CHAPITRE QUATRE

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CAMERON

Quand je me gare enfin devant la maison des Carlson, mon coeur bat à toute allure.

Je ne m'attendais pas à recevoir cet appel en catastrophe d'Emery. J'étais seul à l'appartement quand j'ai vu son nom s'afficher sur l'écran de mon portable. Ça faisait si longtemps que ça n'était pas arrivé que j'ai cru pendant une seconde à un rêve. J'ai rapidement déchanté quand j'ai entendu la panique et le désarroi suintés dans sa voix. Elle avait l'air dans tous ses états et mes sens se sont tout de suite mit en alerte. Elle n'a pas voulu me dire ce qu'il y avait mais je n'ai pas eu besoin d'explications immédiates pour comprendre que ça n'allait pas du tout. Elle m'a paru hors d'elle à tel point que sa voix tremblait à l'autre bout de la ligne. J'ai commencé à paniquer mais je me suis forcé à garder la tête froide. Il fallait que je sois prêt à l'aider quel que ce soit le problème et les circonstances. Je devais être en possession de tous mes moyens pour pouvoir réagir aussitôt. Elle avait besoin de moi alors je n'ai pas hésité lorsqu'elle m'a demandé de venir la chercher. Je n'ai pas pensé au fait que nous ne nous étions pas vus depuis des mois. Je n'ai pas réfléchi à tout ce qu'il y avait entre nous.

Alors, j'ai prit ma voiture et j'ai foncé vers l'autoroute. Le trajet m'a semblé interminable. Trois heures de route me séparait d'elle. J'ai dépassé les limitations de vitesse en espérant que ça me ferait gagner du temps. J'ai tout même fait attention. Je n'ai pas roulé comme un dératé au risque d'avoir un accident. Nous avons déjà eu notre dose de ce côté-là. Nous n'avions pas besoin d'un nouveau drame.

Lorsque je suis enfin arrivé en ville, j'ai tout de suite mit en route le GPS sur mon téléphone. Emery m'avait envoyé l'adresse entre temps. J'ai ralenti la cadence sur les petites routes mais n'ai pas traîné non plus.

Maintenant que j'y suis, je suis nerveux. Horriblement nerveux. J'ai peur de la revoir. J'ai peur de découvrir ce qui l'a mit dans un état pareil au point qu'elle m'appelle au secours. Je crains de ne pas être à ma place. Je sais que son père me déteste. Je doute qu'il soit d'accord avec le fait de la laisser partir avec moi. Il m'a dans son viseur depuis l'accident. Il me juge comme responsable de ce qui est arrivé à sa fille et je ne peux pas lui en vouloir. Je le pense aussi. Ce qui m'effraie c'est de devoir me retrouver entre Emery et lui. Je suis convaincu que ce départ soudain n'est pas son idée. Je sais pertinement que si elle me supplie de l'emmener, je ne pourrais pas le lui refuser. Je n'aurais pas la force de la laisser là. Je dois être prêt à m'interposer entre eux. Je serais de son côté coûte que coûte. Il n'en est pas possible autrement.

Assis derrière le volant de ma Ford Thunderbird, je prend une minute pour me préparer psychologiquement à la suite. Je ne sais pas comment je vais être accueilli. Je préfère m'attendre au pire dès maintenant. En vitesse, j'imagine deux ou trois scénarios ainsi que les mots adéquats que je pourrais utiliser pour faire face à la tempête. J'essaie malgré tout de relativiser.

Je prend alors une dernière inspiration et m'apprête à sortir de la voiture lorsque la porte de la maison s'ouvre.

Mon corps se fige tout entier.

Emery est là. Elle n'a pas changé. Elle est toujours belle à en crever. Il a beau faire nuit, elle illumine mon monde tout entier. Avec ses cheveux blonds remontés en chignon sur sa tête et son gros pull en laine, elle m'éblouit. Je ne trouverais jamais plus belle qu'elle. Elle n'a besoin de rien pour être magnifique. Pas de maquillage, pas de vêtement affriolants, pas de bijoux à foison. Elle est époustouflante au naturel.

Mon corps et mon coeur vibrent de la retrouver enfin. Elle m'a tellement manqué. J'ai si souvent rêvé de ce moment où nous allions nous revoir après cette séparation. Je meurs d'envie de courir vers elle pour la prendre et l'emmener au bout du monde là où personne ne pourrait plus nous déranger.

THE WAY - LE MENSONGEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant