NANAnère (PNL)

Dans la tempête

Tarik

Je marche jusqu'à la porte du comico et j'entre sans hésitation. Y a un flic posé derrière le bureau de l'accueil en train de regarder un film sur son téléphone. Il doit avoir la vingtaine à tout casser. Ils foutent les bleus en garde de nuit, ça me fume. Le flic lève à peine la tête en me voyant entrer. Je m'avance vers lui et me racle la gorge.

- C'est pour quoi ? il demande sans quitter des yeux son écran.
- J'veux m'dénoncer.
- Pour quel délit ? il fait.
- C'est pour un crime...

Le boug lève enfin la tête, les yeux ronds comme des billes. Puis il se lève doucement.

- Euh... je... bougez pas je vais appeler mon supérieur !

Puis il file dans le bureau d'à côté. Je secoue la tête. Pauvre gosse. Quelques secondes à peine, trois flics déboulent à l'accueil... et l'un d'eux est Rani.

Quand il me reconnaît, sa bouche s'ouvre sous la surprise. Il a compris tout de suite.

- Pour quel crimes venez-vous vous dénoncer ? demande son collègue.
- Pour meurtre, je dis simplement.

Il échange un regard avec les autres et sort des menottes de sa ceinture.

- Je dois vous mettre les menottes.

J'opine-du-chef et me tourne pour le laisser me les enfiler. Il me sort alors sa tirade que je connais par coeur :

- Vous êtes en état d'arrestation pour suspicion de meurtre. Tout ce que vous direz pourra être retenu contre vous.

Puis il me demande :

- Pas trop serré les menottes ?

Je lui jette un coup d'oeil en levant un sourcil.

- Nan, je réponds.

Mon regard croise celui de Rani et je détourne les yeux. Je suis pas sensé le connaître, je veux pas lui attirer des ennuis. Je suis amené jusqu'à une pièce fermée. Ils me font asseoir sur une chaise en face d'une table. Je vais passer des longues heures ici, je le sens. C'est que le début.

- Bon. Et si tu nous racontais depuis le début ?

Je raconte toute l'histoire. Évidemment j'évite de parler de mon frère, ou de Rani. Quand j'ai terminé, il est minuit passé. Tous les comico de Paname sont au courant du meurtre du flic. Y a du mouvement dans la salle. Les flics entrent et résortent. Ils sont plusieurs à m'interroger, à me demander des détails.

Certains sont comme Rani, ils ont l'air soulagé qu'il y ait un fou furieux en moins en liberté. D'autre en revanche me traite comme le criminel que je suis, l'assassin. Toute la ville est agitée et je sais déjà que ça va faire les gros titres demain : "Meurtre d'un policer". Je pense à sa gosse, et ça me fout encore plus le cafard. Je lui ai pris son père. Mais j'espère qu'elle comprendra un peu, en grandissant...

Larbi arrive. J'échange un regard avec lui. Bonne chance pour me défendre, mon poto...

On le fait asseoir à côté de moi. Il est sidéré, miskine. Depuis tout à l'heure il tient sa tête avec sa main, le coude sur la table en répétant : "Qu'est-ce que t'as fait ? Mais qu'est-ce que ta fait, Tarik ?". Je suis conscient que j'ai déçu tout le monde. J'ai l'habitude.

Puis tout à coup j'entends du mouvement de l'autre côté de la pièce. Des cris et des insultes. La porte s'ouvre à la volée et un jeune à peine plus âgé que le flic de tout à l'heure entre. Les veuch blond tirant vers le roux et le teint pâlo. Il me regarde, et je lis la haine sur son visage. C'est qui lui ?