THE WAY - LE MENSONGE

CHAPITRE TRENTE-QUATRE

-C'est quoi ce truc ?

-Un short.

-Un short ? répète Cameron en haussant les sourcils. Ça, c'est ce que tu appelles un short ?

-Ben, oui.

Planté au beau milieu du couloir menant à la salle de kinésithérapie, Cam me lance un regard suspect tout en grimaçant.

-Non, non, non. Ce n'est pas un short, ça, Carlson. C'est une culotte.

-N'importe quoi, m'esclaffe-je.

-Qu'est-ce qu'il y avait d'écrit sur l'étiquette quand tu l'as acheté ?

-Je n'en sais rien, je ne m'en souviens plus.

-Eh bien, moi, je vais te le dire. Il avait écrit culotte.

-Qu'est-ce que tu racontes, voyons ?

Ses yeux s'agrandissent alors qu'il me darde d'un œil désabusé.

-Écoute, bébé, j'adore mater ton cul mais pas quand la moitié de la terre peut le faire aussi. Ce truc est super court, merde.

-Et voilà le retour de l'homme des cavernes.

-Rien à foutre, riposte-t-il. Depuis quand est-ce qu'on a besoin de mettre ça pour aller chez le kiné ? Tu ne pouvais pas mettre un de tes leggings plutôt ?

-Andrew préfère les shorts. C'est plus facile pour lui de travailler comme ça.

-Ah, Andrew, déclare-t-il théâtralement en levant les yeux au ciel. Ce foutu Andrew. J'aurais dû me douter qu'il avait quelque chose à avoir là-dedans.

-Ne commences pas, Cam.

Il se renfrogne alors que nous atteignons la porte de la salle où j'ai rendez-vous pour ma dernière séance de kinésithérapie.

-Je trouve ça seulement bizarre que tu doives te promener les fesses à l'air devant ton kiné. Ça ne m'a pas l'air très professionnel.

-Tu vas vraiment me faire ça maintenant ?

-Quoi ?

-Une crise de jalousie.

-Je ne suis pas...

Je lève aussitôt la main en l'air pour le faire taire.

-Bien sûr que si, rétorque-je. Tu es jaloux, je le sais. Pas la peine de me mentir, Cam. Je te connais par coeur.

Je croise les bras sur ma poitrine et le darde d'un regard franc.

-Bon, d'accord. Je le suis peut-être un peu.

-Un peu ? Tu plaisantes ?

-Beaucoup, avoue-t-il. Mais j'ai mes raisons. A quoi est-ce qu'il ressemble ce Andrew ?

-Il est...normal.

-Normal ?

-Ben, oui. Il n'y a rien de spécial à dire.

Je vois à son regard dubitatif qu'il n'a pas entièrement confiance en mes propos. Il doute de moi et ça ne m'étonne pas. Cameron est terriblement jaloux. Il l'est depuis le début de notre relation et, même s'il parvient à mieux se contrôler depuis quelques temps, sa nature reste la même. Je ne parviendrais pas à le changer totalement. La jalousie fait partie de lui et je l'ai accepté. Aujourd'hui, j'essaie d'en rire plutôt que de prendre le sujet trop au sérieux.

-Tu me jures qu'en entrant là-dedans, je ne vais pas tomber sur Mister America ?

-Tu te fais trop de soucis pour rien, Cam. Je t'assure.