Chapitre 22

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À Thiès,

Le moment est venu pour Moustapha de se libérer de sa punition. Les quinze jours sont épuisés. Ce jour même, le commandant leur accorde un weekend en famille. Ils pourront enfin retourner chez eux retrouver leurs parents, frères, sœurs et amis. Avant de partir, le commandant appelle Moustapha.
Celui-ci arrive et il lui dit:

- Moustapha, tu as purgé enfin ta punition.
- Oui mon commandant! Répond Moustapha.
- C'était chaud?
- Pas tellement mon commandant!
- Tu es vraiment un dure à cuir toi. Quand même, j'espère que tu ne vas plus te mettre à écouter des conversations qui ne te concernent pas sinon c'est moi qui se chargerais de te massacrer. Dit le commandant.
- D'accord commandant! Répond Moustapha.
- C'est bon, tu peux partir. Et évites de te retrouver seul dans des zones moins peuplées.
- C'est compris mon commandant, merci beaucoup. Dit Moustapha.

Tous les sous-officiers en formation prennent leurs bagages puis se mettent en rang et se dirigent ensemble vers les bus. En montant, Moustapha se rappelle de l'explosion de l'obélisque qui est directement tombé sur le bus qu'il était.

Saliou remarque cette stresse de Moustapha et se met à se moquer de lui sans savoir la cause de celle-ci.

Depuis sa base, Manir reçoit un appel de la part de son commandant placé à Matam. Ce dernier lui revient de la mission qu'il l'avait confié dans la forêt de N'Dioum Dieri.

Il dit:

- Manir, je suis dans la forêt dont vous m'avez parlé. Nous avons pisté les lieux mais nous n'avons trouvé aucun objet des soldats sénégalais qui pourrait nous indiquer quel général était responsable de l'attaque. Par contre, un de nos survivants dit d'avoir reconnu une marque dans le tissu d'un des soldats et c'est exactement pareil à ceux qu'ils voyaient durant l'attaque au camp Thiaroye. Donc, il y'a une forte chance que ce soit le général de ce camp.
- Oui, c'est probablement lui. J'ai bien senti sa soif d'intervention. Vous avez fait un bon boulot commandant. Maintenant, rentrez et essayez de ne pas vous faire remarquer. Dit Manir.

Il raccroche le téléphone et appelle son second. Ce dernier décroche son téléphone et Manir lui demande:

- Où en es-tu ?
- Je suis en chemin, j'arrive. Répond le second.
- Il faut que tu rappliques vite. Je crois savoir qui a envoyé les sept soldats dans la forêt.
- C'est qui ?
- Le général Sow. Dit Manir.
- Tu parles de celui qui est au camp Thiaroye? Demande le second.
- Oui, c'est exactement lui et nous savons déjà qu'il n'a pas agit sur ordre du gouvernement. Si nous ne faisons rien, il pourra nous causer d'autres ennuis. Dit Manir.
- Oui, il doit servir d'exemple à tous ceux qui voudront s'opposer. J'arrive dans une heure. Répond le second.

Ils raccrochent leurs téléphones.

Un débat sur le discours du président est le thème du jour dans l'émission Jakarlo de la TFM (Télévision Futur Média). Des appelles de partout se font dans l'émission permettant aux téléspectateurs de participer aux débats. Beaucoup d'idées y sont survenus. Certains félicitent le courage du président d'avoir osé faire un discours en lieu public dans un moment de guerre où tout acte de l'ennemie pouvait subvenir sans que la sécurité ne puisse le métriser.

Par contre l'un d'eux dit:

- Vous vous contredisez vous-même. Vous l'avez dit n'importe quel acte de terrorisme pouvait se faire sans que la sécurité ne le métrise. Ce que le président a fait est risqué et même s'il ne se soucie pas de sa vie qu'il pense au moins à la foule. C'est comme s'il voulait les sacrifier.

Un homme appelle et appuie les propos de l'homme qui vient de parler en concluant que le président a peut-être des problèmes de psychologies dues aux stresses de la guerre. On évite les rassemblements mais c'est lui qui les organise. Aussi d'autres encore sont avec l'acte du président. Ils disent que c'est normale ce qu'il a fait et il fallait faire ce discours pour rassurer le peuple.

Le débat s'enchaine sur les paroles du président. Certains jugent que ce discours n'a aucun sens. Un téléspectateur qui appelle au téléphone dit:

- C'est honteux, ce que le président a dit est honteux. Tout sénégalais devrait avoir honte de lui. Comment un président d'une nation comme le Sénégal peut privilégier les français sur ses frères sénégalais? Il chante la louange de ces français en disant que c'est à cause d'eux que les terroristes ont reculé et là pour ne pas se faire attaquer il fait semblant de féliciter nos soldats en disant des choses qu'il ne croit même pas. Je vous le dis j'ai honte...

Le signal devient brouillé et oblige les téléspectateurs de raccrocher le téléphone.

Beaucoup d'autres téléspectateurs qui appellent ensuite, appuient les propos de ce dernier. L'un des membres du plateau dit:

- Moi ce qui m'étonne, c'est pourquoi il dit que la guerre est finie. Non, cher sénégalais, réveillez-vous, ne vous laissez pas intimider par ces propos, la guerre est loin d'être finie. La France, sincèrement moi je ne les fais pas confiance...

Quelqu'un lui coupe la parole et dit:

- Mais tu l'as vu à la télé, ils ont combattu avec des terroristes.
L'homme reprend la parole et dit:
- Ça aussi c'est louche. Pourquoi c'est au moment de la visite des médias que l'attaque s'est déroulée? Ce n'est pas du Hasard. La France ne peut pas faire reculer les terroristes, ils n'ont rien de plus que nous. Nous n'avons pas confiance en nous même. C'est ça, c'est la triste réalité. Nous n'avons pas besoin d'eux. Et j'ai peur, je vous le dis j'ai peur que leur présence ici ne soit un atout pour nous.

Le débat prit fin après de longues discussions chaudes à propos de ceux qui étaient avec l'avis du président et d'autres qui ne le sont pas.

Dans la base de Manir,

Manir va voir le professeur et lui dit:

- Professeur, j'ai quelques questions à vous poser.
- Oui! Répond le professeur.
- En quelle bataille Lat Dior a vaincu les français? Qui l'a trahit et pourquoi? Comment son successeur a été tué? Demande Manir.
- Vous me posez ces questions parce que vous avez peur des français. Dit le professeur.
- Je vous pose ces questions pour savoir si vous métrisez votre histoire.
- Je ne sais pas.
- Je m'en doutais professeur. Vous êtes gradés en science mais vous ne savez rien sur vos ancêtres. Dit Manir.
- Si, nous avons appris quelques trucs sur eux pendant notre primaire. Répond le professeur.
- Et qui vous a écrit cette histoire? Les Français ? Avez-vous une fois essayé de savoir votre véritable histoire? Les français vous ont aussi colonisé intellectuellement. Vous n'apprenez que la décolonisation en Afrique, de l'Arabe, la chine communiste aux lycées. Ça n'a rien à voir avec votre propre histoire. Votre hymne national n'a en réalité aucun sens. L'histoire définit un peuple. Etudié votre histoire professeur, c'est un conseil que je vous donne.

Manir s'en va rejoindre son second qui vient d'arriver à la porte. Ce dernier lui donne un sachet et l'un des hommes qui étaient avec lui dépose un carton. Manir dit:

- C'est l'heure d'attaquer à nouveau.

Panique Au Sénégal: La RésistanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant