Chapitre 17 ~ Scott

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Retour au présent

Je ralentis un peu plus en arrivant dans leur quartier. Les immeubles de grand standing s'élèvent devant moi. Toute cette richesse exhibée me donnerait presque la nausée. Et dire que j'ai annulé un après-midi avec Jared et Tessa pour ça...

Tout le long du chemin, je n'ai fait que ruminer à propos de ce déjeuner avec ma mère et son copain. Elle a appelé sur le fixe ce matin et j'ai décroché sans vraiment réfléchir. Grossière erreur. Elle a immédiatement été folle de joie en entendant ma voix, tandis que moi je regrettais amèrement d'avoir réagi à la sonnerie du téléphone. Ça fait trois mois que je suis rentré et je ne l'ai pas vu depuis deux mois. En même temps, ce n'est pas comme si j'en avais vraiment envie...

Elle m'a donc proposé une énième fois de venir passer l'après-midi chez eux. J'ai été tenté de refuser, mais mon père qui passait par là a tout entendu et s'est empressé d'accepter à ma place. Je me suis emporté contre lui dès que ma mère a raccroché. Après plusieurs minutes de négociation, j'ai réussi à obtenir le droit de rester uniquement pour le déjeuner avec une clause facultative "si ce n'est plus" ajoutée par mon père dans le cas où je me prendrais un poteau en pleine face et que je me réveillerais avec la miraculeuse envie de rester un peu plus longtemps avec ma mère que je ne voudrais.

J'essaie de chasser ces pensées négatives de mon esprit et de les remplacer par quelque chose de plus doux. Le visage d'Ava apparaît alors. Parfait. Le souvenir du déjeuner de la semaine dernière me revient en mémoire. J'ai été très surpris d'apprendre qu'elle venait manger chez nous, surtout après m'avoir sorti qu'elle ne m'approcherait plus. Etonnamment, elle ne semblait plus m'en vouloir et avait même l'air d'essayer de se rapprocher de moi.

Elle a d'ailleurs trouvé le trèfle dans ma chambre. Je ne pensais pas qu'elle irait directement farfouiller dans ma bibliothèque. En même temps, c'était idiot de ma part de sous-estimer sa curiosité, mais surtout d'avoir mis ce trèfle dans son livre préféré. J'étais tellement gêné et pourtant, c'est comme si une part de moi souhaitait qu'elle le découvre.

Pendant le déjeuner, Ava gardait une certaine réserve, probablement parce que mon père prenait beaucoup la parole. Je ne l'avais jamais vu aussi enthousiaste d'ailleurs. C'est comme si tous ses problèmes de ces dernières années s'étaient envolés d'un coup. J'ai retrouvé le temps de quelques heures le père que j'aime. Depuis le début de la journée, il n'arrêtait pas de s'impatienter à l'idée de la venue d'Ava, en insistant notamment sur le fait que ça me ferait plaisir de la revoir, alors que je n'avais absolument rien dit qui allait dans ce sens. Il n'a même pas bu une seule goutte d'alcool de la journée.

J'étais heureux de le voir ainsi, souriant et plaisantant comme un enfant. Même s'il est revenu à son quotidien d'une dizaine de bouteilles par jour, j'ai l'impression qu'il est moins morose qu'avant en ce moment. Et tout ça, c'est grâce à Ava. Mon père m'a raconté qu'il l'avait revu à la librairie où il travaille. Elle venait acheter un livre pour la fac apparemment et il s'est empressé de l'inviter. Et je suis bien content qu'il l'ait fait. J'ai pu la revoir, vérifier qu'elle ne me détestait pas.

C'est fou comme elle a changé, en bien je veux dire. En presque un mois et demi, je l'ai redécouverte. Elle dégage à présent une assurance et une douceur que je ne lui connaissais pas. J'ai bien failli craquer, surtout quand je me suis retrouvé près d'elle. J'ai vraiment dû prendre sur moi pour ne pas me jeter sur ses lèvres. L'insouciance de ce moment dans la cuisine m'a rappelé tous ces instants de notre passé où rien n'avait d'importance à part nous deux.

Et c'est en partie pour ça que je n'ai pas su quoi répliquer lorsqu'elle m'a dit qu'elle n'abandonnerait pas l'idée de me comprendre. Je me battais contre moi-même à ce moment-là. Je devais lui répéter de rester loin de moi, de ne pas essayer de savoir ce qu'il m'était arrivé depuis notre séparation... pourtant, quelque chose m'en a empêché.

Juste comme avantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant