CHAPITRE QUARANTE-SIX

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     Lorsque Violet rentre de ses cours, elle est d'une humeur de chien. 

     -Quelle journée de chiotte ! marmonne-t-elle en claquant la porte derrière elle. 

     Je lève les yeux de la partition que j'étais en train d'étudier et me retiens d'exploser de rire en voyant sa mine renfrognée. 

     -Bonjour à toi aussi, dis-je. 

     Elle ronchonne d'une voix presque inaudible. Sans cesser de râler je ne sais quoi, elle jette son sac au pied de son lit et s'affale lourdement sur celui-ci. 

     -Est-ce que ça va ? 

-Non, je suis sur les nerfs. 

-Pourquoi ça ? Un problème avec tes cours ?

-Ouais. Enfin, non. C'est juste que...je suis fatiguée et cette journée a été interminable. 

-Je comprends. 

-J'ai vraiment besoin de me détendre sinon je vais péter les plombs. 

-C'est le stress des exams qui arrivent. C'est tout à fait normal. 

     J'avoue être moi aussi sous tension depuis quelques temps. En plus de mes doutes concernant Cameron, j'éprouve une certaine angoisse dans l'appréhension des premiers examens. Les partiels ne vont pas tarder à commencer. Je passe beaucoup de temps à réviser mais je me sens toujours aussi fébrile. Les évaluations ont le don de me faire perdre la raison. Je suis très mauvaise pour gérer mon stress. 

     -Il faut qu'on se relaxe toutes les deux. 

-Parle pour toi, glousse-je. Moi, il faut surtout que je bosse. J'ai un examen pas plus tard que demain matin. 

-C'est bien ce que je dis, alors. Il faut que tu te détendes tout autant que moi. 

-Ce n'est pas le moment. 

     Violet se redresse sur ses coudes et plante son regard dans le mien. 

     -Au contraire, je pense que c'est justement le moment, Em. J'ai passé une journée de merde et, toi, tu bosses beaucoup trop. 

-Je révises, c'est normal. Je dois le faire. 

-Tu te tues à la tâche, tu veux dire. 

-N'importe quoi, ricane-je en louchant sur les manuels étalés sur mon lit. 

-Emery Carlson, soupire-t-elle en retour. Je te connais par coeur. A chaque période d'examen, tu pètes complètement les plombs. Tu t'enfermes à double tour dans ta chambre et tu bosses jusqu'à t'endormir sur tes cours. Il n'y a rien de sain là-dedans. 

-Je sais mais j'essaie de gérer mon stress au mieux. Quand je révise, je me sens bien. Ça me donne l'impression de faire ce qu'il faut et de me donner à fond. J'ai besoin de ça. 

-Oui mais tu as aussi besoin de décompresser. Cameron dirait la même chose s'il était là. 

     Je ne peux pas la contre-dire. Je sais qu'elle a totalement raison. 

     L'année dernière, Cameron était fou de me voir réviser jour et nuit. J'avais totalement investi sa chambre pour travailler et il avait dû me forcer à faire une pause. Il devenait dingue à force d'assister à mon suicide psychologique. Je n'arrêtais jamais, j'étais obsédée mes révisions. Je me souviens parfaitement l'avoir suivi jusque dans un stand de trucs à casser. J'avais passé deux heures à me défouler sur des assiettes et des objets en verre. La batte de base-ball m'avait été d'un grand secours ce jour-là. 

THE WAY - LE MENSONGEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant