Collide.

55 1 16
                                    

Préambule : JungKook.

Un léger relent vanillé flottait encore dans l'air. Cette flagrance était agréable lorsqu'on omettait son origine. Je fus tenté d'aérer la pièce, ne serait-ce qu'ouvrir une lucarne mais je savais qu'en absence d'un clim, l'air frais s'engouffrera vite et donc, il ne se gênera pas pour ronchonner et NamJoon me lancera simplement un coup d'œil. Il, c'est toujours de cette façon que je me referai à lui. Pendant que j'ordonnai et vérifiai les toiles à présent secs, c'est d'une oreille distraite que je les écoutai discuter de futilités, enfin, « discuter » est un grand mot... Mais malgré son indifférence à mon égard, je finis par lui jeter un frugal coup d'œil. En entrant, je l'ai délibérément ignoré. Une des chemises de NamJoon couvrait son corps fin. Le voir dans ce genre de circonstance est devenu une habitude, quelque chose n'étant plus inconfortable chez moi. Je me demandai s'il était de nature impudique ou si comme moi, à la longue, il a fini par prendre ses aises, enfin, ne plus s'en soucier. J'entendis son rire clair et encore une fois, mes yeux se sont dérivés malgré moi vers lui. Jusqu'à aujourd'hui, nos échanges se bornaient à des brèves salutations. Malgré ces cinq mois durant lesquels il passait au moins une fois par semaine, l'unique moment où on a échangé plus de dix phrases remontait à sa seconde venue et après, ça s'est arrêté à des 'salut', voire même à un simple hochement de tête. Me suis-je vexé ? Pas vraiment, puisqu'il n'était qu'un inconnu et je m'étais également dit que ce n'était qu'une de ces personnes, sûrement impressionnée par les peintures de Nam mais qui ne restera pas longtemps une fois qu'elle aurait obtenu ce qu'elle voulait. Je me suis gouré on dirait vu qu'il est toujours là après ces cinq mois. J'ai fini ce dont je suis venu faire. Avant de partir, je passai dans un coin où les matériels s'entassaient dans une certaine pagaille, et dans ce coin aussi une toile était recouverte de tissu. Peu importe ce qui figurait dessus, ma curiosité est indéniablement titillée. Est-ce achevé ? Ou sur le point ? Plusieurs fois j'ai été tenté de soulever le tissu mais parce que Nam m'a formellement ordonné de refreiner mes questions et de me tenir loin, je fus réduit à des simples spéculations, et donc, à chaque fois que je passe devant, un petit soupire de frustration s'échappait de moi. Avec deux tableaux sous les bras, j'allai me retirer. Ils sont toujours en pleine discussion, enfin, encore une fois, en pleine discussion est un grand mot : ça ressemblait plutôt à un monologue entrecoupé par des courtes réponses guère composées de cinq mots, et aussi par des rires vaporeux, propres à Nam. Je m'arrêtai à son niveau et lui rappelai l'invitation à laquelle il a confirmé sa présence. Comme attendu, il grimaça et je souris en voyant l'ennuie dans ses yeux. Me montrant ferme, je reformule sa promesse et en même temps, lui énumère plusieurs raisons qui au lieu de le motiver, l'agaçait seulement. En ayant terminé et en allant prendre congé définitivement, je ne pus m'empêcher de lancer un dernier regard à lui. Je vis ses cuisses et ses bras d'une blancheur presque irréelle ; nos yeux se rencontrent brièvement, et ma tête se hocha sans le vouloir. Il m'adresse en retour un à peine perceptible mouvement de tête. Je les quittai sans un regard en arrière. Je dépassai la porte lorsque le rire clair de YoonGi s'insinua dans mes oreilles, tient donc, j'ai laissé échapper son prénom ricanai-je intérieurement. Puis cette question perpétuelle tourna dans ma tête :

Où tout ceci mènera ?

Narration : NamJoon.

Depuis mon enfance, la sérénité en travaillant et en restant seul m'ont toujours convenu. J'aime travailler seul, j'aime rester seul. Mais pas pour autant je me qualifie d'asocial, non, j'aime juste travailler en paix. C'est pourquoi j'ai acquis cet immeuble en ruine que personne ne voulait. Cet espace m'est strictement réservé, même les clients ou ceux se qualifiants de mes connaissances n'ont pas droit à ce sanctuaire. Alors, il m'est incompréhensible de concevoir pourquoi j'accepte la venue continuelle de cette personne... Cette personne rencontrée dans une de mes expositions. Ce n'est pas la première personne à apprécier mes œuvres et elle ne sera pas également la dernière. Les gens ont tendance à se montrer hypocrites dans leurs remarques. Même s'ils n'aimaient pas, ils vous mentent sans vergognes, juste dans le but de vous plaire et pour soi-disant, ne pas vous offenser. Le pinceau survolait la toile, je ne me focalisai pas totalement dedans. Quand je peins, je me transportai ailleurs, alors tout ce qui m'entourait se recalait dans un fond. Un rire clair me fit lever les yeux, son rire à lui. Le rire de YoonGi. A la longue, il a fini par comprendre que le prix à payer pour pouvoir rester est l'acceptation de mon mutisme. Et tenir deux rôles ne semblait pas lui poser de problèmes non plus. Des fois, j'entendais ce qu'il me racontait, mais parfois aussi, on aurait dit comme des gazouillements. Ses yeux pétillants me fixaient, un petit sourire taquin illuminait son visage. Je posai mon pinceau. Après, je me lève. Il s'adossa et ses pieds nus se remontaient sur le divan. Il me regardait sans dire un mot mais ses yeux exprimaient beaucoup. Je me penchai sur lui, saisit son visage puis l'embrassai avec tendresse tandis que dans ma tête se dessinait le plus beaux des panoramas. Moi qui s'adonnais très rarement aux plaisirs charnels, me voilà me succombant dedans à chaque fois qu'il venait. Pour si peu et j'aurai pu juste croire qu'il ne venait que pour le sexe. J'éliminai cette idée en me rendant compte qu'à chaque fois, l'initiateur fut toujours moi et qu'il me partageait des détails de sa vie personnelle, peut-être anodins pour certain mais révélateurs si on y prête attention. Clairement, il n'était pas uniquement là pour le plaisir de la chair mais s'y adonner ne lui posait aucun problème non plus. A priori, je ne peignais jamais l'espèce humaine qu'en de très rare occasion et même, je ne peignais que la face, pas à cause de la beauté mais pour l'expression. Alors, le fait de vouloir l'immortaliser, le représenter en entier, nu, me déroutait grandement. Pourquoi de cette manière me demandai-je sans cesse. Cela est vite devenu une envie irrépressible. Plus j'essaie de ne pas y penser, plus ça me tiraillait et ça m'agaçait beaucoup. Et alors, je pense que ça viré à de l'obsession, mais peut-être que j'exagère. Dès le moment où je suis devenu distrait, il m'est alors apparu qu'il fallait que je m'y mette et je l'ai fait. Mais combien de toile ai-je brûlé ou jeté car ça ne m'a jamais satisfait ? La première comportait plus de couleur qu'il ne fallait. La seconde le mettait dans une position trop osée et trop révélateur. La troisième toile était petite alors, ça limitait la vue. La quatrième fut gâchée. La cinquième, je n'aimais pas l'expression. La sixième, JungKook l'a vu. La septième, je n'ai pas aimé. Et ainsi de suite, les raisons furent nombreuses mais en vérité, bon nombres d'entre elles sont dérisoires ; c'étaient juste des excuses pour rester encore un peu, pour continuer de le voir. Je me trouvai risible à cause de tout ça. Dire que nos rencontres et nos relations sexuelles se déroulaient uniquement dans mon atelier, cet endroit certes mon refuge mais inhospitalier, inconfortable pour les visiteurs. Il n'a jamais proposé de se voir ailleurs et ça m'arrangeait aussi de toute façon et d'ailleurs, aurai-je accepté ? Il posait des questions et pour celles dont je n'ai pas consentis à donner de réponse, il ne s'est jamais montré insistant ni vexé par ma froide réticence.

Au cœur de la fiction (Seconde partie) ⁿᵃᵐᵍⁱ Où les histoires vivent. Découvrez maintenant