Un fou au grand coeur

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Diana

On était début octobre. Le temps commençait à devenir humide et froid. On avait sorti les écharpes et les bottes de pluies. J'avais commencé les cours à la fac et la rentrée avait été quelque peut... décevante. Le 1 er jour avait réellement été le pire de tous. En effet je m'étais perdue a l'intérieur même du bâtiment, cherchant désespérant ma classe pendant plus d'une demie-heure. Et après l'avoir enfin trouvé, je me suis vue "gentillement" renvoyée du cours à cause de mon retard. Mes professeurs ne m'aimaient pas beaucoup. On chuchotait à mon passage et plusieurs fois j'ai même reçus des boulettes de papier imbibés d'encre en plein milieu de l'amphi ! La rumeur selon laquelle j'avais été pistonnée se répandit aussi vite que qu'une traînée de poudre. Rumeur qui, en soit, n'était pas totalement fausse finalement. Même si je préférais plutôt appeler cela une "opportunité". Je compris vite que me faire une place ici ne saurait pas aussi simple qu'aux Tarterêts...

Fort heureusement tout se passait bien de ce côté là. Je m'entendais avec tous mes voisins. Les garçons étaient toujours très protecteurs avec mes filles. Si bien que je les laissaient parfois jouer dehors avec les autres enfants sous l'œil vigilant de Casper ou même de Tyson. La communauté aux Tarterêts me rappelait beaucoup celle que j'avais laissé en Algérie : soudée, fraternelle et bienveillante.

Depuis ce fameux repas chez khalti Warda il y a trois semaines, Nabil n'a pratiquement pas quitter la cité. Je le croisais presque tous les jours en bas du hall de mon immeuble, tantôt assis sur les marches, tantôt à jouer avec le chien de Kaïs. Mais malgré cela, je n'ai pas vraiment eu l'occasion de lui parler. Lorsqu'il me voyait, il se contentait de me faire un petit signe de la main, parfois un discret "salam". Il ne venait jamais vers moi, à l'inverse de Macha, Casper, Naha ou encore Kaïs qui me faisait même la bise. Peut-être était-il trop pudique pour venir me parler devant ses amis ?

On était lundi et j'étais la boutique, comme tous les autres jours. Dehors le temps étais gris et humide. Pour m'occuper entre deux clients, je lisais des bouquins. Il devait être au alentour de 15h lorsque la porte s'ouvrir sur un nouveau client, faisant tinter la petite clochette accrochée à l'entrée. Je levait les yeux de mon livre et mon regard croisa celui de Nabil.

- Oh ! fit-il.

Il avait l'air aussi surpris que moi de me voir ici.

- Salam allaykoum, dis-je en souriant timidement. J'peux t'aider ?
- Euh.... bah en fait... il se frotta l'arrière de la tête, hésitant. Il est pas là le chef ?
- Non il ne travail pas aujourd'hui, mais il sera là demain matin normalement, lui dis-je.
- Ah OK... il regarda dans le vide quelques instants, semblant réfléchir.
- Je peux lui dire que t'es passé ?
- Non pas la peine, je voulais rien de spécial, fit il. Enfin juste le voir quoi, c'est tout. Mais j'reviendrai la prochaine fois.

Il sorti du magasin sans ajouter un mot, me laissant perplexe. Mais il revient quelques secondes plus tard.

- Euh... en fait... j'vais t'prendre un paquet de pépite pendant que j'suis là, dit-il.

Je souris et lui pris un paquet de pépite salé sur l'étagère derrière moi.

- Voilà, ça fera 80 centimes, s'il te plait.

Il mit la main dans sa poche et sorti de la petite monnaie. Je le regardait rassembler plusieurs pièces de 10 ou 20 centimes. J'avais l'impression qu'il prenait tout son temps. Ses gestes était lents et lourd. Il leva les yeux vers moi et me tendit quelques pièces. J'ouvris la caisse et encaissais son achat tandis que je sentais son regard sur moi.

- Voilà, dis-je en lui donnant le paquet.

Il le pris et resta là quelques secondes à me fixer. Il ouvrit la bouche pour parler... puis se ravisa.

NANAnère (PNL)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant