Chapitre 57

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La douleur, la froideur, l'incompréhension.

Mais surtout la douleur.

Tous ses membres étaient tiraillés et le faisait souffrir. Son cœur battait si vite qu'il avait l'impression de l'entendre tout autour de lui.

Oui, c'était ça. Il entendait les bips irréguliers l'envelopper entièrement. Ils faisaient de plus en plus de bruits brisant ses tympans, brisant son être sans qu'il n'en comprenne la raison.

Ces petits sons stridents s'enlaçaient dans une harmonie monstrueuse, cherchant à se toucher de plus en plus, de plus en plus vite.

Pour finalement ne former qu'un seul et même chant ininterrompu. 

Celui de la mort.

Et étrangement, il avait envie de l'accueillir, de se réfugier dans ses bras pour l'éternité. Il sentait qu'il s'était abandonné déjà à moitié à elle, mais pour une raison inconnue, il ne s'en rappelait pas.

Le seul sentiment clair dans sa tête était la tristesse, celui qui nous dévore de l'intérieur, créant un trou béant, nous condamnant à vivre jusqu'à la fin avec cette douleur. Et il n'avait pas envie de ressentir ça.

Et pourtant on l'y obligeait.

Un poids sur sa poitrine.

On le ramenait de force, sans son accord.

Un poids sur sa poitrine.

On le faisait ressentir sa douleur.

Un poids sur sa poitrine.

Et le chant fut de nouveau saccadé.

Et il ouvrit les yeux, doucement, presque avec peur et angoisse. Mais il les ouvrit tout de même, éblouit par une lumière et cette drôle de forme. Mais ce n'était pas celle qui le réveillait chaque matin. Non, cette forme n'avait pas les cheveux blonds mais noirs.

Ce n'était aucun des deux petits anges qu'il aimait.

Et la lumière n'était pas celle du jour qui se levait. Elle était artificielle, fausse et bien trop lumineuse pour ses yeux humides. 

Des sons graves emplissaient tout son univers. Mais ce n'était pas cette voix infantile qu'il aimait tant, ni cette voix mélodieuse qui lui susurrait des mots doux chaque matin et chaque soir.

Il y avait plusieurs personnes et il prit peu à peu conscience du lieu où il se trouvait.

Une pièce entièrement blanche, des fils branchés à son corps, les bips à présent réguliers.

Il se trouvait à l'hôpital.

Il sentait des mains partout sur lui. Combien de personnes étaient-ils ? Une dizaine ? Une vingtaine ? Plus ?

Tout lui paressait si décalé et flou, comme s'il n'appartenait pas à ce monde ou qu'il venait à peine de le découvrir.

Pourquoi se sentait-il si mal ? Pourquoi son cœur semblait se déchirer ?

Puis des voix, des mots, des phrases. Ses oreilles bourdonnaient mais semblaient se calmer doucement, comprenant peu à peu les mots qu'ils sortaient de la bouche d'une seule et même personne.

Il n'y avait qu'une seule voix, pas des dizaines.

Enfin ses yeux commençaient à s'adapter à ce trop plein de couleur et de lumière. Il y avait trois personnes mais une seule ne parlait. Il clignait des yeux comme si ce simple mouvement pouvait le faire mieux entendre.

Une main se posa sur sa poitrine et une autre sur son front. C'était froid.

Froid ?

Pourquoi une seule sensation lui donnait envie de pleurer ?

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