Kyōhaku

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PDV Zoro

Je regardais le blond s'éloigner dans une berline noire pour retourner prendre son service à l'hôtel. Je ne lui avait pas décroché un mot depuis la fin de l'entraînement...
Toujours dans mes pensées, je pris mon casque et mit le contact sur ma moto. Qwan m'avait donné rendez-vous dans une heure pour faire mon rapport. Le jour se levait peu à peu sur Macao...

Roulant à toute allure dans les rues, je ne pouvais m'empêcher de me repasser en tête tout l'entraînement avec Sanji. *Qui te dit que c'est une fille ?* revoyant son sourire, je ne pus m'empêcher de sourire moi aussi dans mon casque, quel con... Il m'a bien eu. Tout le long du trajet, je ne pouvais m'empêcher de penser au blond, faisant à peine attention à la circulation. Cette impression me perturbait au plus haut point, je ne savais pas quoi en faire...

Mais alors que je continuais mon chemin toujours dans mes pensées, j'eus une révélation, je fis un violent écart, qui failli me faire percuter la voiture sur ma gauche... Retrouvant mon équilibre, je m'arrêtais au carrefour.

Ça y est je me souviens... Je sais d'où je connais Sanji.

La première fois que je l'avais vu : il était nettement moins à son avantage...

♠ ♠ ♠ ♠ ♠

Avec Perona et deux autres orphelins comme moi, on venait de piquer de la nourriture dans un magasin, en s'enfuyant à toute allure, poursuivis par le caissier..
Je ne me souviens plus très bien comment on l'avait semé, mais nous étions allés dans les quartiers riches pour manger notre butin.. On y allait souvent, pour observer les belles maisons la nuit tombée ou les gens si bien habillés qui passaient. Ils nous faisaient tellement rêver... On voulait être comme eux plus tard.
Avec les autres on avait encore débattu sur nos parents cette nuit là : se plaignant encore une fois de ne pas avoir pu les connaître, parfois en les insultant, se demandant comment des parents pouvaient être aussi horribles pour pouvoir abandonner leurs enfants..
Et puis tout d'un coup, on avait entendu du bruit derrière l'une des maisons du boulevard. Là, on avait vu trois garçons vêtus comme des petits princes, balancer quelque chose depuis la porte.
Et puis après un moment, on avait entendus les pleurs et les cris : « - Père ! Pourquoi ?!! Pourquoi vous les laisser faire ?! Niji... Ichiji... dites moi ce que j'ai fait ?? Yonji s'il te plaît.. implorait-il, puis il hurla dans toute la rue : De toute façon vous serez jamais mes frères!! »
Contemplant la scène depuis le trottoir d'en face, on avait pas osé allé le voir... Aujourd'hui j'ai honte..
Ses frères semblaient avoir battu le garçon à mort avant de le jeter dans les ordures...
Après ça, on ne s'est plus jamais plaints de ne pas avoir de famille ..



PDV Sanji

Retournant à mon travail après l'entrainement de ce matin, je découvrais certains cuisiniers déjà occupés à leurs tâches. Je n'osa pas entrer en contact avec eux..., je regardais les menus du jour et  m'installa devant les fourneaux, essayant de ne pas attirer l'attention. Même si depuis mon fameux premier jour, mes collègues n'avaient pas daigné m'embêter une nouvelle fois, j'essayais d'appliquer les conseils de Zoro. J'essayais d'être plus sûr de moi en leur présence, d'être calme mais pour autant sans me montrer renfermé et discret comme avant. Cependant, ce jour-là, un peu avant la pause de 10h, je vis que mon collègue de droite ne cessait de me jeter des coups d'oeil, l'air provoquant.

A tout les coup il me cherche, ça fait 5 min maintenant qu'il arrête pas.. Lui ça doit être un 2 ou peut-être un 3 (parce qu'il a l'air bien nerveux quand même là..) Le problème, c'est que si c'est bien un 3, Zoro m'a dit de l'ignorer, alors que pour un 2, il faut plutôt que je lui fasse comprendre qui je suis... Pff c'est dur quand même. Bon je vais faire ce que je sais le mieux : ouvrir ma gueule...

-Je t'ai tapé dans l'oeil ? lui demandais-je avec défi
-Hein ? Il sembla pris au dépourvu, t'es malade, non je regarde juste comment tu fais tout foirer... C'est pas plutôt toi qui couche avec Roronoa?
-Ouaip ça m'étonnerait pas ça Marco.. renchérit le chef, croisant ses gros bras sur sa poitrine. C'est pour ça qu'il te protège l'autre ?

Encore eux..., ils veulent vraiment ma tête ces deux-là.. Ne répondant pas à leur affront, l'un des deux vint s'accouder contre l'angle de mon plan de travail, d'un air menaçant. Ok les gars, si vous voulez jouer, pas de soucis on va voir si vous êtes des bons parieurs...

-Tu lui fais des bonnes pipes c'est ça ? me demanda-t-il
-Non, dis-je en souriant volontairement, il me montre juste deux ou trois trucs...  restant toujours concentré sur ma planche à découper
-Ah mais c'est du sérieux alors... T'es vraiment une pute du coup ?
- Non pas " ce genre" de trucs, je lui ai demandé si il pouvait me montrer comment se servir d'un katana, parce que pour le moment je sais me débrouiller qu'avec un couteau, malheureusement...
-...

Au vu de la réputation de Zoro, je pouvais très bien imaginer combien il avait peur que je m'inititie à "son art". Mais je n'allais pas m'arrêter sur un si belle lancée...

-Ouais et puis il me donne deux-trois trucs pour gérer un peu mes émotions aussi, j'ai tendance à être un peu colérique parfois... À mon ancien boulot par exemple,  je me retournais pour le regarder avec un sourire faussement jovial, vous savez je vous en ai parlé quand je suis arrivé, le Baratie ! ... Je laissais un blanc de suspense
-Et ben quoi ton ancien boulot ?
-Le chef est mort dis-je froidement avec un sourire factice en coin, il y a pas longtemps.

Ils ne bougeaient plus, et semblaient me regarder sous un autre jour, ça y est je les tenais...
Zeff je suis désolé d'utiliser ta mort comme ça, mais même si tu es loin désormais, tu sembles vouloir continuer à me protéger visiblement...

Reprenant innocemment mon occupation, comme si je ne venais pas d'insinuer que j'avais tué mon ancien patron, je retournais un peu plus le couteau dans la plaie :

-C'est marrant d'ailleurs, fit-je avec un air ironique, c'était pas longtemps après qu'il m'aie viré.

Le chef se redressa, lâchant l'étagère où il était posé, et repartit sans un mot...
Je le regardais regagner son poste de travail, visiblement encore sous le choc.. Cela me fit sourire..

Zoro avait raison et venait encore une fois de me sauver la mise....





Une seconde d'hésitation {TERMINÉ}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant