Sous Jamaïca

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Tarik

J'suis assis sur le lit, en train de fumer mon troisième joint de la soirée. Je recrache la fumée et je la regarde se dissiper dans l'air. La pièce est plongée dans le noir, mais le volet laisse passer un rayon de pleine lune qui balafre mon visage. J'ai envie de penser à rien, de me vider la tête, mais j'y arrive pas. Une main de femme vient se poser sensuellement sur mon bras. Mais ça me fait aucun effet. Elle descend lentement sur mon torse nu. Elle se met à caresses mes pecs, avec des petits mouvements. Je reste immobile, comme une statue. Froid comme le marbre. Y'a que la fumée qui sort de ma bouche qui me prouve que j'existe.

- Tu veux pas alors ? dit la go en soupirant.

Nan.

- Pas maintenant, j'fais.
- Tu veux dormir ici ?

Nan, mais j'ai la flemme de l'entendre geindre, alors j'réponds le contraire.

- Ouais.

Elle se couche et tire les draps sur elle. Je m'allonge à côté, mon cône au coin du bec, les bras derrière la tête. Elle pose sa main sur mon torse et elle tarde pas à s'endormir. Moi je dors toujours pas. Il est 2h du matin et j'suis khabat. J'ai pleins de trucs dans la tête. Trop de trucs. Ça aucun sens. Je comprends pas. Je comprends pas... Je me lève, son bras tombe lourdement sur le lit, mais j'fais à peine gaffe. J'enfile mon tee-shirt, ma veste, mes pompes et j'me tire.

J'roule toute la night. J'sais que j'devrais pas, parceque j'suis tellement pété que j'ai du mal à ouvrir les yeux, j'vois même pas les lignes blanches sur la route. Mais c'est le seul truc qui m'aide à m'détendre quand j'suis comme ça. J'sais même pas c'est quoi mon problème. Mais j'essaie même plus de comprendre, je fais juste avec...

Quand je rentre chez oim, c'est déjà l'heure de fajar, mais j'prie pas. J'ai trop honte de me présenter à Dieu comme ça. Cette nuit j'ai laissé aucun péché. Avec moi Sheitan il fait des heures sup'. Même lui des fois il me dit "on arrête pour aujourd'hui, Tarik, j'suis crevé". C'est la merde dans ma tête, c'est la merde dans ma vie.

J'rentre dans ma chambre et j'tombe raide mort sur mon lit. J'ai envie de rire et de pleurer. De vivre et de mourir. J'ai envie de tout. J'ai envie de rien. J'déteste quand ça me fait ça. Y'a des jours comme ça où y'a rien qui va. Et j'peux rien faire, juste attendre que ça passe. Mais des fois ça passe pas. Je m'habitue juste...

J'vois le Coran que Dina ma offert sé-po sur ma table de chevet. J'me dis que ce serait peut-être le bon moment pour lire un peu. Mais j'arrive pas. Alors j'tourne ma tête de l'autre côté et les premières notes de Luz de Luna résonnent dans ma tête. Eh Tarik, comment tu vas ? dit la p'tite voix.

- Ça va... comme tous les jours... j'ai l'demon, faut tempérer...

J'me sens sale, j'me sens seul. C'est pile à ce moment là que je reçois un message sur mon tel... et c'est comme si un rayon de soleil avait percé le brouillard dans ma tête.


•••
Diana


J'avais décidé de donner des cours à Kais pour lui faire rattraper son retard. Et il s'en était plutôt bien tiré ! Il avait eu de très bonnes notes qui avait un peu remontées sa moyenne. J'étais extrêmement fière de lui !

- J'pige rien aux probabilités !
- Mais je suis en train de t'expliquer, arrête de t'énerver et écoute un peu !

Autant le français était un de ces points fort, autant pour les mathématiques c'était une toute autre histoire ! J'étais chez Kais, nous étions tous les deux installés dans sa chambre à son bureau depuis 8h30 ce matin. Des que j'avais amener les filles à l'école, j'étais rapidement rentrée pour l'aider dans ses leçons. Enfin j'essayais !

NANAnère (PNL)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant