Chapitre 18 ~ Scott

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Sept ans plus tôt

Ava a déménagé depuis deux mois. Avec Scott, ils s'appellent beaucoup et s'envoient des messages tous les jours, mais se manquent terriblement l'un à l'autre. La rentrée en 3e pour chacun d'eux risque d'ailleurs de perturber le couple et de leur faire soudain prendre conscience de la distance qui les sépare...

Deux mois. Voilà deux mois qu'Ava est partie, que je ne côtoie plus son sourire chaque jour, que je ne caresse plus tendrement sa joue, que je n'embrasse plus ses lèvres... Elle me manque, alors j'essaie de compenser son absence en lui envoyant des messages ou en l'appelant dès que je peux. Avec la reprise des cours depuis septembre, on commence tous les deux à avoir moins de temps à cause des cours. Mais pour l'instant, on tient. On s'envoie des banalités la plupart du temps, mais qui nous font bien rire quand même.

La dernière en date remonte à ce matin justement. Ava m'a envoyé la photo d'un pigeon à la patte manquante. J'ai émis l'hypothèse qu'il s'était battu contre un autre pigeon pour un bout de pain, tandis qu'Ava a défendu l'idée qu'il avait fait la guerre en bon soldat pigeon pour défendre l'avenir de ses petits contre des corbeaux et qu'il avait bien évidemment gagné, même s'il avait perdu sa patte durant la bataille. Son hypothèse était tellement originale et recherchée que j'ai éclaté de rire en arrivant devant le collège, avant de l'approuver. Cette distance est dure à supporter, mais je suis prêt à faire tous les efforts nécessaires pour faire tenir notre relation.

Les élèves de mon collège sont au courant qu'Ava a déménagé et aucun ne croit vraiment en cette relation à distance. Ils savent que nous faisons beaucoup d'efforts et nous en félicitent d'ailleurs, mais pour eux, on finira tous les deux par souffrir. J'ai bien conscience qu'on est plus matures que ceux de notre âge, qu'en général, ce genre de relation ne tient pas, mais je tiens trop à Ava pour risquer de la perdre de cette façon. Se séparer alors qu'on s'aime encore est vraiment la pire des choses et je refuse que ça nous arrive.

Evidemment, je ne peux pas dire que je ne suis pas triste de ne plus l'avoir constamment à mes côtés. Je crois que ce qui me manque le plus, ce sont nos longues discussions sous notre arbre. Nous y allions souvent, surtout quand il faisait beau comme aujourd'hui, après les cours pour parler de tout et de rien avant de rentrer chez nous. Mais maintenant, quand je rentre tôt du collège, je n'ai personne à raccompagner, personne avec qui discuter longuement. Alors je rentre directement chez moi et envoie des messages à celle qui aurait dû être là.

Une des principales raisons pour lesquelles je tardais souvent à rentrer chez moi, c'est parce que je n'avais personne qui m'attendait à la maison. Mes parents travaillent souvent jusqu'à tard le soir. Mon père parce que c'est un passionné de littérature et ma mère parce qu'elle a beaucoup de dossiers à gérer dans l'entreprise où elle bosse. Il m'arrivait même parfois de rentrer après eux, parce que j'étais avec Ava. Alors, depuis son départ, je retrouve la solitude de mon appartement, le temps que mes parents arrivent.

Le tintement de l'ascenseur me fait subitement redescendre sur Terre. Je me dirige jusqu'à mon appartement et ouvre la porte. Je me fige à l'entrée en voyant toutes les lumières allumées. Il n'y a jamais personne à cette heure d'habitude, c'est bizarre... Quand j'avance vers la table de la salle à manger, la présence de deux verres me sautent aux yeux. Qu'est-ce qu'ils font là ? Je dépose mon sac près du canapé et fais le tour de l'appartement à la recherche de mes parents. Des bruits étouffés me parviennent de leur chambre. Je m'avance discrètement, jusqu'à la porte qui n'est pas du tout fermée et m'arrête à l'entrée de la pièce.

La scène que j'ai sous les yeux me laisse sans voix. Ma mère et un autre homme sont enfouis sous les couvertures, allongés l'un contre l'autre, avec un tas de vêtements au pied du lit. La tête de ma mère repose sur le torse de l'homme qui lui souffle des mots à l'oreille qui la font sourire. Sauf que ce n'est pas n'importe quel homme, non. C'est Carl, le meilleur ami de mon père. Celui qui vient prendre l'apéro tous les samedis chez nous, qui me parle constamment de ses innombrables voyages et qui n'a cessé de m'impressionner depuis ma plus tendre enfance en ayant une relation fraternelle si forte avec mon père alors qu'aucun lien de sang ne les unit.

Juste comme avantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant