chapitre 43

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La UNE du Irvine tribune titrait : « Toxique » et  présentait en gros plan le dessin du visage de Léa Greenberg. L’article émettait l’hypothèse que la jeune adolescente n’était pas une terroriste mais qu’elle était porteuse du Virus X. Il revenait sur son possible itinéraire des deux derniers mois et expliquait pourquoi les autorités déployaient des moyens aussi importants pour la capturer. L’article se terminait par une injonction de la journaliste : « Le gouvernement nous doit une explication ! » Dick Rocknell reposa le journal. Il n’allait pas tarder à recevoir un appel de Washington et il devrait s’expliquer. Et il n’avait pour le moment aucune explication à donner. Aucune. Face à lui, Williams ne disait rien, il attendait l’explosion de colère de Rocknell qui ne tarda pas à arriver.

- Putain, Williams! Pouvez-vous m’expliquer comment des journalistes ont pu en moins de 48 heures remonter la trace de Léa Greenberg ? Pouvez-me dire pourquoi, avec plus de 500 agents déployés sur le terrain, des hélicos, des drônes, un satellite, on n’arrive toujours pas à trouver une putain de gamine de 16 ans ? Il ramassa le journal sur la table, en fit une boule et le lança avec rage au fond de la pièce.

- Pourquoi, Williams ? Hurla-t-il

Williams était à bout de nerfs lui aussi, épuisé par les dernières 72 heures. Il se leva pour faire bonne contenance.

- Pourquoi ? Je ne vois qu’une explication, monsieur le Directeur. Je pense que Léa Greenberg est morte. Je ne sais pas ce qui s’est passé dans cette maison. Mais je crois que Léa y était quand la police est arrivée. Elle a couru vers la plage et s’est dit qu’elle n’avait pas d’autre échappatoire que de fuir à la nage. Nous avons retrouvé ses vêtements et ses chaussures sur le rivage. Elle a nagé et a dû être emportée par les courants qui sont très dangereux dans cette zone. Nous n’avons pas encore retrouvé son corps à cause des mauvaises conditions météo. Mais je pense que ce n’est qu’une question d’heures.

- Vous êtes sûr de votre coup, Williams ? Reprit Rocknell sceptique.

Williams se rassurait avec cette idée mais n’était sûr de rien. Il fallait qu’il donne une explication, il était là pour ça et c’était pour lui la plus plausible.

- Sûr ! Tant que nous n’aurons pas récupéré le corps, je ne serai sûr de rien. En revanche, en diffusant cette info, nous éteignons l’incendie. Si Léa Greenberg est morte, il n’y a plus d’affaire Léa Greenberg.

Rocknell évalua rapidement l’idée. Il la jugea crédible et maligne.

- Et si on nous réclame le corps ?

Williams avait anticipé le coup.

- Je ne dis pas qu’elle est morte. Je dis qu’il y a une forte probabilité qu’elle le soit. Nous pourrons dire à la presse que l’hypothèse la plus sérieuse que nous ayons pour le moment est la mort par noyade. Nous avons de quoi raconter une histoire avec les vêtements retrouvés sur la plage.

Rocknell se leva à son tour et alla ramasser le journal. Il le déplia, regarda le visage de Léa Greenberg et le jeta à la poubelle.

- OK Williams ! Gagnons du temps. Envoyez le communiqué à la presse et je me charge de Washington.

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