Take my hand.

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« Encore. »

NamJoon ne voulait plus, mais il serra ses mâchoires et s'exécuta. L'effort demandé est colossal, sans parler de la douleur qui irradiait l'ensemble de son corps, tels des puissants décharges électriques. La séance venait à peine de débuter qu'il se sentait déjà à bout de force. C'est comme si les muscles de son corps pesait des centaines de kg et qu'ils étaient aussi rigides que du béton et donc, les articuler relevait de l'impossible.

« Doucement, prend ton temps. Il faut que tes muscles et tes tendons reprennent lentement leur mobilité parce qu'ils sont restés dans l'engourdissement trop longtemps. »

« Oui oui, je connais la suite. Les muscles ont une mémoire, donc il faut qu'on leur rappelle. » Répliqua-t-il froidement. On dit qu'après certain temps, le corps commence à s'habituer à la douleur : foutaises ; ce ne sont que des mensonges. A chaque fois, elle devient plus intense, plus aigüe et plus insupportable qu'avant...mais malgré, NamJoon s'appliquait à bien faire. Des fois, il y mettait toute sa volonté mais parfois aussi, il voulait simplement tout abandonner. Lorsque la douleur devenait intenable, il avait envie de hurler à se casser les cordes vocales tout comme il voulait se prostré dans un lit, à pleurer toute les larmes de son corps. La rééducation est bien trop douloureuse à faire et elle requiert beaucoup de patience que NamJoon a du mal à fournir.

« D'accord, on va s'autoriser une petite pause. Il est inutile de forcer. » Sourit gentiment son éducateur. NamJoon accueillit cela avec un soulagement dissimulé. Il regarda autours de lui et son regard s'attarda sur la fillette dont le visage reflétait toute la détermination du monde. Il a entendu dire qu'elle venait de s'éveiller d'un long période de coma. Ses parents l'assistaient à chaque séance, chose qui le rendait envieux mais en même temps, chagriné aussi. Le répit fût de courte durée pour lui ; alors qu'il reprenait encore son souffle, la voix de son éducateur lui redemande doucement de se remettre à l'œuvre. NamJoon réprima à temps son soupir excédé et reprit sa marche douloureuse. Vingt minutes plus tard, il ne réprima plus son soupir en s'allongeant sur son lit. Il ferma les yeux et savoura l'arrêt de tout cet effort pénible.

« Veux-tu boire du jus d'orange ou manger quelque chose ? Une récompense après l'effort.» Justifia son éducateur. NamJoon rouvrit ses yeux à l'entente de la douce voix. Dire qu'ils travaillaient ensembles depuis, huit ou neuf séances mais n'ont jamais échangé que des courtes phrases. YoonGi, Min YoonGi pouvait-on lire en caractère minuscule sur sa blouse qu'il mettait lors des périodes de rééducations. A l'instant précis, un petit sourire éclaira son visage. NamJoon ne l'a jamais considéré avec attention car avec lui, il ne ressentait que la douleur physique. YoonGi ne le bousculait assurément pas, il toujours attendait avec patience sa réponse mais cela, NamJoon y était comme insensible. Il finit par secouer sa tête, le sourire de YoonGi se fana un peu mais rapidement, ça s'élargit.

« D'accord, reposes-toi. On se revoit dans quatre jours. » NamJoon répondit un vague au revoir et s'assoupit. Dans son rêve, les mêmes images terrifiantes le hantaient sans cesse. Fréquemment ; au milieu de la nuit, il s'éveillait en sursaut, le front en sueur, la tête bourdonnant de bruits de casses et de vitres brisées. Après ces rêves nocturnes, il ne parvenait plus à rendormir qu'au petit matin. C'était contrariant et fatiguant, surtout lorsque ça précédait ses séances de rééducation. Ces quatre jours à rester dans sa chambre filèrent à grande vitesse. Ces journées se ressemblèrent presque toutes au point où inconsciemment, NamJoon trouvait ces vingtaines de minutes les seuls moments durant lesquels il ne sentait pas seul et plus important encore, les seuls moments où il pensait à autre chose qu'à l'accident ayant causé la perte de sa famille. Plus de trois années ont passé mais la séparation était toujours blessante, il n'arrivait pas à faire son deuil. Les quatre jours passés, ce fût une nouvelle tête qui lui accorda un petit sourire, une voix inconnue qui lui lança un 'Bonjour' retentissant. NamJoon regarda le nouveau venu en se demandant de qui il s'agissait. Ses yeux s'abaissèrent sur son nom ; Kim SeokJin lut-il silencieusement. Celui-ci lui expliqua que parce que son collègue a eu une affaire personnelle à régler, il le remplacerait. Sans comprendre pourquoi au juste, ce changement irrita NamJoon. Bien entendu, Jin fût prévenu du tempérament taciturne du patient mais il ne s'imaginait pas que ce dernier puisse être d'humeur si morne, si revêche. Certes, il est habituel que certains des patients puissent se comporter avec impatience et ressentir de l'exaspération à cause de la difficulté des exercices mais NamJoon ne voulait juste rien faire, et d'ailleurs, il ne se gênait pas de le montrer. Jin fit preuve de professionnalisme avec lui : il garda tout au long son sourire mais décida de suivre son rythme. Ces vingtaines de minutes lui parurent durer plus longtemps que cela.

Au cœur de la fiction (Seconde partie) ⁿᵃᵐᵍⁱ Où les histoires vivent. Découvrez maintenant