Kiken

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PDV Sanji

En débarquant du bus sur le trottoir, je pris un moment pour moi, prenant une grande inspiration.

Après avoir passé les 12 dernières heures d'avion à ruminer ma peine, mon chagrin et ma colère, j'avais besoin de refouler tout ça dans un coin inaccessible de mon esprit pour être enfin tranquille.

Ça y est : Paris.

J'arrive pas à croire que cette nouvelle vie démarre. Paris... Capitale du pays le plus connu pour sa gastronomie. Paris.. Ville de l'amour aussi.. me dis-je en mon for intérieur avec une pointe de fierté. Ici j'étais dans mon élément. Qu'il puisse exister un tel pays alliant cuisine et galanterie... C'était sûrement ça qu'on appelait le paradis. Un sourire bête ne quittait plus mon visage, alors que j'observais tout ce qu'il y avait autour de moi. Les gens vont me prendre pour un dingue si je retire pas cet air niais incontrôlable..

Mais en même temps... Je me sens si bien ici ! J'ai l'impression d'être sur un nuage bien cotonneux et confortable.. Rien a voir avec cette ville de corruption, de violence et de pauvreté dont je viens. Ici les gens semblent... Acceuillants. Polis. Distingués.

Et à mon grand réjouissement, je pus même constater que plusieurs hommes dans la rue étaient vêtus en costume tout comme moi.

Ahhh.. Paris.
Finissant de m'arracher à ma rêverie, je sortis le plan que Qwan m'avait donné à mon départ, de la part de mon nouveau patron, un certain Mr. De la Villardière. Rien que ce nom... Honnêtement ces français savent vraiment ce que c'est que avoir la classe.

Je mis un moment pour trouver mon nouvel appartement dans cette immense métropole. Demandant mon chemin en anglais. Au détour d'une rue, une charmante demoiselle blonde au sourire d'ange m'indiqua avec une infinie bienveillance comment m'y rendre.

- Vous visitez Paris ?
-Oh... Euh non je ne suis pas un touriste ! dis-je maladroitement en me passant une main sur le crâne. Je viens d'arriver ici pour mon nouveau travail. Je suis cuisinier.
-Ah ! ria-t-elle avec charme, vous allez vous plaire ici alors.. Ça vous ennuie si je vous accompagne un bout de chemin ? Je vais dans la même direction

Mon cerveau eut l'impression d'exploser à cette remarque et je ne pus m'empêcher de faire un tour sur moi même tant l'excitation était grande. Whaaa !!

- M'ennuyer de la compagnie d'une lady telle que vous.. Mais ça cela mériterait une peine de mort rien que d'y penser !

Elle gloussa en m'invitant à la suivre.

Cette ville... J'inspirais un grand coup en prenant mes valises. Il me fallait au moins ça pour démarrer une nouvelle vie..
Tout laisser derrière moi.

♠ ♠ ♠ ♠ ♠

Enfin arrivé je préparais sereinement mon petit déjeuner dans la cuisine ouverte de mon salon, admirant mes nouveaux quartiers. Ce Monsieur De la Villardière ne s'était pas moqué de moi..
C'était un appartement assez spacieux, lumineux avec des grandes fenêtres en verrière, entourées de fer forgé. De là j'avais une vue imprenable sur l'opéra.

J'ai hâte de voir ce que ça donne la nuit !

À côté, un canapé design à l'air très confortable meublait la pièce d'une manière chic : parfait pour bouquiner mes livres de cuisine. Et j'ai même une très longue jardinière qui borde les larges fenêtres, idéale pour des plantes aromatiques. Il faudra aussi que je pense à me présenter à mes nouveaux voisins..
Mais étrangement, même si cet appartement était sans doute celui de mes rêves, ça me faisait un peu penser au loft de Zoro...

Un pincement au cœur me dissuada de poursuivre toute comparaison.

-Sanji... On a dit tout laisser derrière me sermonnais-je à voix haute.

Pense à ta journée ! C'est la première fois que tu va cuisiner dans un restaurant fran-çais ! Il y a bien mieux à penser...
Ah oui tiens ? J'y ai même pas réfléchi avant... mais j'espère qu'ils parlent anglais ! Même si j'ai deux ou trois mots de vocabulaire : armée de l'air, haché, joue, flambage, collier, épaule, côtelettes, poitrine, gigot, basse côte, mouton, tendron, veau, concassé, etc etc
J'espère qu'ils vont me comprendre. Et à cette idée j'appréhendais un peu ce premier jour..

La dernière fois, ça ne s'était pas très bien passé.

D'autant plus que l'autre tête d'algues n'est plus là pour me sortir du pétrin...

-Rhaa mais c'est pas vrai, il faut vraiment que j'arrête avec ça !

♠ ♠ ♠ ♠ ♠

PDV Zoro

Enfin, le jour du combat était arrivé.

Trois semaines s'étaient écoulées depuis... Depuis que Sanji ne répond plus à mes messages, ni a mes appels. Il faut que j'arrête de me faire des illusions !  il ne reviendra pas... C'est terminé.
Un rire aigu me sortit de ces pensées, ramenant le présent à mes yeux.

Tout le quartier était venu assister au combat. Les deux chefs des clans Tao et Mihawk, respectivement considérés comme les plus notables mafieux de toute l'Asie du sud-est, siégeaient côté à côte, tels deux empereurs attendant le sacrifice qui leur était offert.

Devant eux, le ring était installé au milieu d'une cour intérieure, entourée de vieilles maisons enclavées, au centre de ce quartier pauvre où plus aucune loi ne régnait, sinon celles de la mafia.

La rencontre avait lieu en territoire neutre. Autour, les gens entassés venaient fêter l'événement et prendre les paris sur le vainqueur. Tous attendaient ce spectacle avec impatience.

Autour de moi, l'ambiance était enflammée. Mais pesante. L'adrénaline de la circonstance à venir excitait la foule au plus haut point. Deux clans aux rivalités millénaires s'affrontaient aujourd'hui.
Il ne fallait pas prendre cela à la légère.

Et c'est moi qu'on avait choisi pour ça.

La pression sur mes épaules me serrait un peu les entrailles, me motivant encore plus à commencer le combat pour vivre l'enjeu.

Situé à l'écart des spectateurs, au pied de la scène, je fis quelques enchaînements d'épaule rapides, tel un boxeur. Mais contrairement à ce qu'on voit dans les films ou les bagarres entre caïds de quartier, ce n'était ni pour me vanter auprès des supporters en faisant des gestes inutiles et superflus, ni pour intimider mon adversaire. Être un simple dur à cuire n'était pas suffisant, je me devais de savoir rester maître de moi et d'utiliser chaque parcelle d'énergie de la façon la plus rentable. Sans cette rigueur, je n'aurais pas une chance sur ce ring... Personne ne s'y tromperait.

Frappant dans le vide, je visualisais chaque parade, focalisant à la fois mon esprit et préparant mes muscles à être vifs.

Au bout d'un moment, Rayleigh s'approcha de moi avec une bouteille d'eau, me souhaitant bonne chance pour le match. Il continua à me parler, sûrement pour m'encourager ou me donner deux-trois conseils. Mais je n'écoutais pas. Mon esprit était entièrement dévoué à rester dans sa préparation, prêt à ce qui m'attendait dans quelques minutes. Maître de moi.

Aussi, j'entendis à peine un *bonne chance* de sa part quand il me claqua l'épaule pour rejoindre le boss en spectateur.

Je leva justement les yeux vers celui pour qui j'acceptais ce duel à mort. Celui qui me demandait maintenant de défendre ma vie pour servir ses intérêts dans le jeu de pouvoir dont il était maître...

Mais à ce moment là, je fus étonné de voir que son opposant lui parlait à voix basse. J'aurais crû que ces deux là se détestaient profondément...

Puis Qwan me dévisagea, d'un air étrange. Avant de se pencher pour chuchoter quelque chose à l'oreille de son rival.
Ce regard me perturba un peu dans ma concentration. De toute évidence, ils parlaient de moi..

N'ayant vraiment aucune idée de ce qu'ils pouvaient bien me vouloir, je repris mon échauffement final. Je ne dois pas me laisser déconcentrer, seul l'affrontement importe. Rien d'autre.

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Une seconde d'hésitation {TERMINÉ}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant