CHAPITRE TREIZE

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     Cette journée a été une véritable bénédiction. Elle a confirmé tout ce que je pensais jusqu'à aujourd'hui. J'ai enfin trouvé ma voie. Ma place est dans ce domaine. La musique est mon élément. Je n'avais décidément rien à faire en marketing. Je m'épanouis désormais dans un cursus qui me convient et qui me plaît. Les cours, l'ambiance, les profs sont incroyables. J'ai passé chaque minute de cette journée à me dire que j'étais chanceuse d'avoir pu intégrer ce département. Je voue maintenant une véritable dévotion à celui qui a accordé ma ré-orientation. Sans lui, je n'aurais jamais eu l'occasion de vivre une journée comme celle-là. 

     Lorsque je sors de mon dernier cours, il est tard et pourtant je suis aussi en forme que si je venais tout juste de me réveiller. Je pète le feu. Mon moral est au beau fixe et mon corps regorge d'énergie. L'heure tardive n'a aucun effet sur moi. Je suis tellement contente de ma journée que rien ne pourrait m'abattre. Je suis aussi solide qu'un roc. 

     En sortant du bâtiment de musique, je suis tellement ailleurs – sur un petit nuage sûrement – que je ne vois pas Cameron tout de suite. Il faut que sa voix récitant mon prénom retentissent plusieurs fois dans mes oreilles pour que je réagisse enfin. 

     Adossé nonchalamment contre la porte de sa voiture, il m'attend patiemment sous le soleil de cette fin de journée. Avec son cuir noir et ses bottes, il est beau à se damner. Il l'est tellement que je courrais presque venir lui pour l'embrasser. Je me retiens difficilement de peur de faire un pas de trop vers lui. Seulement, il ressemble tellement au Cameron dont je suis tombée amoureuse. Il n'a rien à voir avec la version timide et réservée à qui j'ai affaire depuis mon retour à Denver. 

     Ici, il est lui-même. Il est redevenu l'homme que j'ai rencontré il y a un an et il est venu me chercher. 

     -Salut, m'exclame-je en ne pouvant réprimer un immense sourire de contentement. 

     Les traits de son visage sont détendus et ses bras sont croisés contre son torse. Il ne me lâche pas des yeux tandis que j'approche de lui. 

     La pluie a cessé de s'abattre sur la ville et le soleil a reprit sa place. Il fait bien meilleur en ce début de soirée. Je n'ai plus besoin de courir pour échapper au mauvais temps. J'ai tout le loisir de marcher tranquillement vers lui sans avoir à me débattre avec ma béquille. Si je le pouvais, je sautillerais sûrement comme une fillette au milieu d'un champ de blé. 

     -Tu as décidé de revenir me chercher ? 

-Je voulais savoir comment s'était passé ta journée. 

-Tu aurais très bien pu m'appeler plutôt que de te déranger jusqu'ici. 

-Tu aurais préféré que je le fasse ? 

     Mon sourire s'agrandit sans que je ne puisse le contrôler. 

     -Non, réponds-je. Je suis contente que tu sois là. 

-Je n'avais plus aucun rendez-vous au salon, en plus. Je me suis dis que je pouvais toujours te ramener à la résidence, qu'on aurait le temps de discuter. Alors, cette journée ? 

     Face à lui, je suis à deux doigts de sauter sur place en criant comme une folle. 

     -C'était...génial ! m'écrie-je alors. 

     Ma bonne humeur déteint visiblement sur Cameron. Un sourire franc s'étend sur ses lèvres. 

     -Je ne me suis pas ennuyée une seule seconde. C'était passionnant, Cam. Tous les cours sont incroyables et les profs aussi. Mr Sherman nous a parlé de la naissance du jazz et de l'influence qu'il a eu sur le monde de la musique. Il a disserté pendant plus d'une heure et c'était sensationnel. Je n'avais jamais vu quelqu'un enseigner avant autant de passion. Il connaît son sujet sur le bout des doigts et il sait le transmettre à ses élèves. 

THE WAY - LE MENSONGEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant