Dick Rocknell raccrocha son téléphone. Il était blême. Le directeur du FBI à Washington venait de lui passer un savon monumental. Les mots raisonnaient encore dans sa tête : incapable, amateur, incompétent. En 30 ans d’administration, personne ne lui avait jamais parlé comme ça. Il avait tenté de se justifier en disant que s’il avait menti, ce n’était que par omission. Il avait présenté Léa Greenberg comme une personne dangereuse et c’était vrai. Les communiqués précisaient de ne l’approcher sous aucun prétexte. Et si on n’avait pas précisé qu’elle était porteuse du Virus X, c’était à la demande de Washington pour éviter de créer un mouvement de panique dans la population. Quant à son appartenance à la secte de l’Oeil de Dieu, elle était tout fait plausible. Les membres de cette secte avaient le profil de Léa Greenberg : jeunes, radicalisés et prêts à se sacrifier pour leurs idées. Plusieurs bâtiments du gouvernement avaient été attaqués ces dernières semaines par les membres de cette secte. Il butta sur son incapacité à l’arrêter. Sur ce point, il s’embourba dans des explications piteuses : manque de temps et de chance. Rocknell comprit que quoiqu’il dise,son sort était scellé. Il fallait que des têtes tombent et il était le bouc-émissaire idéal en tant que directeur adjoint du FBI de la Côte Ouest en charge des opérations spéciales. Sa tête permettrait de focaliser tous les mécontentements, de détourner l’attention et ferait gagner du temps. Rocknell savait ce qu’il lui restait à faire. Il rédigea sa lettre de démission.
