Juste comme avant

Chapitre 21 ~ Scott (partie 1)

Six ans plus tôt

Les parents de Scott ont divorcé quelques semaines après l'adultère de sa mère. Scott vit donc en résidence habituelle avec son père et passe la moitié des vacances scolaires chez sa mère. Son père est peu présent à la maison, préférant passer son temps entre son travail et les bars. Dans le même temps Scott et Ava ne se sont pas revus depuis que celle-ci a déménagé il y a quatre mois. Mais elle a appris que son père était envoyé dans une autre ville –pas loin de celle de Scott– pour effectuer une mission le temps d'une journée. Les deux adolescents vont donc passer la journée ensemble.

      Descendu en bas de chez moi, je scrute le début de la rue depuis une dizaine de minutes, dans l'attente de voir la voiture de son père arriver. Quand Ava m'a annoncé que son père pouvait l'amener, ça a été la plus belle nouvelle que j'ai eu depuis quelques temps. Heureusement, malgré le froid hivernal qui commence à s'installer, il n'y a pas de pluie prévue aujourd'hui. La météo est de mon côté pour une fois... Ça ne fait que quatre mois qu'on ne s'est pas vus, et pourtant j'ai l'impression que ça fait plus.

      Mon père est sorti tôt ce matin, comme d'habitude, et j'espère qu'il ne rentrera pas avant le départ d'Ava. Je n'aimerais pas qu'elle voit l'état dans lequel il se trouve en ce moment.

      Depuis le divorce de mes parents, ça ne va pas fort chez l'un ou l'autre. Mon père passe son temps à boire pour oublier sa tristesse. Il rentre souvent à la maison, complètement soûl et presque incapable d'atteindre son lit. Apprendre que la femme qu'il aimait et son frère de cœur l'avaient trahi l'a vraiment détruit, ce que je peux totalement comprendre.

      Alors quand je passe un peu de temps avec ma mère pendant les vacances, je fais tout pour lui montrer que je lui en veux. Elle a déménagé dans un autre quartier un peu plus chic que celui dans lequel nous étions. Comme mon père a gardé l'appartement, elle a forcément dû se trouver un autre logement. Et je suis certain que c'est grâce à Carl qu'elle l'a obtenu, vu la taille de l'appartement. Je ne l'ai pas revu depuis ce fameux jour d'ailleurs et j'espère bien ne jamais l'avoir à nouveau sous les yeux. Ma mère a l'air d'essayer de se faire pardonner auprès de moi. Elle me propose toujours des sorties, des activités, des voyages que l'on pourrait faire tous les deux pour recréer ce lien entre nous, sauf que je n'en ai aucune envie. Le souvenir de sa trahison est encore bien présent dans mon esprit et je ne peux pas lui pardonner cet acte aussi facilement, alors que mon père semble aller de plus en plus mal.

      Les seuls moments où je peux échapper un peu à cette atmosphère étouffante sont ceux que je passe au téléphone avec Ava. Avec les cours qu'on doit suivre en semaine, on n'a pas trop le temps de s'appeler. Mais on s'envoie des messages très souvent et on s'appelle en visio en général tous les week-ends. Je ne lui ai toujours rien dit pour la tromperie de ma mère, mais je ne me sens pas le courage de lui en parler. Les rares moments de joie que j'ai sont avec elle, alors je ne veux pas les gâcher en parlant de mes problèmes. Comme toujours, Ava est mon rayon de soleil. Et je suis heureux qu'elle soit dans ma vie.

      À cause de la distance et de nos occupations personnelles avec le collège, on n'a pas vraiment le temps de parler pendant des heures, comme c'était le cas au début de l'année. Et je dois avouer que cette situation me fait beaucoup souffrir. C'est pour ça que je suis content de savoir qu'elle vient aujourd'hui. Non seulement je vais pouvoir passer une journée entière à ses côtés, mais je vais aussi, par la même occasion, sortir un peu de mon quotidien et me concentrer uniquement sur Ava.

      Je suis sorti de mes pensées par un véhicule qui s'engage dans la rue. Je me tourne vivement vers elle et fais un grand sourire en reconnaissant la voiture du père d'Ava. Elle ralentit vers mon immeuble et s'arrête juste en face de moi. Je me retiens de me jeter sur la portière, tellement l'impatience me gagne. Ava m'observe par la fenêtre du siège passager avant et semble aussi surexcitée que moi. À peine le moteur est-il coupé, qu'elle se rue hors de la voiture et se jette dans mes bras. Ses bras entourent mon cou avec force, tandis que les miens enserrent sa taille. Je ferme les yeux et mémorise chaque petit détail de celle que j'aime : son odeur, son toucher, le son de sa respiration saccadée, la sensation de son cœur battant contre mon torse...