Sasae

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PDV Sanji

Je restais là au milieu de la pièce, essayant de prendre la mesure de la situation, faisant un réel effort pour me rendre compte de ce que je venait de faire.. Mais mon cerveau ne semblait plus en être capable, comme si à chaque fois qu'une pensée me venait, elle s'envolait avant que j'aie pu la formuler dans mon esprit..

Je n'arrivais pas à penser à ce qui venait de se passer.

Au loin, j'entendais vaguement Zoro me dire de sortir de là.
Je levais la tête vers lui et me dirigea vers la porte. Tout ce que j'arrivais à savoir, c'était qu'il fallait que je parte loin. Loin de tout ça. Et je sentis mes jambes m'emmener vers la porte presque sans que je le décide.

Dans le couloir, hors de vue de cette pièce, je repris mes moyens, mais vis que Zoro prenait la mauvaise direction en tenant Qwan par le bras.

- Attend, dis-je d'une voix lasse, c'est pas par là..

Il s'arrêta à l'autre bout du couloir, surpris, me regardant des ses yeux de mercure. Ils sont tellement étonnants, on a l'impression que c'est du métal liquide.. Je me laisserais bien sombrer dedans...

Il s'approcha et m'attrapa le poignet, me tirant brusquement de ma rêverie.

-Bon alors c'est toi qui va devant avec lui. Pendant ce temps moi je vous couvre.

J'inspirais un bon coup : l'important c'était de sortir d'ici. Pour le reste, ça pouvais attendre.




PDV Zoro

J'espère qu'on va s'en sortir. Depuis que les premières rafales avaient été tirées, toute la maison devait être en ébullition. Il fallait qu'on se tire au plus vite d'ici !

Je voyais Sanji guider devant, tenant fermement le boss pour le faire avancer tout en le protégeant si il y avait des tirs. Je les suivais en surveillant nos arrière, restant aux aguets, sabres en main. La tension était à son plus haut niveau.

A ma droite, j'eus tout juste le temps de voir plusieurs hommes débouler, armés de mitraillettes, prêts à faire feu.

Réagissant rapidement, je les neutralisa en leur laissant de profondes entailles dans les côtes.
Le sang battait à mes tempes et je sentais l'adrénaline m'électrifier jusqu'au bout des ongles.
Nous progressions comme ça encore un moment. À côté, me dis-je, Call of Duty a encore bien des progrès à faire pour paraître réaliste...
A chaque intersection, les sbires du maître des lieux nous tombaient dessus sans prévenir. J'étais de plus en plus à bout de forces..

Puis je pus enfin voir l'escalier par lequel nous étions arrivés tout à l'heure. Rangeant mes armes dans leur fourreau, je pris Qwan par l'autre bras et aida Sanji à le faire courir jusqu'à la voiture.

-Monte avec lui ! Je prends le volant, dis-je en courant ouvrir la portière pour m'installer à la place du conducteur.

Je demarrais le moteur en trombe, vérifiant rapidement qu'ils étaient bien à bord avant d'écraser l'accélérateur dans l'allée de graviers...

Passant les vitesses une à une pour nous échapper au plus vite des alentours, je finis par reprendre ma respiration au bout de quelques kilomètres.

-Bon, on dirait qu'on s'en est sortis, soupirais-je Tout le monde va bien ?
-Oui ça va, me répondit Sanji, le boss n'a rien.

♠ ♠ ♠ ♠ ♠

Une heure plus tard on avait réussi à prendre l'avion pour rentrer à Macao et on était maintenant arrivés à l'hôtel de la Qwan Tao corp. Le boss sortit de la voiture pour rejoindre sa suite, nous libérant pour la soirée à partir de là. Avec toutes les émotions qu'on avait eu dans la journée, il était temps pour nous d'aller se reposer.

À travers le rétroviseur, je regardais Sanji sortir à son tour sans un mot... Je devinais sa peine.

Le regardant s'éloigner, je finis moi aussi par aller garer la voiture avant de rentrer chez moi.

♠ ♠ ♠ ♠ ♠

J'arrivais à mon appartement, garant ma moto en contrebas du petit immeuble. Avant d'ouvrir la porte comme d'habitude, je prenais mes précautions : vérifiant mes dispositifs de sécurité.

D'abord la plaque en métal dans la porte d'entrée, toujours coincée au même niveau. Puis en regardant rapidement si rien n'avait changé dans le salon, je m'approcha de la cuisine, escaladant le plan de travail pour vérifier que le fil tendu sur la porte du placard était toujours intact. Ensuite, je constata sur la table basse que les stylos posés sur mes papiers étaient toujours dans la même position.

Je finis mon inspection habituelle en entrebâillant légèrement la porte de ma chambre. J'y passait mon téléphone à travers pour prendre une photo. Comme je m'y attendais, les dés empilés derrière affichaient la même combinaison qu'à mon départ...

Ça pouvait sembler paranoïaque de prendre autant de précautions du point de vue d'une personne normale. Mais je n'avais rien de normal.
Si quelqu'un mettait la main sur mes dossiers, il aurait non seulement toutes les preuves de mes actions mais aussi l'accès à des informations cruciales sur le clan des Tao. Et en choisissant de mener cette vie, j'avais dû me contraindre à toujours rester sur mes gardes.

Après avoir pris une douche pour enlever le sang qu'il me restait sur la peau, je m'affala sur mon canapé, éreinté.

Je repensais à tout ce qui s'était passé aujourd'hui : d'abord les coups d'oeil insistants de Sanji...

Pourquoi il avait pas arrêté de me regarder comme ça ? Qu'est-ce que je devais en penser ? Est-ce que c'était pour me faire comprendre qu'il m'en voulait encore, ou pour se moquer de moi en faisant mine de me reluquer de haut en bas ? Ou peut-être encore autre chose...

Non. Arrête de te faire des idées. S'il était vraiment gay, il aurait pas réagi comme ça après que l'aie embrassé.. Sur le moment c'était clairement de la pitié mais j'ai bien vu après qu'il regrettait : il m'a pas décroché un mot..

Mais je pensais aussi à ce qui s'était passé ensuite dans l'après midi..

Depuis que je l'entraîne, je sais que Sanji n'est pas comme moi. Il a des principes, et même s'il essaye de les refouler pour faire partie de l'organisation, j'ai bien vu sa réaction quand Qwan lui a ordonné de tirer. Je savais qu'il n'était pas encore prêt pour ça. Moi même, quand j'ai tué quelqu'un pour la première fois, j'en ai tremblé pendant des heures et je me suis enfui de chez les Tao pendant une semaine..

Encore aujourd'hui, même si je l'ai refait de nombreuses fois, je ne m'y suis jamais habitué.. Prendre une vie humaine n'est pas un jeu.

À l'heure qu'il est il doit être en train de se détester. Rien que de l'imaginer pleurer, je sentais ma poitrine se serrer.

J'aimerais être avec lui, pour lui dire que ça va passer, que de toute façon ce gars était une ordure.. Que ce n'était pas vraiment de sa faute, Qwan l'aurait tué de toute manière, avec ou sans lui...

Et moi ? Est-ce que c'est ça que je me dis inconsciemment pour me justifier de mes missions ?

N'ayant pas la réponse à cette question, je me releva péniblement. Une foule de pensées se bousculait dans ma tête.

Je me dirigea vers la cuisine pour me trouver quelque chose à manger. Ouvrant mon frigo, je pu constater qu'il n'y avait pas grand chose... Encore une fois. Je n'étais pas très doué pour la cuisine. Ah si Sanji voyais ça...

Pff même en ouvrant mon frigo j'en arrive encore à penser à lui. L'oublier va décidément être plus difficile que je le croyais.. Je refermais la porte par dépit, ça m'avait coupé l'appétit de penser à ça.

Mais plus la soirée passait et plus je pensais au sourcil en vrille. Il doit être au fond du fond en ce moment... Soupirant je décidais d'aller me faire une bonne séance de sport pour me libérer l'esprit.

♠ ♠ ♠ ♠ ♠

Au bout d'une demi-heure j'abandonna l'idée, ça stimulait encore plus mes méninges. Rien à faire, je n'arrivais pas à m'en défaire, posant les haltères sur le sol.

Je peux pas, je peux pas le laisser dans cet état...

Résolu, je filais prendre une douche avant d'attraper mon blouson de moto au vol en quittant l'appartement.




Une seconde d'hésitation {TERMINÉ}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant