CHAPITRE QUARANTE-DEUX

261 12 0
                                    

CAMERON


Bordel. BORDEL. Il me faut un verre. Tout de suite.

Emery est partie se coucher sans moi. Je suis seul comme un con avec en mémoire les mots qu'elle m'a envoyé à la gueule quelques minutes plus tôt. Je me sens comme une merde. Elle m'a mis plus bas que terre. Je l'ai déçu, je le sais. Elle a la violence en horreur. Elle est si douce et sage et, moi, j'en suis le total opposé. Je me suis comporté de la pire des façons. Je n'aurais pas dû faire ça mais je n'ai pas pu m'en empêcher. Je ne connais pas d'autre moyen que de frapper quand je me sens en danger ou que la colère prend le dessus sur tout. Je me suis conduis comme une bête et elle a eu peur de moi.

Bon sang, ça me rend malade.

Je me lève précipitamment du canapé et fonce vers la cuisine. J'ouvre directement le placard qui m'intéresse et en sors une bouteille à moitié pleine de whisky. Je fais sauter le bouffon et appuie le goulot contre mes lèvres. Je bois deux ou trois rasades d'un seul coup.

L'alcool me brûle la gorge mais je m'en fous. La douleur est toujours plus supportable que le poids des remords. J'étouffe rien qu'à l'idée d'avoir pu l'effrayer. Je ne pensais pas pouvoir un jour en arriver là. Elle sait que je ne lui ferais jamais de mal. Pas de cette façon, en tout cas. Je ne la toucherais jamais. Je tuerais même celui qui oserait la cogner. Je ne peux pas croire qu'elle ait pu m'imaginer lui faire ça.

Tu m'as fait peur.

Ses mots résonnent dans ma tête.

J'avale deux gorgées de plus pour faire taire sa voix.

Je ne veux pas l'entendre. J'ai peur de moi à présent. Je sais que je ne suis pas capable de la frapper. J'ai seulement perdu le contrôle pendant quelques minutes. Malheureusement, ça a suffit pour l'effrayer et lui donner une image de moi qui me répugne. Je ne veux plus jamais qu'elle me voit comme ça. Je me dégoûte à un point inimaginable. De plus, je ne supporte pas le fait qu'elle se soit couchée en pensant à mes coups et ma colère. Elle est dans mon propre lit sans moi. Je ne lui en veux pas d'être furieuse contre moi. Je le mérite amplement. J'ai merdé et je ne peux m'en prendre qu'à moi-même.

-Putain, quel con, marmonne-je.

Je n'ai aucune excuse pour ce que j'ai fait. Je pense que mon appréhension en ce qui concerne la journée de demain y est pour quelque chose. Seulement, ce n'est pas une raison valable pour partir totalement en vrille comme je l'ai fait.

Lorsque j'ai vu ce trou-du-cul près d'elle, j'ai tout de suite vu rouge. Il l'a tenait par les épaules comme s'ils étaient ami depuis une éternité. Il se prenait pour un vrai play-boy. Je voyais pourtant qu'Emery pensait tout le contraire. J'ai aussitôt vu à son visage qu'elle n'était pas à l'aise. Sa présence la dérangeait. Je connais ma copine par coeur. Je sais qu'elle n'aime pas l'inconnu. Encore plus quand celui-ci la touche comme si de rien était. Elle n'aimait pas qu'il soit si proche.

Quand je me suis approché, je l'ai entendu lui demander de retirer son bras. Il ne l'a pas fait. Elle a réitéré sa demande une seconde fois. Il a fait comme si il n'entendait rien. Son comportement de connard m'a mit hors de moi. Je voulais seulement qu'il dégage mais ce con s'est mit en tête de jouer au plus malin avec moi. Il fallait que je lui démolisse le portrait. C'est ce que je me disais, en tout cas.

Une délivrance salvatrice m'a étreint dès que le premier coup est parti. Je ne pouvais plus m'arrêter. Ma rage était trop puissante. Elle me dévastait. Je devais en faire quelque chose. J'ai déversé toute ma haine sur lui. Je ne pouvais pas faire autrement. La colère était si forte en moi qu'elle en était presque douloureuse.

THE WAY - LE MENSONGEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant