CHAPITRE SOIXANTE

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CAMERON

Tout est noir autour de moi. Tout est flou mais je sais où je me trouve. Je reconnais les couloirs de la résidence où Emery habite. Il doit faire nuit car toutes les lumières sont éteintes et il n'y a pas un bruit à l'horizon. On dirait que tout le monde a déserté les lieux. Pas même une mouche ne bourdonne. C'est le silence total. Je pense que tous les résidents dorment à point fermé. Ou alors, je suis seul.

Instinctivement, je me mets à marcher le long du grand couloir menant aux chambres. J'ai l'impression que ce corridor est interminable. Je n'en vois pas le bout, je ne vois que du noir à perte de vue. J'avance quand même en prenant le temps d'écouter autour de moi. Toujours aucun bruit. Je marche prudemment. Un mauvais pressentiment me tord l'estomac. Je ne sais pas ce que c'est. J'ai la sensation que quelque chose de malsain plane dans l'air. Tout ça ne me plaît pas du tout.

J'avance pas après pas en sachant où je dois aller. Je ne suis pas ici sans raison. Je dois aller la voir. Elle doit être dans sa chambre. Je l'espère, en tout cas. Le silence est tellement prenant que je commence véritablement à croire qu'il n'y a pas un chat dans le coin. L'absence de vie est angoissante. Je ne me sens pas bien ici. J'ai le sentiment d'être de trop comme si je n'étais pas du tout à ma place. J'ai pourtant traversé ce couloir si souvent. Je connais le chemin comme ma poche. Je ne devrais pas me sentir si mal à l'aise dans cet endroit.

Alors que j'approche de la porte de sa chambre, un son étouffé me stoppe net. Je me fige et tend aussitôt l'oreille en croyant un instant avoir rêvé. J'ai pourtant bien entendu quelque chose. Je franchis sur le bout des pieds la distance qui me sépare de la porte et colle presque mon oreille à celle-ci. Je crois que le bruit venant de là.

Plusieurs secondes passent sans que rien ne se produise. Le silence est toujours aussi envahissant. J'ai la désagréable sensation que le noir qui règne autour de moi est en train de m'engloutir. J'essaie de garder mon calme mais je sens mon pouls s'accélérer. Quelque chose cloche. Je ne sais pas ce que c'est mais il a définitivement quelque chose qui n'est pas normal.

Soudain, le bruit recommence.

Je le reconnais tout de suite. C'est le son de quelqu'un cherchant à faire taire ses pleurs. De l'autre côté de la porte, quelqu'un sanglote. Je comprends rapidement qu'il s'agit d'elle. Emery est en train de pleurer. Elle aussi est sûrement dans le noir. Seuls ses gémissements plaintifs résonnent dans le silence ambiant. Il n'y a qu'elle et sa peine.

Mon coeur se contracte douloureusement dans ma poitrine, mes joues s'échauffent et mon corps se fait raide. Je déteste la savoir malheureuse. Je sais qu'elle pleure à cause de moi. C'est moi qui lui fait du mal. Je souffre de la mettre dans cet état-là. Il faut que je la vois, que je la rassure, que je la console. Je ne peux pas rester là sans rien faire alors qu'elle est à quelques mètres de moi et qu'elle pleure à chaudes larmes. Je suis incapable d'ignorer sa douleur surtout lorsque celle-ci est le produit brut de mes mauvaises actions. Je ne peux pas rester éternellement derrière cette porte. J'en suis incapable. Son malheur fera toujours le mien.

D'une main tremblante, j'ouvre donc la porte en tournant lentement la poignée. Celle-ci s'ouvre en un grincement inhabituel. Le son criard brise le silence le temps d'un instant. Il y a véritablement une atmosphère louche ici. Je me sens de plus en plus mal. C'est comme si j'étais dans un film d'horreur sauf que, cette fois-ci, je ne suis pas devant ma télé. J'en suis l'un des acteurs.

La vision qui se présente à moi me retourne le coeur.

C'est la chambre d'Emery sans vraiment l'être. Le lit de Violet a disparu et celui d'Emery trône au centre de la pièce alors qu'il est normalement dans le coin droit. Je ne vois pas vraiment ce qu'il y a autour. Tout est flou mise à part de lit où un corps frêle est allongé.

THE WAY - LE MENSONGEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant