CHAPITRE SOIXANTE-CINQ

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CAMERON


Deuxième réveil à New-York.

J'ouvre les yeux sur le canapé du salon. Étalé de tout mon long sur le sofa au duvet incroyablement doux, je m'extirpe du sommeil et papillonne des yeux pour m'habituer à la luminosité. Les grandes baies du salon laissent entrer les rayons du soleil et il me faut plusieurs secondes pour m'y adapter. Le plaid avec lequel je me suis endormi est roulé en boule au bout de canapé. Celui-ci a été remplacé dans la nuit par une Emery câline et collante.

Hier soir, son père nous a expressément fait comprendre qu'il était hors de question que je dorme avec elle dans son lit. Je n'ai pas fait de vagues. J'ai tout de suite compris son point de vue. J'ai moi-même décidé de dormir sur le canapé. Emery n'a pas beaucoup apprécié mais elle aussi à cédé. Enfin, presque. Aux alentours d'une heure du matin, elle est venue me rejoindre sous le prétexte qu'elle n'arrivait pas à dormir et qu'elle avait envie de discuter. J'ai tout de suite vu clair dans son jeu. Ce n'était qu'une excuse pour venir me voir et s'endormir soit-disant sans faire exprès auprès de moi. Sa comédie m'a amusé alors je l'ai laissé faire. Nous avons parlé durant une bonne demi-heure en nous remémorant les événements de la journée. Puis, nous nous sommes endormis l'un contre l'autre sans nous soucier du réveil.

A présent, sa petite tête blonde est posée contre mon torse. Elle est toute blottie contre moi si bien qu'elle a l'air d'une enfant. Sa jambe droite s'est faufilée entre les miennes, sa poitrine est appuyée sur une bonne partie de mon flan et son souffle frôle timidement le tissu de mon t-shirt. Elle dort à poings fermés, à moitié allongée sur moi comme ça lui arrive de le faire quand on dort ensemble et son visage est emprunt à une sérénité qui m'apaise.

Je profite qu'elle soit encore endormie pour observer tranquillement les traits de son visage. Mes yeux passent lentement de son petit nez retroussé à ses lèvres finement dessinées. J'admire chaque détail comme ses sourcils droits et sa peau dorée. J'aime la forme de ses traits qui inspirent la douceur, la finesse mais aussi l'espièglerie et la beauté à l'état brut. Emery possède plusieurs facettes et je peux les distinguer maintenant. Elle rayonne alors que ses paupières sont toujours closes.

Mon regard s'attarde sur cette bouche qui m'appartient, ces lèvres que j'ai si souvent embrassé. J'aime lorsqu'elles s'étirent en un sourire. Celui d'Emery est le plus beau que j'ai pu voir de toute ma vie. Quand elle sourit, sa lèvre supérieur se retrousse légèrement et elle dévoile ses dents blanches. Elle ne fait pas semblant. Je sais pourtant qu'elle n'aime pas ses dents. Elle trouve que celles de devant son trop grandes et que son sourire est parfois de travers. Pour moi, elle hallucine complètement. Son sourire est plus beau que celui-ci d'une star.

Trop occupé à penser à ces lèvres que je voudrais embrasser, je ne vois pas tout de suite Rupert qui entre dans le salon. Je suis dans mon monde. Je savoure l'étreinte endormie de ma copine et m'accorde une légère caresse dans ses cheveux. Je prends garde à ne pas la réveiller. Elle est si belle quand elle dort. Je frôle simplement sa longue chevelure blonde qui s'étend derrière elle. Ses cheveux sont doux comme de la soie. Je pourris m'y noyer.

Soudain, Rupert se racle la gorge pour m'annoncer sa présence. Je sursaute bêtement et aussitôt Emery remue contre moi. Elle marmonne quelque chose d'intelligible et s'installe plus confortablement. Je me tend tout entier de peur qu'elle n'ouvre les yeux. Elle ne le fait pas.

Quand je suis certain qu'elle dort encore, je lève les yeux vers son père qui nous observe avec un froideur qui me met instantanément mal à l'aise. Je panique mais je n'en montre rien. Je ne veux pas qu'il me prenne pour coupable tout de suite. Je préfère faire bonne figure.

THE WAY - LE MENSONGEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant