Condition

Chapitre 30

Jimin le cœur lourd et la colère grandissante en lui, se dirigea vers la salle d'entraînement. Il voulait se défouler, oublier et frapper un punching ball si fort qu'il en oublierait l'horrible figure paternelle qu'il avait.

Parfois il se demandait ce qu'il avait en commun avec lui. Mais plus il y réfléchissait moins il en trouvait. Peut-être parce qu'il n'en existait pas. En tout cas il voulait croire.

Mais Jimin ne pouvait pas nier que même s'il ne voulait pas lui ressembler, il empruntait dangereusement le même chemin que lui.

Il kidnappait, torturait, tuait.

Tout ça pour quoi ? Toute son enfance avait été baignée d'un idéalisme de vengeance, d'une presque revanche sur la société. Mais Jimin au fond de lui, n'en avait que faire. Cette vengeance ne lui appartenait pas ou du moins pas directement.

Comme tous les membres de LK, Jimin tuait au nom d'une justice qui ne le concernait pas, en étant camouflée par de belles paroles sur le renversement de cette société purement dystopique. 

Mais ce n'était qu'illusoire et il le savait.

Pourtant il avait eu le choix. Il aurait pu ne pas emprunter le chemin épouvantable et anormal que son père avait quelques années auparavant choisi. Il aurait pu faire des études normales dans une université normale avec des gens normaux. Mais il s'y était refusé.

Parce qu'au début il pensait faire quelques chose de juste, de justifié. Mais il s'était leurré. Il n'y avait rien de juste dans le fait d'ôter une vie. Il n'y avait rien de juste dans le fait d'arracher une personne à sa famille. Il n'y avait rien de juste dans LK.

Et ça Jimin le comprenait peu à peu.

Il le comprenait en voyant la détermination des agents de l'O.I.P. Dans leur manière d'essayer de sauver tout le monde. A contrario, eux tentait de tuer tout le monde.

Douze personnes. A chaque fois. Ce chiffre qui revenait n'était pas anodin. Ce chiffre était une symbolique.

Douze morts, pour se rappeler.

A dix-huit heures pile, pour se rappeler.

Et Jimin prit conscience que si les agents de l'O.I.P. faisaient plus attention, ils auraient les réponses à leurs questions depuis le début. Tout était écrit, il n'y avait aucun secret, aucun détournement. Et c'est justement cette routine, ce cercle qui pourrait coûter très chère à LK.

LK.

Oui, même ces initiales étaient un indice. Rien n'était laissé au hasard. Le créateur de cette organisation criminelle se l'était assuré et se l'assure toujours.

Car même des décennies plus tard, le sentiment de vengeance ne s'était pas amoindri, au contraire il s'était accru et avait atteint un tel niveau, qu'il ne semblait plus y avoir de fin possible.

Pourtant ce n'était pas le but au début.

Il n'y aurait du y avoir qu'une seule vague, juste une. Rien qu'une seule pour se venger. Mais après avoir enfin obtenu en cinq ans ce qu'il désirait, il s'est rendu compte que ce n'était pas assez, qu'il en voulait plus.

La gourmandise est un vilain défaut, n'est-ce pas ? Ça a été le pécher qui a généré sa frénésie meurtrière.

Sa soif de vengeance devenait plus grande alors il ne s'est pas arrêté. Il a recommencé et il dépassé l'ultime limite qu'il s'était imposé.

Mêler son fils à sa propre folie.

Mais son aveuglement était si fort qu'il ne s'était pas rendu compte de ce qu'il faisait. Son fils si jeune à cette époque ne comprenait pas pourquoi son père était de plus en plus absent, pourquoi il ne jouait plus avec lui. Pourquoi son propre père se transformait en monstre.