Shimei

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Il venait de recevoir son ordre de mission et décida de se faire une idée le soir même de sa cible. Qwan n'avait pas encore précisé la durée de la surveillance de la "cible" ni la date du "tir". Il avait donc le temps de mettre les choses en place. Mais inactif depuis trop longtemps, il avait hâte de ressentir l'adrénaline..

PDV Zoro

J'arrivais aux abords du quartier de Nam Van. C'était essentiellement un empilement de taudis défraîchis, de draps colorés pendant aux fenêtres et de multiples inscriptions en mandarin. Malgré la pauvreté qu'il suggérait, ce décor me mettait plus à l'aise. Au moins ici, on sentait qu'il y avait une agitation, une vie... J'étais aussi plus libre de grimper à cette corniche au coin de la rue sans être vu.
Assurant ma prise, je m'aidais d'une gouttière un peu bancale pour grimper. Poussant sur mes chevilles d'un rapide mouvement, je parvins à atteindre le rebord d'une fenêtre avant de m'élancer plus haut pour atterrir sur une plateforme en béton qui surplombait la rue...
Je continuais mon chemin en slalomant entre les cheminées et les tuiles, gardant toujours un oeil sur mon portable pour ne pas me perdre.

Arrivé au 198, je remarquai qu'il s'agissait d'un restaurant. Je fis donc le tour pour m'installer sur un toit où j'avais une vue directe sur la porte de service. Me calant le dos contre une cheminée, j'attendis là tout l'après-midi, puis toute la soirée...

Quelques heures plus tard, la tête posée dans mes bras, je vis les premiers employés quitter les lieux.. Je m'appliquai à bien mémoriser chaque silhouette et leurs noms (qu'ils m'indiquaient involontairement en se souhaitant une bonne soirée...) Trois hommes et une femme. C'était bon pour moi... Je n'aurai aucun mal à remplir ma mission l'heure venue, avec une équipe si peu nombreuse. Après 15 min, alors que je m'étais à nouveau laissé aller contre le toit de tuiles inconfortables, je sursautai d'un coup. Un homme venait de sortir en furie dans la rue, en insultant la terre entière. Ça devenait intéressant...

Mais à y regarder de plus près, j'eus une drôle d'impression, comme si je pouvais reconnaître ce type.. Cheveux blonds, plutôt mince... et c'est tout ce que je réussi à distinguer depuis mon perchoir.

Mais je n'arrivais pas à me défaire de l'idée que j'avais déjà vu ce type quelque part...

Peu après, je vis enfin ma cible pour la première fois. Il était plutôt imposant, autour de la soixantaine, une longue moustache tressée. Et alors qu'il fermait sa boutique, je pus distinguer qu'il boitait à sa jambe droite. En remontant la rue, je réussi même à apercevoir une jambe en bois sous l'ourlet de son pantalon. Cette vue me choquait : qu'avec les moyens dont on disposait aujourd'hui, il restait encore des gens avec des soins médicaux si rudimentaires...
Mais c'est pas mon problème.

Je continua à le suivre discrètement jusqu'à chez lui. Tantôt sur les toits, tantôt dans la rue loin derrière. Nous arrivâmes bientôt dans une petite ruelle, comme tant d'autres à Macao, tout aussi délabrée que celle du restaurant.

Voyant qu'il entrait dans un des immeubles miteux, je continuais mon chemin dans la rue principale, avant de monter sur un autre toit pour rejoindre celui des appartements en face et avoir une vue directe sur lui.

L'homme habitait bel et bien ici. Je restais donc toute la nuit pour repérer ses habitudes et mieux le cerner. Au bout de deux heures, voyant qu'il ne faisait rien d'autre que dormir, je décidai de mieux me renseigner sur la situation de cet homme. Sortant mon téléphone, je fis des recherches sur ma cible, son passé, son empreinte Web, ses comptes bancaires, etc... J'alla aussi faire un tour dans les archives de la police. Grâce aux relations de Qwan, j'y avais accès sans problème...

Après avoir lu les rapports de police sur l'affaire liée au maire, je pus mieux discerner la situation qui le reliait à Zeff Nintoku.

Zeff était le frère de la femme du maire, Lili. C'était une sombre histoire, pas étonnant que le maire veuille l'étouffer. En lisant la déposition de Zeff à ce sujet, il racontait que sa sœur Lili était battu par son mari. Une fois elle était venue le voir, très agitée... Elle lui avait tout raconté. A bout de forces face aux violences de son époux, elle avait tenté de mettre fin à ses jours en se jetant d'un pont. Une mort rapide.. mais avant de sauter, elle avait été interpellé in extremis et un homme était venu à son secours.

Une seconde d'hésitation {TERMINÉ}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant