Welcome to Gris-land

3.8K 163 96
                                    

Diana

Paris, trois ans plus tard...

Je regardait le paysage défiler par la fenêtre du TGV sans grande attention. Il pleuvait beaucoup. Des grosses gouttes de pluies venaient s'écraser contre la vitre, et j'y voyais mon reflet qui semblait pleurer.

Mes filles dormaient profondément sur leur siège, tout près de moi. Il faut dire que ce fût une sacrée journée !

Nous étions littéralement épuisées toutes les trois, et j'avais qu'une hâte, c'était d'arriver enfin dans notre nouvel appartement. J'espérais juste que les déménageurs n'auraient pas de contre temps, car ils étaient sensé arriver avant nous pour déposer toutes nos affaires.

Nous allions nous installer à Paris. J'avais encore du mal à le croire ! Bien sûr, c'était mûrement réfléchi. Je ne partais pas sur un coup de tête. Ce n'était absolument pas mon genre. Mais ce déménagement, c'était un peu une nouvelle page qui se tournait pour nous. Nous nous y préparions depuis longtemps.
Il y'a trois ans de cela, mon professeur de psycho à Alger m'avait conseiller de prendre rendez-vous avec le directeur d'une grande fac à Paris, qui était un ami a lui. Il avait sérieusement insisté pour que j'y poursuive mes études.

- Vous savez, vous aurez bien plus d'opportunités à Paris, m'avait il dit. Même si le changement peut être difficile, n'oubliez jamais : toutes les histoires commencent par une page qui se tourne.

Je n'avais pas vraiment compris la métaphore sur le moment. Mais là je saisissait plus que jamais la profondeur de ces paroles. Oui c'était un nouveau départ. Et j'en avais besoin... Il m'avait fallu trois ans pour me lancer. Alors seulement, j'ai pris le large et je suis revenue en France. J'arrivais tout droit d'Algérie, avec un licence en psychologie en poche, et quelques meubles que j'avais récupéré chez ma grand-mère en passant par Lyon. J'avais réussi à trouver un travail avant même de m'installer à Paris. C'était une chance inespérée dans notre situation et je comptais bien en profiter à fond. 

La vie n'avait pas été facile avec nous ces derniers temps. Après la mort de mon mari, j'avais élevée mes enfants pratiquement seule. Ma mère m'avait acceptée quelques temps chez elle, a Alger, mais je me suis sentie bien vite de trop. J'avais alors habitée avec mes filles dans un HLM misérable de la banlieue de la capitale. Pendant presque deux ans, notre vie a dansé sur un seul rythme : "métro, boulot, dodo". Ça, plus mes cours à la fac évidement. Je travaillais, de nuit, dans une usine de biscuit pour un salaire qui me suffisait à peine à payer mes charges. Je laissais derrière moi mes filles dormir, non sans avertir ma gentille voisine, qui s'occupait d'aller jeter un œil chez moi toutes les heures de la nuit, pour surveiller que tout se passait bien. C'était devenu très difficile pour toutes les trois. Je voyais cette nouvelle vie à Paris comme une chance, mais je n'étais pas dupe non plus. Je savais bien qu'il nous faudrait nous faire notre place...

Quelques heures plus tard, la train arriva enfin à la Gare de Lyon et déjà je ressenti un petit pincement au cœur en descendant sur le quai. Mon Algéria allait terriblement me manquer. Mais n'aie crainte, mon amour, je te reviendrai un jour, forte et diplômée, et je te servirais comme ont servis nos martyr autrefois. Avec courage et dignité. Car j'avais la secrète ambition d'ouvrir, un jour, un cabinet de psychologue une fois de retour dans mon pays. Si Dieu le veut.

- Oumi, c'est bon, là on est arrivé ? me demanda Bayan pour la énième fois, avec sa petite voix nasillarde.
- Oui... oui on est arrivé, ma chérie, répondis-je en levant les yeux au ciel. Mais t'es encore pire que l'âne dans Shrek toi, hein ?
- Mais... c'est pas ici la maison ? demanda sa sœur, Rayhan.
- Mais non, ma chérie, là c'est la gare. Tu sais, je vous est expliqué. C'est la maison du train. Et maintenant on va prendre le bus et on va arriver dans notre maison, inchaAllah. D'accord ?

NANAnère (PNL)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant