chapitre 31

13 2 0
                                    

Une sirène de police retentit. Léa se retourna et vit une voiture de police se rapprocher. Elle accéléra le pas et se cacha derrière le tronc d’un palmier. La voiture passa. Vivre dans la peur. Telle était dorénavant sa nouvelle vie. Epuisée, elle échoua sur un banc. C’était dangereux d’y rester mais elle n’avait plus l’énergie pour avancer. La seule force qu’il lui restait était de garder les yeux ouverts et de regarder l’animation de la rue. De l’autre côté de la rue, attablés aux terrasses des restaurants, des hommes et des femmes discutaient, raient, faisaient des projets, s’aimaient. Ils reprenaient goût à la vie, après ces mois d’épreuves. Ils avaient tous une bonne raison d’espérer. Ils portaient la vie en eux.

« Ce n’est pas mon cas. Pensa Léa.  Je ne porte que la mort en moi, le désespoir et le malheur. Je suis un monstre. Cette fugue était une erreur, un acte stupide, irréfléchi et égoïste qui a déjà coûté la vie à 2 personnes. Elle ne put retenir des larmes. Je devrais me livrer à la police et me faire soigner ? »

Elle avait besoin de réfléchir et se dirigea vers la plage. Une légère brise balayait la plage. Léa se mit à l’écart pour ne faire prendre aucun risque aux familles qui profitaient des derniers rayons de soleil. Ils étaient insouciants et heureux et ne se doutaient pas que la mort était si proche d’eux. Et la mort, c’était elle. A cette pensée morbide, un frisson glacial la transperça. Elle devait prendre la bonne décision. Elle s’allongea sur le sable, ferma les yeux et se laissa aller. Quand elle les rouvrit, il faisait nuit. La plage avait été désertée et le vent était tombé. Elle se releva. Ses douleurs étaient moins présentes. Son organisme récupérait vite. Elle marcha vers l’océan et remonta la plage. Elle sautillait pour éviter les vagues qui cherchaient à l’attraper. Si elle avait pu oublier ces 2 derniers mois, elle aurait pu se sentir heureuse. Elle s’écarta des lumières de la ville. Sur le front de mer, les dunes de sable avaient remplacé les maisons. La lumière d’une maison isolée attira son attention. Elle s’en approcha. Un groupe de jeunes s’amusait autour d’un feu de bois. Elle remonta sa capuche, s’arrêta un instant et se demanda si elle ne devait pas faire demi-tour. Une voix l’interpela. Elle accéléra le pas.

- Et toi ! T’es qui ? La voix se rapprochait. Léa se retourna et vit au loin un garçon qui courait vers elle. Elle se mit à courir. Le sable et ses courbatures la ralentissaient.

- Et mec ! Pourquoi tu te tires ? Viens boire avec nous ! Le garçon était sur le point de la rattraper. Léa chercha à accélérer mais elle ne pouvait pas aller plus vite.

- Et mec ! Arrête-toi ! Le garçon lui attrapa le bras et la fit pivoter. Léa reconnut un des garçons de l’autocar.

Le garçon était ivre. Il lui sourit niaisement.

- Mais on se connaît ! T’es la meuf du bus.

Léa ne répondit pas et se remit à courir. Le garçon se lança à sa poursuite en poussant des cris pour l’effrayer. Il lui fit un croque en jambe. Léa tomba de tout son long sur le sable. Elle essaya de se relever mais le garçon était déjà sur elle. Il lui prit les bras et pesa de tout son poids sur sa poitrine.

- Ou tu veux aller comme ça, ma jolie ?

- Lâchez-moi ! Vous me faites mal !

A peine avait-elle prononcé ces mots que le virus avait pénétré dans le corps de l’adolescent.

- J’m’appelle James et toi, c’est comment déjà ?

Léa essayait de se dégager mais le garçon était trop fort pour elle. Il éclata de rire. Son haleine empestait l’alcool. Léa profita de ce moment de relâchement pour lui décocher un coup de genou dans le bas ventre. James poussa un cri rauque et lâcha prise. Léa se libéra de son emprise, se releva précipitamment et s’enfuit.

- Espèce de salope ! Tu vas me le payer !

Léa aurait voulu courir vite. Mais sa volonté se heurtait à ses muscles qui refusaient d’obéir. Le garçon hurlait derrière elle.

- Tu vas me le payer, salope !

Il la plaqua sur le sable et avant même qu’elle ne puisse ouvrir la bouche, lui assena un terrible coup de poing sur le visage. La lèvre inférieure de Léa éclata. Groggy, Léa s’agitait comme un poisson pris dans un filet. Le garçon lui donna un deuxième coup de poing qui finit par l’assommer complètement. Elle déglutit le sang qui coulait dans sa gorge. Leurs regards se croisèrent. Cet excès soudain de violence l’avait un peu dégrisé. Il se sentait mal à l’aise. Il était sur le point de la relâcher lorsqu’il entendit un de ses acolytes l’interpeler.

- James ! Qu’est-ce que tu fous ?

James resserra son étreinte. La voix de son copain lui avait redonné une contenance.

- Greg ! Regarde ce que j’ai choppé !

- Putain ! Mais c’est la meuf du bus !

Greg avait une bouteille à la main. Il était ivre lui aussi. Il se laissa tomber à côté de Léa qui reprenait ses esprits.

- S’il-vous-plait, laissez-moi !

- Tu vas bien boire avec nous ? Grommela Greg

Avant même que Léa puisse répondre, il lui versa de l’alcool dans la gorge. Léa poussa un cri de douleur quand l’alcool brûla sa lèvre ouverte. Elle se redressa d’un bond et recracha le liquide en éclaboussant le visage de Greg. Le virus s’introduit en lui. Greg s’essuya le visage et but une gorgée d’alcool. Il se pencha sur Léa, lui maintint le visage et l’embrassa en l’obligeant à avaler l’alcool qu’il avait gardé dans sa bouche. Il éclata d’un rire gras.

- C’est mieux comme ça !

Léa essayait de se dégager mais James maintenait sa pression. Encouragé par Greg, il l’embrassa à son tour.

- Laisse-moi ! Supplia Léa en tournant la tête à droite et à gauche pour échapper à son étreinte. Greg s’était relevé. Il attrapa les pieds de Léa, lui retira ses chaussures et les jeta à l’eau.

- Et de une ! Et de 2 !

Greg rigolait en regardant Léa se débattre dans le vide. Il tira sur son pantalon de jogging. 

- Non ! Hurla Léa

James la gifla pour la faire taire.

Léa attrapa le regard fuyant de James. Elle n’y vit que le vide.

- Je t’en prie, laisse-moi partir.

L’alcool et l’instinct grégaire avaient fait basculer les deux adolescents dans la folie. Ils n’entendaient pas les suppliques désespérées de Léa.

- Partez ! Vous allez mourir ! Continuait-elle de leur répéter.

Elle se débattait tant bien que mal. Les garçons s’amusaient de la situation. Ils avaient l’impression de dresser un animal sauvage. Léa était à bout. Ses forces l’abandonnaient. Un des garçons chercha à lui arracher sa culotte. Elle rua encore une fois pour l’en empêcher mais elle ne put rien faire. Elle sentit une main fouiller son sexe sans ménagement. Elle se contracta de toutes ses forces. Plus elle se refusait à eux et plus ils insistaient. Plus elle criait et plus ils riaient. Plus elle les suppliait d’arrêter et plus ils l’insultaient. Bientôt, elle n’entendit plus que leurs grognements. Ils la retournèrent sur le ventre. Un des garçons lui écrasa le visage sur le sable  en lui tordant les bras dans le dos. L’autre chercha à la pénétrer. Il n’y arrivait pas. Il l’obligea à remonter ses genoux sur son ventre et la força sans même se rendre compte qu’elle était encore vierge. Léa poussa un cri de douleur mêlé de désespoir. Son bas ventre avait éclaté. A chaque coup de rein, elle sentait un peu plus sa vie l’abandonner. Anéantie, elle lâcha prise et ne chercha plus à résister. Un des garçons s’activait en elle comme un soudard. Il se soulagea. L’autre prit la suite. Il la pénétra d’un coup, éjacula presque immédiatement et se retira.

- Allez ! On se tire !

Les deux garçons partirent précipitamment. Le virus avait déjà causé des dommages irrémédiables dans leur organisme. Léa resta figée dans sa posture indécente. Elle s’était éteinte. Une bourrasque de vent venue du large la saisit. Elle bascula sur le côté et se recroquevilla en attendant que la mort vienne la prendre.

ToxiqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant