Hitojichi

225 25 19
                                    

Pdv Zoro 

Dap ! ...

Ou est-ce qu'elle peut bien être là maintenant ? ... Dans un avion au dessus de l'océan ?  

Dap ! ... 

Dans un bus déprimant à l'aéroport ?

Dap ! ...

Ou encore dans une chambre qu'elle ne connait pas ?   

Le manche rêche du couteau m'effleura une nouvelle fois la paume de la main avant qu'il ne soit envoyé en un sifflement vers sa cible. Face à moi, la planche en bois criblée d'impacts était transpercée de 4 lames argentées. 

Pff.. quoi qu'il en soit pour Lily, mon lancer c'est plus ce que c'était.. Avant je m'écartais jamais d'un centimètre du centre et là... Là c'est à peine si j'arrive à prédire là où il va se planter.. 

Pitoyable

Est-ce que je suis plus capable d'être celui que j'étais avant ? Du temps où n'importe quel clan se serait arraché mes services ? Ce temps où je n'avais même pas à aller jusqu'à sortir une arme mais seulement regarder quelqu'un dans les yeux pour me faire craindre ? 

Mmmm... penser à tout ça ne me réjouissait pas tellement. M'affaiblir et devenir aussi vulnérable que "monsieur tout le monde", sans compter le fait de ne plus être capable de protéger qui que ce soit.. Ça c'était bien la pire chose qui pouvait m'arriver à la longue : que le temps et la routine ici m'usent un peu comme l'eau sur un rocher, progressivement. Faiblement, sans que je m'en rende compte, mais jusqu'à ce que finalement il ne reste plus rien de mes capacités d'avant. Seulement.... 

Mon regard se posa sur la bague or à mon doigt. J'ai promis. Et je ne le regrette pas une seule seconde ! au contraire c'est bien le seul truc pour lequel je suis prêt à changer qui je suis... 

Sans m'en apercevoir, je lachai un nouveau soupir : il fallait se rendre à l'évidence, je ne pouvait pas être tout en même temps... 

Un claquement de porte sur ma gauche me fit tendre l'oreille.

-Oï souria-t-il, je suis rentré. 

-Je vois ça...

Il alla poser ses affaires et des sacs chargés de courses dans la cuisine. 

Toujours morose et gavé par la mélancolie depuis ce matin, je retournai chercher les 4 couteaux fichés dans la cible contre le mur du salon. Au moins ça me détendais... 

Je relançais le premier, puis le 2e sans vraiment y penser, répétant inlassablement le même geste travaillé des centaines de fois, incroyablement blasé de ne rien avoir de plus à faire pour me rassurer par rapport à ma fille perdue à l'autre bout du monde. 

Puis quelque chose me fit frissonner. Le bout de ses doigts fins passèrent de mes flancs à mes abdominaux pour m'enserrer lentement. Il se cala contre moi. Je sentais sa poitrine se soulever contre mon dos au rythme de son souffle.

Tout s'arrêta.

Je n'ai jamais rien connu qui me calme plus que quand il fait ça. C'est radical.
J'ai l'impression d'être tombé dans une autre dimension, hors de tout sauf de ce souffle régulier et calme.

-Elle va revenir.. t'en fait pas murmura-t-il contre mon oreille. Rien qu'avec tout l'amour que tu lui envoies à l'autre bout du monde, y a rien qui peut l'atteindre à moins de 3 mètres c'est sûr...
-Tch...

C'est fou : même sans rien dire il sait pourquoi je tire la tronche et comment faire pour me calmer. D'ailleurs s'il était pas arrivé, je pense que j'aurais déjà défoncé cette planche et balancé les débris par la fenêtre du 5e étage...

Une seconde d'hésitation {TERMINÉ}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant