Condition

Yoongi

Le froid grignotait son corps avec avidité. Il mordait ses lèvres gercées, enlevant les petites peaux mortes, les rendant encore plus fragiles. Il marchait lentement tentant de se réchauffer en frottant ses mains sur ses fins bras.

Il était mort de froid, littéralement.

Il ne comptait même plus le nombre de jours qu'il avait passé dehors, tant c'était insupportable d'y penser.

Il trébucha et tomba lourdement au sol, peinant à se relever. Il se trouvait dans une ruelle sombre, à plus de vingt-deux heures et il savait que cet endroit était mal fréquenté la nuit. Il poussa sur ses bras pour se redresser mais il retomba vulgairement au sol dans un gémissement plaintif et douloureux.

Il en avait marre, il était épuisé. Il voulait laisser tomber.

A quoi bon vivre si personne ne nous aimes ? Si personne n'est là pour nous ? Pourquoi devoir vivre de tels obstacles ?

Est-ce vraiment ça, la justice ?

Il secoua la tête et rampait comme il le put sur le côté, tentant de se redresser grâce au mur. Il réussi avec difficulté et traîna son faible corps le long du mur. Il y passa de longues minutes jusqu'à ne plus avoir de mur auquel se tenir et de retomber une nouvelle fois dans la neige, le gelant d'autant plus.

Il grelotta tout en fermant les yeux. Il avait envie de mourir, là ici. Personne ne s'en soucierait, personne ne le verrait, il le savait.

Alors il se détendit, relâchant tous les muscles de son corps, acceptant à bras ouverts la mort qui le narguait depuis de trop longues années à présent.

Pourtant il n'avait que dix-sept ans.

Il était si jeune pour mourir, mais trop vieux pour continuer d'accepter cette vie qui ne voulait pas de lui.

Il ouvra son œil gauche en regardant aux alentours. Il n'y avait personne, rien, mise à part une usine qui semblait tomber en ruine.

Peut-être qu'il pourrait s'y abriter pour ce soir ?

Avec tout le courage qu'il disposait, il renonça à accepter son triste sort et se releva. Il se releva avec une extrême lenteur, mais il le fit quand même.

Il marcha doucement, s'arrêtant par moment comme pour reprendre son souffle. Mais enfin, il atteignit ce vieux bâtiment délabré. Il poussa la porte et fut surpris de voir de la lumière derrière une porte un peu plus loin, à quelques mètres.

Il entendait également des cris comme des acclamations, mais il n'était pas sûr.

Est-ce que cet endroit était dangereux et bien pire que le monde extérieur ?

Sans véritablement réfléchir, il se dirigea d'un pas lent vers la source du bruit. Une fois devant la porte, il la poussa et pénétra la gigantesque pièce remplie de centaines de personnes.

Oui, ils devaient y avoir environ deux cent personnes collées les unes contre les autres tout en hurlant des choses incompréhensibles.

Mais étrangement, ça ne fit pas peur à l'adolescent, il était même curieux. Et une faible chaleur semblait naître à l'intérieur de sa poitrine sans qu'il n'en connaisse la raison. Ici les gens le regardaient, mais ne faisaient pas attention à lui, ils ne lui faisaient aucune remarque et semblait même attendris de voir quelqu'un d'aussi jeune.

Il descendit les escaliers qui séparaient la foule rugissante et finit par se trouver tout devant.

Il y avait une scène, et sur cette scène, deux hommes étaient en train de se battre. Ils se battaient avec une violence extrême, voire presque animale tant les coups bestiaux pleuvaient chez l'un comme chez l'autre.