CHAPITRE SOIXANTE-DIX

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Cameron a joué son rôle à merveille. Je n'aurais pas pu espérer meilleur guide que lui. En plus de la visite de la ville, j'ai eu le droit à des caresses, des mots doux susurrés au coin de l'oreille et quelques baisers volés. Il s'est comporté comme un vrai chevalier servant. Je n'ai pas eu à me plaindre de quoi que ce soit. Il s'est montré galant, attentionné et protecteur. Je ne l'avais jamais vu aussi affectueux avant aujourd'hui. Pendant un moment, j'ai cru être avec un nouvel homme. J'ai bien vu tous les efforts qu'il a fait pour me rendre cette journée incroyable.

Malgré le temps maussade, j'ai su apprécier Portland. Ces rues et son atmosphère m'ont plu. Les commentaires de Cameron m'ont permit de visualiser une part de son enfance dans la ville où il a grandi. J'ai pris plaisir à flâner le long des rues, à découvrir un nouvel endroit que je n'avais jamais connu et à m'imprégner d'une essence différente de Denver ou New-York. Je me suis plu ici. Je ne me suis pas ennuyée une seule seconde.

A présent, il est déjà dix-sept heures. Notre balade a duré toute l'après-midi. Nous avons parcouru une bonne partie du centre ville et des quartiers intéressants. Cameron m'a emmené dans tous ses lieux fétiches. Il m'a montré tous les endroits qui comptait pour lui quand il n'était encore qu'un enfant. Il m'a parlé de ses souvenirs et de ce qu'il aimait dans la ville de son enfance. Nous nous sommes promenés jusqu'à atteindre le fameux port de Portland.

-C'était une super visite, dis-je alors que nous marchons main dans la main le long du quai.

-Je trouve que j'ai été plutôt bon, c'est vrai.

-Tu devrais sûrement penser à une reconversion, plaisante-je. Ça paye peut-être bien d'être guide touristique.

-Ouais. Enfin, pour l'instant, j'attends un paiement en nature, mademoiselle Carlson.

Je le fais taire d'un coup de coude.

-O-K, j'arrête.

-Merci.

Un bourrasque de vent nous secoue soudainement.

-L'air est différent par ici.

-Ce n'est pas pareil qu'à New-York, oui.

-Pourtant, c'est aussi le bord de mer.

-Portland est beaucoup plus exposé. A New-York, il y a peine la place pour les fourmis. Ici, on peut respirer.

-J'aime bien cet endroit.

-Ouais, moi aussi.

Un second coup de vent balaie mes cheveux qui volent derrière moi.

-On a l'impression d'être dans un autre monde, continue-je.

-Comme à New-York.

-Ça risque de nous faire bizarre quand on rentrera à Denver.

-Ouais, c'est sûr.

-On a vécu ailleurs, on a vécu tellement de choses, on a découvert tellement d'endroits différents. Tu crois qu'on arrivera à se réhabituer au train-train quotidien de Denver ?

-On aura pas vraiment le choix, Carlson. Il va bien falloir qu'on retrouve nos vies.

-Je pense que je vais avoir besoin d'un jour ou deux pour retrouver la réalité, admets-je.

-Violet te fera redescendre sur terre en moins de deux, rit-il de bon coeur.

-Oui, il y a des chances.

-Au fait, tu crois qu'elle me déteste maintenant ?

Mon appel téléphone avec ma meilleure amie me revient alors en tête. Vi ne s'est pas montré tendre dans ses paroles. Néanmoins, je sais qu'elle ne lui en veut pas vraiment. Elle est seulement un peu fâché qu'il ait pu me faire un coup pareil. Elle n'aime pas quand il me fait du mal. Je peux le comprendre, je me comporterais de la même façon pour elle. Elle se montre simplement méfiante. Au fond, elle l'aime toujours autant comme l'ami qu'il a toujours été pour elle.

THE WAY - LE MENSONGEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant