CHAPITRE VINGT-TROIS

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     Cameron et moi avons passé l'après-midi ensemble. Après mon passage chez le coiffeur et notre courte entre-vue avec la maudite Summer, nous sommes allons déjeuner dans un petit restaurant du centre de Denver. Je mourrais tellement de faim que j'ai dévoré mon hamburger en moins de cinq minutes. Cameron s'est d'ailleurs bien amusé de me voir aussi vorace. Il m'a regardé manger d'un œil curieux tout en croquant dans son sandwich. Nous avons beaucoup parlé durant ce repas. Nous n'avons abordé aucun sujet sérieux mais c'était tant mieux. La conversation est restée légère et sans grand intérêt. Nous avons besoin de ça. Après les événements de la veille, un peu de futilité ne pouvait pas nous faire de mal. Nous n'avons plus parlé de Summer après ça. 

     Il est seize heures lorsque Cameron me ramène à la résidence. Il doit bientôt prendre son premier rendez-vous de la journée au salon et j'ai quelques devoirs à faire. Il est temps pour nous de nous séparer. 

     -La prochaine fois que je t'emmène au restaurant, fais-moi penser que je dois passer à la banque avant. 

-Pourquoi ? 

-Pour que je demande un crédit. 

     J'étouffe difficilement un éclat de rire. 

     -Qu'est-ce que tu racontes ? rétorque-je. 

-Ben, si je passe ma vie avec toi, il faut que j'assure mes arrières. Tu vas me coûter cher en nourriture. 

-Tu es en train de dire que je mange trop ? 

-Ne va pas croire que tu es grosse, hein. Mais tu as un sacré appétit. 

-Je mourrais de faim, me défends-je tant bien que mal alors que nous montons les escaliers menant à mon couloir. 

-Tu meurs toujours de faim, bébé. C'est bien ça qui m'inquiète. 

-Toi aussi, il t'arrive de te goinfrer. 

-Sûrement pas autant que toi. 

-Menteur, ricane-je. 

-Tu manges autant qu'un petit cochon, assume-le, Carlson. Je trouve ça mignon, moi. 

-Il vaut mieux que tu te taises. 

     Pour appuyer mes dires, je le pousse alors qu'il se marre. Son sourire s'agrandit de plus bel tandis que nous marchons l'un à côté de l'autre jusqu'à la porte de ma chambre. 

     -Tu n'es qu'un idiot, ajoute-je en ouvrant la porte. 

     Nous nous chamaillons tels deux enfants quand Violet nous accueille, les poings sur les hanches et le visage à moitié fermé. 

     -Tiens, te voilà, jeune fille ! 

     Oh oh.

     Cameron et moi nous figeons l'un à côté de l'autre tandis que ma colocataire de chambre nous darde d'un regard semblable à celui d'une mère s'apprêtant à gronder ses petits. Je la reconnais bien là. C'est le genre de pitrerie dont Vi est capable sans qu'elle ne s'en rende compte. 

     -Alors comme ça, j'apprends par nos voisines de palier que tu prends des douches à deux avec un beau brun tatoué ! 

     A côté de moi, Cameron se tend tout entier. 

     -O-K, moi, je me tire. 

-Bonne idée, ricane Violet en voyant le fameux beau brun tatoué prendre la fuite. 

     La situation est tellement grotesque que je ne peux m'empêcher de rire. J'essaie tant bien que mal d'étouffer mes gloussements tandis que ma meilleure amie me fait les gros yeux. Cameron, lui, commence à prendre le chemin de la sortie et se ravise au dernier moment. Il fait demi-tour et vient m'offrir un dernier baiser avant de partir. 

THE WAY - LE MENSONGEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant