CHAPITRE VINGT-NEUF

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-Tu es sûr que tu ne peux pas rentrer à la maison ?

-Non, Charlie. Tu me manques beaucoup, toi aussi, mais j'ai énormément de travail ici. Il faut que je reste à Denver.

-Tu reviendras pour Noël alors, hein ?

-On en reparlera plus tard, O-K ?

Depuis que j'ai décroché, j'essaie d'être la plus vague possible. Je ne veux pas inquiéter mon frère sur notre situation familiale catastrophique. Il est au courant que notre père m'en veut à mort d'être partie avec Cam. Il sait aussi que nos rapports sont très tendus ces derniers temps. Malgré tout, j'essaie de préserver son insouciance quant à toute cette histoire. Je ne veux pas qu'il s'en fasse pour tout ça. Je le protégerais envers et contre tout. Je déteste lui mentir mais je suis prête à le faire si cela peut lui éviter quelques inquiétudes de plus.

Tout en faisant les cent pas sur le trottoir qui borde le centre commercial où je suis censée retrouver les filles, je discute tranquillement avec Charlie et profite de cet appel pour rattraper les quelques jours où je ne lui ai pas donné de nouvelles.

-Ce n'est pas facile de vivre avec Papa en ce moment, tu sais, dit-il. Il fait tout le temps la tête et il passe son temps au téléphone avec Maman.

-Quoi ? Il...téléphone à Maman ?

-Oui, au moins trois fois par semaine.

Je fronce les sourcils.

-Tu sais de quoi ils parlent tous les deux ?

-Pas vraiment. Je sais seulement qu'ils se disputent beaucoup.

-Comme c'est étonnant, marmonne-je pour moi-même.

-Papa dit toujours les mêmes choses que d'habitude, que Maman est immature et inconsciente, que ce n'est pas une adulte. Rien de nouveau.

-Est-ce qu'ils parlent de moi ?

-Je n'en sais rien, me répond-t-il d'une voix monotone.

-D'accord. Tu n'auras qu'à me prévenir si ça dégénère. J'interviendrais.

-Tu n'as pas à t'en faire pour l'instant. J'arrive à gérer Papa même quand il est grognon du matin au soir. Et puis, les disputes entre Maman et lui, ce n'est pas une surprise. Ça fait des années que ça dure.

-C'est vrai. Tu peux toujours m'appeler si l'un des deux dépasse les limites.

-Je le ferais. Tu as des nouvelles d'eux, toi ?

-Euh...oui, de temps en temps.

-Papa m'a dit que tu ne l'avais pas appelé depuis plus d'une semaine. Il était furax.

Je grimace.

Prise la main dans le sac !

-C'est assez compliqué entre nous, Charlie. J'essaie de faire de mon mieux mais j'ai besoin de temps. Tu comprends ?

-Oui, oui.

-Et puis, je lui envoie des messages de temps en temps pour le rassurer. C'est déjà bien, non ?

-Tu veux que je te réconforte, Emery ?

-Non, ça va, glousse-je. C'est seulement que je veux que tu sois sûr que tout va bien. Tout finira par s'arranger, je te le jure. Pour l'instant, j'ai juste besoin de prendre mes distances et je suis désolée si Papa n'est pas facile à vivre en ce moment.

-Je m'en sors, tu sais ?

-Ah oui ?

-Oui.

THE WAY - LE MENSONGEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant