À chaque pensé, ses coups deviennent plus forts. Il repense à ce que disait le commandant Samb au capitaine Diop, les attaques, les coups de feu, les bombes qu’ils recevaient, la mort de ses frères militaires. Le visage du mannequin commence à se tordre face aux coups de poings de Moustapha. Celui-ci pense toujours en frappant.

Tout revient dans sa tête comme si les actions venaient de se passer. Il repense à ce qu’il a entendu dans le trou venant des deux terroristes et d’un coup sec, il sépare la tête du mannequin de son corps. Héléna est surpris de ce geste, elle le touche par derrière et Moustapha tourne rapidement sa main droite qui bloque celle de Héléna puis le fait retourner pour la tenir au coup.

Héléna s’écrie:

- Hay, laisses moi tu me blesses.
- Héléna ? Dit Moustapha surpris.
- Oui, c’est moi. Répond Héléna.
- Je ne t’ai pas entendu venir. Je suis désolé.
- C’est ça que tu apprends au camp? Demande Héléna.

Moustapha ne dit rien. Il prend son serviette et s’essuie le visage. Héléna le demande:

- Qu’est-ce qu’il y’a Moustapha?
- Est-ce que je t’ai blessé? Demande Moustapha.
- Non mais tu as failli. Répond Héléna.

Moustapha respire profondément, il dit:

- Héléna, nous ne sommes plus en sécurité. Notre pays est en guerre.
- Le Sénégal est toujours en guerre contre son propre peuple ignorant et son gouvernement corrompu. Répond Héléna.
- Je te parle des coups de feu. Dit Moustapha.

- Et moi je te parle de la psychologie. Reprends-toi Moustapha. Je suis sûr que c’est cette attaque que tu as subit qui te fait ça, quand même ressaisis-toi. Tu es un homme Moustapha. Réplique Héléna.

- J’ai peur Héléna. La guerre est de loin ce que je croyais. En regardant les films, on se dit que la guerre n’est rien du tout. C’est juste des échanges de tir comme ça mais il m’a fallu une seule expérience pour que je comprenne. Dans cette attaque, les bombes que lançaient les drones, détruisaient même les bâtiments. À chaque tir, on se demandait si nous sommes la cible. Les coups se rapprochaient de plus en plus. Quand on a touché l’un de mes camarades, une de ses jambes a volé jusque devant moi. Les sénégalais disent toujours « nous n’avons pas peur des terroristes, nos militaires sont forts ». Certes, je ne dis pas le contraire mais ils encouragent le terrorisme. Ils ne respectent aucunes consignes et s’exposent partout. Dit Moustapha tout triste.

- Tout ce que tu dis de nous est vrai. Moustapha, tu viens d’entrer dans un sérieux domaine, bienvenue dans la vie d’un soldat. Répond Héléna.

À la Caserne Samba Diéry Diallo,

À la une du jour, les journaux informent l’arrestation d’un homme suspecté terroriste et qui portait des bombes dans la route de Bargny. Il est actuellement incarcéré dans la caserne Samba Diéry Diallo où il devra être l’objet d’une enquête. Après avoir pris ses photos, empreintes et matériels, on le place dans le bureau d’enquête. Il y est avec le commissaire Faye, le lieutenant Niang et le commandant Sall.

Panique Au Sénégal: La RésistanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant