CHAPITRE QUATRE VINGT-QUATRE

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CAMERON


     -Emery, tu dors ? 

     Allongé sur le dos à sa droite, je me force à fixer le plafond pour ne pas avoir à l'affronter. L'obscurité de la chambre me rassure car elle m'empêche de devoir la regarder dans les yeux. Je sais que je l'ai déçu. Je ne pensais pas que cette soirée finirait ainsi. J'avais même oublié l'existence de Kayla et de son harcèlement. Je ne m'attendais pas à ce qu'Emery découvre le pot-aux-roses.

     Désormais, j'ai la boule au ventre de savoir qu'elle était tellement dégoûtée de moi, de ce que j'avais fait, qu'elle ne voulait plus me regarder. Son regard s'est fermé à moi. Elle a préféré couper court à la conversation plutôt que de m'affronter. Cette histoire l'a épuisé en moins de quelques secondes. Je suis écœuré de moi-même d'être la cause de son mal-être. Elle s'est couchée fâchée et c'est à cause de moi. 

     Ça fait déjà une heure que je fixe le plafond sans parvenir à trouver le sommeil. Je suis déjà trop accaparé par mes pensées pour réussir à m'endormir. Je déteste savoir qu'Emery m'en veut. Je ne veux pas que nous nous couchions alors qu'elle est en colère contre moi. Je pensais pourtant que cette première nuit dans mon nouvel appartement serait parfait. Je croyais qu'on s'endormirait l'un contre l'autre et le cœur léger. 

     A présent, j'ai besoin d'extérioriser et d'arranger les choses. Il faut au moins que je tente le coup sinon je n'arriverais jamais à fermer l'œil. Le silence me rend fou. Il m'assourdit presque. Je ne supporte pas cette distance entre nous. Elle ne devrait pas avoir lieu d'être. Tout allait bien entre nous jusqu'à il y a une heure. 

     Maintenant, Emery me tourne le dos et est allongée à l'autre bout du lit comme si elle craignait que je la touche. Elle est furieuse contre moi mais, pire que tout, elle est déçue de mon comportement. Il faut que je sauve mon estime auprès d'elle. 

     -Em... 

-Quoi ? marmonne-t-elle finalement, dos à moi. 

-Il faut qu'on parle. 

     Je l'entends soupirer. 

     -De quoi ? rétorque-t-elle d'une voix à moitié endormie. Du fait que tu m'as encore menti ou que tu te drogues en douce ? 

     Ce n'est pas gagné.

     Emery peut avoir un caractère de plomb parfois. Quand elle est contre moi, ce n'est jamais à moitié. Elle n'est plus la jeune et innocente fleur qu'elle était avant. Elle est devenue une femme qui ne connaît plus la naïveté et qui ne se laisse plus faire par personne. Je sais qu'elle va me donner du fil à retordre. Elle était tellement en colère contre moi qu'elle ne pourra pas faire autrement que de me compliquer la tâche. Je n'obtiendrais pas son pardon sans efforts. Elle est encore furax, en plus. 

     -Je ne me drogue pas en douce, bébé. 

-Ne m'appelle pas bébé. Je suis fâchée contre toi. 

-Je sais, soupire-je en ne quittant pas le plafond des yeux. 

     Je ne suis pas prêt d'en venir à bout. Je vais devoir me montrer convaincant. 

     -J'ai pris quelques merdes quand j'avais quinze ou seize ans, lui avoue-je. Je n'avais plus rien pris depuis cette époque-là. Je n'ai recommencé qu'une seule fois, je te le promets. 

     Un court silence me répond. 

     -Je n'arrive pas à comprendre comment tu as pu prendre cette foutue pilule alors que tu as vu ce que ce genre de trucs a fait à ton père. 

THE WAY - LE MENSONGEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant