CHAPITRE CINQUANTE-CINQ

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« Je suis désolé »

Ces mots résonnent en boucle dans ma tête depuis trois jours. Trois jours interminables que j'ai passé à pleurer entre les bras de Violet. Je ne me suis pas nourri correctement et je n'ai pas réussi à fermer l'oeil plus de trois ou quatre heures d'affilés depuis que j'ai compris qu'il était parti. J'ai pris ses mots comme un adieu, comme s'il m'avait quitté. J'ai souffert le martyr jusqu'à ce que ma meilleure amie me force à essuyer mes larmes. Entre temps, j'ai continué à appeler Cameron en vain. Il n'a jamais répondu. Je n'ai rien lâché pourtant. Je veux toujours entendre sa voix, qu'il me dise qu'il s'excuse d'être parti, qu'il va bien et qu'il rentre à la maison. Je prie pour que cela ne tarde pas. Je me sens perdue sans lui. Je ne sais même pas où il est. J'ignore même s'il est encore à Denver. Il n'a donné de nouvelles à personne. J'ai été tenté de téléphoner à sa mère mais je me suis ravisée. Elle est bien la dernière personne chez qui il irait se réfugier. Je ne sais donc pas où il se trouve et ça me rend folle.

Violet m'a littéralement ramassé à la petite cuillère depuis qu'il est parti sans plus donner de nouvelles. Elle m'a forcé à manger, à me laver et à relativiser. Elle n'a cessé de me répéter que les choses allaient forcément s'arranger et que Cameron avait sûrement besoin d'un peu de temps pour digérer notre dernière dispute. Seulement, je le connais mieux que personne. Cam n'est pas du genre à faire un simple break. Non, impossible. J'ai plutôt la sensation qu'il est parti pour ne plus jamais revenir. Je me sens abandonnée et sans plus aucun repère. Je ne suis plus quoi faire, je ne sais plus quoi dire. Je me suis donc peu à peu muré dans un silence qui me réconforte. Je n'ai pas envie de décrire ma peine qui est si douloureuse. Je ne peux que vivre avec. Son manque se ressent déjà. J'ai été habitué à le voir presque tous les jours pendant un an et voilà qu'aujourd'hui il ne répond même plus à mes appels.

Je passe désormais mes journées à me demander où il est, avec qui et ce qu'il fait. J'espère qu'il va bien, qu'il ne s'est pas mis dans de beaux draps. Je prie pour qu'il m'envoie un message à chaque seconde qui passe. Juste un message, c'est tout ce que je souhaite. J'ai trop l'impression d'être sur une corde raide au dessus du vide. J'ai perdu mon pilier. Je ne sais plus comment vivre sans sa présence à mes côtés.

Dans l'avion qui me conduit à New-York où je vais bientôt retrouver ma famille, je ne cesse de penser à lui. Je revis les événements de ces derniers jours et je compose tant bien que mal avec ma douleur. Le manque de lui est si fort que j'ai eu un mal de chien à monter dans cet avion, à trouver le courage de partir à l'autre bout des États-Unis. Je sais que ce n'est l'histoire que de quelques jours mais je n'arrive pas à m'y faire. J'aimerais être impatiente et contente de retrouver les miens mais mes pensées sont irrémédiablement tournés vers Cameron.

Assise sur mon siège, près du hublot donnant une vue impressionnante sur la Grosse Pomme, je ne peux m'empêcher de renifler le tissu en laine bleu marine de mon pull.

De son pull, tu veux dire.

Avant de partir de Denver, j'ai couru jusqu'à l'appartement pour y trouver ce sweat-shirt qu'il porte si souvent et que j'adore. Sam et Tim m'ont laissé faire. Je sais que je leur fais pitié. Ils m'ont vu faire ma crise d'hystérie lorsque j'ai tout découvert. Je ne leur ai pas porté attention pour autant. Je ne veux pas de leurs regards compatissants. Ils me font me sentir plus minable qu'autre chose. J'ai donc pris le pull ainsi que quelques t-shirts que Cameron a laissé dans son placard et ai emporté le tout avec moi. J'avais besoin d'emmener son odeur avec moi. Elle me rassure et me fait du bien. Elle me donne l'impression éphémère qu'il est là avec moi.

Je sens donc ce pull en laine fine qui me le rappelle. Son manque me fait mal physiquement. J'ai l'estomac creux et la gorge serrée en permanence. Mon esprit est ailleurs. Je ne suis plus capable de rester concentrée bien longtemps sur quelque chose d'autre que lui, que son départ. Il a totalement accaparé mes pensées.

THE WAY - LE MENSONGEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant