A l'ammoniaque

1.9K 131 189
                                    

Diana

La pluie s'étaient un peu calmée.

Nabil m'avait ramené chez moi en fin de journée. Nous étions passé à la pharmacie pour récupérer mes médicaments. Anti douleur, anti inflammatoire, antibiotiques... je devais me reposer, ne pas forcer, ne pas stresser... J'avais encore le reste de balle dans mon coeur. Le médecin espérait qu'avec le temps le morceau se déplace et se déloge de lui même. Il serait ainsi plus facile à retirer. Pour ma part je n'étais pas pressée de me faire opérer. Je voulais juste retourner chez moi et retrouver mes enfants. Je voulais qu'on me laisse tranquille...

Nabil et le medecin avaient insisté pour que je passe une dernière nuit à l'hôpital, mais je n'en avais pas eu la force... Je ne pouvais plus rester dans ce lit, au milieu de cette grande pièce vide, tout en sachant que Kais n'était plus dans la chambre à côté...

Les laveurs étaient venu pour le lavage mortuaire le soir même. Ils avaient lavé son corps et l'avaient placé dans un liceuil immaculé.
J'avais pu le voir, une dernière fois, accompagnée de Nabil et de la maman de Kais. J'avais peur, mais j'avais encore plus peur de regretter par la suite. Ils avaient retiré les bandages, découvrant sa tête. Il avait les yeux clos, et le teint encore rose, étrangement. On aurait dit qu'il dormait. Il avait le visage calme et impassible, comme lorsque je l'avais vu dans mon rêve, voguant vers cette Terre de salut. Je garderai à jamais l'image d'un garçon doux et souriant, courageux et fort.

Malheureusement son corps devait rester encore quelques jours à la morgue. Il fallait attendre que la paperasse nécessaire à son rapatriement soit en règle. Car la mère de Kais voulait emmener son fils dans ses montagnes, au Maroc. Il allait retourner chez lui... comme il l'avait tant souhaiter.

Le retour chez moi n'avait pas était heureux. Ma seule joie fut celle de retrouver mes filles. Exténuée, je m'étais couchée tôt en prenant les filles près de moi dans mon lit. Mais dès qu'elles avaient fermé l'oeil, je m'étais laissée aller aux larmes...

J'avais accepté la mort de mon ami. Mais c'était tellement difficile... A quoi allait ressembler notre vie sans lui ? Je ressentais le vide, celui que laisse une personne derrière elle lorsqu'elle s'en va. Ce sentiment de vertige qui vous prend aux tripes. J'étais vidée.

Incapable de fermer l'oeil, je me levais alors pour prier dans la tranquillité de la nuit, espérant trouver ainsi un peu de répit... En vérité, il était à peine vingt heure. J'avais besoin de retourner à l'essentiel, de revenir vers Dieu et de me confier. Il avait décidé de rappeler Kais auprès de Lui et je ne devais pas être égoïste. Même si c'était difficile pour ceux qui restait, Kais était parti pour un monde meilleur. Loin des difficultés de la vie. Loin des souffrances. Loin des hommes...

Assise sur mon tapis de prière, je levais les mains pour implorer le pardon de Dieu, pour lui, pour nous tous. C'était un puissant rappel. Le rappel que nous n'étions pas éternels, et que notre vie sur Terre était aussi éphémère que la floraison d'une rose. Aussi fragile et délicate que des ailes de papillon.

Une fois mort, il ne reste plus aucune trace de notre existence. C'est comme si nous n'étions jamais venu au monde. Ne survit de nous qu'un souvenir dans le coeur de ceux qui nous on connu. Juste une image, un son, une odeur. Et quand ils disparaîtront à leur tour, ils emporteront leur mémoire avec eux.

Étais-je prête à rejoindre ma demeure dernière ? Certainement que non. Mais l'ange de la mort ne frappe pas avant d'entrer. Et nous n'ameneront avec nous ni richesse, ni nom célèbre, ni famille... Seulement nos actes et nos intentions...

Nos actes, et nos intentions.

•••
Tarik

NANAnère (PNL)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant