CHAPITRE SOIXANTE-NEUF

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La grand-mère de Cam a effectivement une jolie maison si on la compare à toutes celles du voisinage. Le quartier est insalubre et mal entretenu mais la petite bicoque de Mme Thatch sort du lot. De toutes les battisses de la rue, elle est bien la seule à ne pas être dans un état déplorable. Ses murs en briques rouges ne sont pas rongés par la végétation envahissante ou salis par les années. Contrairement aux maisons voisins, le toit est en bonne état et le porche n'est pas à deux doigts de s'écrouler. Le jardin est bien entretenu, l'herbe est fraîchement coupée et les quelques parterres de fleurs sont joliment agencés. Rose Thatch a le goût du propre et du bon entretien de sa maison. J'aime ça.

-Et voilà, déclare Cameron en coupant le moteur. On est à Portland. Enfin, disons plutôt dans la banlieue qui craint.

-La maison de ta grand-mère est très mignonne.

-Comparée aux autres, c'est un palace, oui. Elle en est très fière.

-Et il y a de quoi.

Assise sur le siège passager, j'observe tranquillement la petite maison qui s'élève à quelques mètres de nous. Sous l'immensité du ciel gris du Maine, elle semble minuscule mais cela n'enlève rien au charme qu'elle dégage. J'aime beaucoup des jardinières de fleurs qui trônent sous les fenêtres ainsi que l'aura réconfortant et cosy qu'elle m'inspire.

-Bon tu es prête à y aller ?

-Oui, je crois.

-Tu seras parfaite comme toujours, rassure-toi.

-On en reparle dans dix minutes, O-K ?

Cameron me couve d'un regard tendre et pousse un soupir las.

-Allez, viens. Ne fais pas comme si je te traînais à l'abattoir.

-Ce n'est pas ça du tout. Je suis seulement nerveuse.

-Alors, allons-y. Ça ira mieux une fois qu'on aura fait les présentations.

-Oui, tu as raison.

Une boule dans la gorge et les muscles crispés, je parviens à ouvrir la porte et à m'extraire de la voiture. Cameron se comporte avec une nonchalance qui est habituelle chez lui. Il claque sa portière et fonce ouvrir le coffre pour récupérer nos quelques bagages.

-Tu veux un coup de main ? lui demande-je.

-Non. Contente-toi de rester debout sur tes deux pieds pour l'instant.

-Ah, ah. Très drôle.

-Je sais, bébé. Je suis hilarant.

Il prend son sac ainsi que ma valise et referme le coffre.

Pour ma part, je suis déjà face à la maison, plus ou moins prête à franchir l'allée me séparant du porche. Cameron me donne le courage d'avancer en passant devant moi. Il m'invite d'un simple coup d'oeil à le suivre. Je m'exécute en silence tout en resserrant les pans de mon manteau autour de moi. Je recoiffe brièvement mes cheveux que j'ai préalablement ondulé pour faire bonne impression et me concentre sur mes pas.

-Ne me claques pas entre les doigts, Carlson, ricane Cameron en atteignant la porte d'entrée noire et vernie.

-Arrête de te moquer, grogne-je en retour.

-Et toi, arrête de stresser comme une folle.

-Trop tard.

-Ce n'est que ma grand-mère, je te rappelle.

-Oui, ben, c'est justement pour ça que je suis aussi nerveuse. Allez, ouvre cette porte qu'on en finisse.

Cameron s'esclaffe tout en s'exécutant. Lui au moins prend les choses avec humour. Il m'invite à entrer en retenant difficilement un sourire moqueur. Ses yeux brillent de malice. Je l'ignore presque mais me nourris de sa force pour ne pas céder totalement à la panique.

THE WAY - LE MENSONGEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant