L'oeil s'ouvre à six

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Diana

Je flottais au milieu d'une eau calme et paisible. Mon esprit était conscient, mais dans un univers qui ne ressemblait pas à ce que je connaissais. C'était un curieux mélange d'images, de couleur, et de sons que je n'arrivais plus à interpréter. Tout me paraissait flou. Et je flottais là, seule. Doucement entraînée par le courant vers la terre luxuriante que je voyais au loin. J'ignorais depuis combien de temps j'étais là. Des jours, des mois des années ? Qu'est-ce donc, déjà, le temps ? Il me semblait être suspendue entre deux mondes.

Et au milieu de tout ce silence, j'entendis des voix familières. Des chuchotements tout d'abord. Elles me parlaient. Mais les mots semblaient me frôler, si bien que je ne comprenais pas ce qu'elles me disaient. Puis elles s'intensifierent, encore et encore.

Mon corps commenca alors à s'éloigner de la terre que j'aspirais tellement à atteindre. Les voix se superposaient les unes aux autres dans ma tête avec force. Toujours incompréhensibles...

"Reviens... laisse pas... reviens..."

Et au fur et mesure quelles devenaient de plus en plus forte, je senti quelque chose en moi se réveiller. Je chavirais tout à coup et me retrouvais à patauger dans l'eau, incapable de nager.

"Reviens... reviens..."

Je me débatais, paniquée, mais c'était inutile : j'étais en train de couler. Je poussais alors un cri et l'eau s'engouffra dans mes poumons et je disparu sous la surface.

"Reviens... reviens... reviens..."

Mon corps tomba lentement au fond de l'eau. J'étais incapable de bouger. Ni de respirer. Je ne ressentais que le vide immense des abysses.

"Reviens... reviens... Dina !"

Et j'ouvris les yeux.

•••
Tarik


J'entends un téléphone sonner au loin.

- Tarik... Tarik !

J'emmerge doucement du brouillard. J'suis allongé sur le ventre, totalement khabat. Je me remémore doucement la soirée de la veille. Mon cendrier est plein de joint, la chambre encore remplie de fumée pas totalement dissipée. J'ai aucune idée de l'heure qu'il est mais il fait à peine jour.

- Tarik, putain !

Je lève la tête d'un coup. Mon frère est à côté de moi, les yeux encore endormi mais l'air paniqué.

- Tarik, ton téléphone ! C'est l'hôpital !

Je me redresse d'un coup et je prends le téléphone qu'il me tend. Je me suis levé trop vite, j'ai la tête qui tourne mais je réponds rapidement, la voix rauque.

- Allô ?
- ...

Je suis pas sûr d'avoir bien entendu. Je fais répéter la meuf au bout du fil. Mon frère est assis sur mon lit et il me tema en me faisant des signes avec ses mains pour comprendre ce qui se passe. Je sais pourquoi il a pas répondu lui même : il avait la trouille. Quand je capte enfin ce que l'infirmière ma raconte, mes yeux s'arrondissent.

- J'arrive tout de suite ! je fais avant de raccrocher.

Je jette mon téléphone et je met à cherche mon tee-shirt et mes pompes.

- Il s'passe quoi ?! fait Nabil.

Je réponds pas tout de suite, trop occupé à récupérer mes affaires. C'est le zbel dans ma chambre, y a du bordel partout. Je me met à quatre pattes pour regarder sous le lit si je trouve ma basket gauche, et bingo, elle y est. Je me dépêche de l'enfiler pendant que mon reuf me cuisine en panique.

NANAnère (PNL)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant