Chapitre 36 ~ Scott

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« Bon, il va falloir que j'y aille. »

      J'acquiesce et la regarde partir après m'avoir adressé un dernier sourire. Ses cheveux châtains se soulèvent dans l'élan et je fixe ce mouvement en me repassant son visage en tête. Ava. Ava... J'ai beau me le répéter encore et encore, rien ne me vient en pensant à ce prénom. Encore une nouvelle personne que je ne reconnais pas, ça va vraiment devenir une habitude.

      Depuis que je me suis réveillé, je vois les personnes défiler dans ma chambre sans arrêt. On m'a dit que j'avais eu un accident de voiture et que je suis resté dans le coma pendant six jours. Je suis chanceux selon le médecin, mais honnêtement, je ne suis pas sûr de vraiment l'être, vu que je ne me rappelle plus de rien. J'ai même oublié comment je m'appelais, il faut le faire quand même.

Sortir du coma, c'était comme... se réveiller d'un long sommeil. J'avais les paupières lourdes et la gorge sèche, sans la moindre idée de ce que je faisais là. Un homme était endormi sur une chaise à côté de mon lit. En se réveillant, il a eu l'air d'être la personne la plus heureuse de la Terre, alors que la seule chose qui me préoccupait, c'était de savoir ce que je faisais dans un lit d'hôpital à côté d'un inconnu. J'ai bien vu que ça lui a fait de la peine de me voir lui demander qui il était, mais il fallait se rendre à l'évidence, je n'avais pas la moindre idée de son identité. Et cette situation s'est reproduite avec les autres, même si ça a été plus évident de reconnaître ma mère par exemple. En même temps, je devais forcément en avoir une.

      Pourtant, sans que je comprenne vraiment, la propriétaire de ces magnifiques yeux bleus qui viennent de sortir de ma chambre me reste en tête. Je ne sais pas encore quelle était la profondeur de notre relation, ni ce que nous avons vécu, mais une chose est sûre, j'ai hâte qu'elle revienne. Peut-être qu'avec elle, je retrouverai mes souvenirs, parce que c'est bien la seule personne pour l'instant qui ait réussi à réellement m'intriguer...

****

      La semaine qui vient, je dois passer de nombreux tests. D'après le médecin, je n'ai rien de grave, mais ils préfèrent me garder encore un moment pour être sûrs que tout est bien en ordre et que je peux reprendre le cours de ma vie sereinement.

      Dans le même temps, je continue de recevoir la visite de personnes qui sont déjà venues et d'autres que je n'ai encore jamais vu. Mon père vient moins souvent et dit qu'il fait de son mieux pour se reprendre en main de son côté. Je ne sais pas du tout ce que ça veut dire, mais il avait l'air tellement fier en me disant ça que je n'ai pas voulu couper court à sa joie. Ma mère, elle au contraire, vient plus souvent, si ce n'est même tous les deux jours, soit pour me ramener des livres ou pour discuter un peu avec moi.

      J'ai aussi reçu la visite de mes grands­-parents et de cousins qui ont tous eu quasiment la même réaction en apprenant pour mon amnésie. Certains ont même cru que je faisais semblant, comme si c'était ce qu'il y avait de mieux à faire... J'ai vu passer une dizaine de personnes au moins, mais aucune ne m'est vraiment familière. J'ai même encore du mal à m'identifier à mon prénom.

      Tout le monde essaie de m'aider en me parlant de celui que j'étais, mais c'est comme si on me décrivait une autre personne. Je n'arrive pas à m'identifier à lui, alors que ça fera bientôt une semaine que je me suis réveillé. Apparemment, j'étais drôle, gentil, serviable, un peu casse-pieds parfois mais toujours sympa. Et la seule chose qui me vient en tête, c'est que ce genre de personnes n'existe pas. Je n'ai reçu la visite que de ma famille pour l'instant, mais aucun ami n'est venu. Enfin, à part Ava. Dans le fond, elle est la seule que j'aimerais vraiment revoir. Elle ne fait pas partie de ma famille, alors peut-être qu'elle pourra me parler de la personne que j'étais en dehors de ma famille... Si ça se trouve même, je n'avais presque pas d'ami ? C'est vrai quoi. Comment est-ce possible d'avoir un accident de voiture et de rester dans le coma pendant six jours, sans qu'aucun ami ne soit venu me rendre visite au moins une seule fois ?

Juste comme avantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant