CHAPITRE CINQUANTE

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     Ce soir, j'ai décidé de tenter une dernière fois ma chance auprès de Cameron. S'il ne cède pas cette fois-ci, je n'insisterais plus. Je n'essaierais plus de lui soutirer la vérité que j'attends de lui. J'ai décidé de mettre fin à cette histoire dès aujourd'hui. Je n'en peux plus de vivre dans le doute, de réprimer ma curiosité. Je ne veux plus m'en prendre à Cam non plus. Je sais qu'il souffre de mes questions incessantes. Je refuse de nous faire souffrir une seule journée de plus. Alors, j'ai pris ma décision. Si il ne crache pas le morceau, je chercherais les réponses par moi-même. Je trouverais la vérité par mes propres moyens et ensuite j'enterrais cette histoire au fond de moi. Je veux seulement savoir ce qu'il s'est véritablement passé lors de la mort de son père. Je ne compte pas le mettre au pied du mur et ce peu importe ce que je découvrirais. Je ne lui en parlerais pas. Je chercherais, je trouverais et je me tairais. 

     C'est sa dernière chance d'être honnête avec moi. Après ça, je me débrouillerais toute seule. 

     C'est ainsi que je me retrouve sous la pluie torrentielle de Denver alors que la nuit est déjà tombée depuis deux heures. Il est tard et le temps est au déluge. Le vent souffle fort alors que je longe les rues éclairées de la ville pour atteindre le salon de tatouage où Cameron travaille. Je sais qu'il fait la fermeture ce soir et qu'il sera seul. 

     Malcolm, le gérant et patron, lui laisse souvent les clés pour qu'il puisse travailler dans le calme et profiter de son box autant qu'il lui plaît. Ces deux-là entretiennent une relation très complice qui se rapproche de près de celle d'un père et de son fils. 

     Je suis donc certaine de le trouver là-bas. Je sais qu'il a eu des rendez-vous jusqu'à tard ce soir. J'ai dû affronter le mauvais temps pour arriver jusqu'au centre ville. J'ai pris sur moi pour conduire à travers l'avers et les grosses bourrasques de vent. Heureusement, ma voiture a largement tenu le choc. 

     A présent, je suis déterminée à avoir une conversation sérieuse avec Cam. Le silence et le calme du salon nous aidera peut-être à relâcher la pression. Cela nous permettra de nous expliquer sans que Violet, Tim ou Sam ne soient dans la pièce d'à côté. En plus, je m'aventure sur le terrain de Cameron. Il devrait être en confiance et plus apte à se confier s'il est dans un environnement qui est uniquement le sien. J'espère qu'il saura se montrer coopératif sinon je devrais passer à la seconde partie de mon plan qui ne me ravie pas vraiment. Je n'ai pas particulièrement envie de fouiller dans son passé sans son autorisation mais je refuse de vivre encore dans l'incertitude. Je veux savoir la vérité sur l'accident qui a tué son père. Je la découvrirais d'ici peu, c'est une certitude. 

     Lorsque j'atteins la porte du salon, je suis trempée jusqu'aux l'os. J'ai tenté tant bien que mal d'éviter l'averse mais en vain. Il pleut des cordes sur toute la ville et le vent est près de m'emporter comme une vulgaire marionnette. Par chance, la porte est encore ouverte. Cameron ne l'a pas fermé à clé malgré que le lieu soit désert et que tous les autres commerces environnants soient fermés depuis un moment. 

     Je pénètre donc dans l'établissement et me mets rapidement à l'abri. Je ne suis pas surprise de découvrir le silence qui règne ici. Il fait sombre à l'intérieur puisque seule la lampe trônant sur le comptoir d'accueil est allumée. Le reste de la pièce est vaguement éclairé par l'enseigne à néons rouges du magasin de l'autre côté de la rue. Un calme olympien emplit l'espace entre ces quatre murs. 

     Je retire alors mon long manteau partiellement imbibé d'eau et le porte entre mes mains tout en essuyant mes bottes sur le palier. Ma robe noire aux motifs floraux blancs a été globalement épargnée mais mes jambes sont glacées. Je suis partie sur un coup de tête de la résidence si bien que j'en ai oublié de mettre une paire de collants ou – mieux – un pantalon. Il faisait si bon dans ma chambre que je n'ai pas pensé au froid du dehors. J'ai seulement enfilé mes bottes en cuir noires et mon manteau et je suis partie sans plus réfléchir. 

THE WAY - LE MENSONGEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant