Deleted scene #2 : Le squat

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(Version alternative du chapitre « Dans la salle du temps »)
Tarik

Mon téléphone sonne. C'est elle.

- Ouais...
- Salam allaykoum, elle me fait.

Elle a l'air d'hésiter.

- Euh... pardon mais... tu es où ?
- Euh... bah, je suis retourné chez moi.
- Ah...
- Ouais désolé... j'avais besoin de me changer et récupérer deux ou trois trucs.
- D'accord ! Du coup tu revient vers quelle heure ? elle demande.
- Euh... j'ai des trucs à faire là donc...

Je suis gêné de ouf, elle va me prendre pour un zemel, zebi.

- Et Nabil ? elle fait avec une p'tite voix.
- Quoi Nabil ? Je fais celui qui comprends pas parce-que j'ai pas du tout envi d'en parler. Pas maintenant.
- Il a besoin de toi, Tarik.

Et merde. Je soupire. Elle m'énerve elle aussi, elle comprend tout on peux rien lui cacher.

- Nan, crois moi, j'suis la dernière personne qu'il ait envi de voir en ce moment...

Je sais pas trop pourquoi je lui dis ça. Je veux juste raccrocher et penser à autre chose.

- Peu importe, il doit savoir que tu es là pour lui, elle me dit.
- J'suis là et il le sait, je réplique.
- Je vois pas comment il pourrait le savoir...
- C'est mon frère, il me connaît mieux que personne, je la coupe avec un air détaché.
- Et donc tu fuis...

Là, elle a mis le doigt où il fallait pas. Elle m'a cerné direct, et ça m'énerve. J'aime pas qu'on me sortent mes points faibles avant même que je met des mots dessus. Je me sens vulnérable et ça me plaît pas du tout. Je déteste les psy, putain.

- J'fuis rien du tout, je la casse sec.
- Alors tu dois être là quand Nabil va se réveiller !
- J'ai des trucs, je t'ai dis...
- Tarik, on sait toi et moi que c'est absolument pas vrai !
- Mais tu fais rire, toi ! Je t'ai parlé deux fois dans ma vie et tu crois déjà me connaître !

Y a un silence qui s'installe. Il se met à l'aise et se prend même un ptit cocktail. Elle pousse un soupire qui sort du fond de ses entrailles. Elle a le seum contre moi, ça se vois.

- Très bien. Alors quand monsieur sera décidé à parler à son frère, tu me feras signe, si c'est pas trop te demander.

Et elle raccroche. Elle est trop gentille en vrai, moi à sa place j'aurai balancé mes quatre vérités du genre « je te trouve culotté de me dire qu'on se connais pas après que t'ai vidé mon placard à gâteau, mon gel douche et que t'ai pioncé dans mon canapé ». Wallah j'suis un enfoiré.


Diana

Nabil est resté à la maison durant plusieurs jours. J'étais rassurée de le savoir ici plutôt qu'ailleurs. Nous avons longuement discuté tous les deux. Il occupait ses journées entre l'écriture de ses textes et la lecture. On s'était découvert une passion commune pour celle-ci. J'avais du mal à imaginer Nabil plongé dans un roman ou dans des magazine scientifique ou marketing, pourtant c'est ce qu'il faisait la moitié du temps. Il avait littéralement dévoré tous les livres de ma bibliothèque.

- Tiens essai celui là, lui dis-je en posant sur ses genoux un livre à la couverture épaisse.
- C'est quoi l'histoire ? demanda-t-il, intrigué.
- L'histoire du prophète Muhammed, répondis-je.

Il leva les yeux vers moi, et ses lèvres s'étirèrent en un petit sourire.

- Tu t'moque de moi ?
- Non je suis "sah", dis-je en faisant des guillemets avec mes doigts.
- Nana, sérieux, souffla-t-il en laissant tomber sa tête en arrière. T'essaie de me transformer en imam, ou quoi ? Déjà que ça fait trois jours que j'ai pas bu, pas fumé et pas baisé, énuméra-t-il sur ses doigts. Doucement le sevrage ! Je suis en manque...
- Ça va, ça a pas l'air de te déranger tant que ça vu que tu es encore là, répliquais-je en levant les yeux au ciel.
- Je reste juste pour la bouffe, te fais pas trop d'illusion, marmonna-t-il en plissant les yeux.
- Oh j'avais compris ! Mais pour en revenir à nos moutons... lis ce livre, dis-je en lui plantant sur la poitrine.

NANAnère (PNL)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant