Evermore.

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J'ai finalement pu entrouvrir la porte après d'innombrables efforts. Entrouvrir de quelques secondes qui m'ont permis d'entrevoir un ensemble de graphisme aux formes indistinctes d'une multitude de couleur. Tout d'un coup, l'énergie a quitté tout mon corps, j'ai eu l'impression de me liquéfier sur place. Peu de temps après, j'ai rouvert les yeux et la pièce à présent devenue très familière m'a accueilli. Je les ai renfermés durant quelques secondes afin de reprendre de force mais surtout réimprimer dans ma tête ce que j'ai pu entrevoir...

« Dis-moi ce que tu as pu voir.»

Je choisis avec précaution mes mots en essayant de décrire avec le plus d'exactitude les formes indéfinissables et les couleurs variées, ce qui n'est pas une tâche facile car jamais auparavant je n'ai vu une chose pareille. En parlant, je garde mes yeux fixés sur le plafond. Ça ne me prend pas tellement de temps.

« Quand souhaites-tu explorer plus en profondeur ? » Sur le champ étais-je sur le point de dire. Mais je me suis ravisé car je suis à bout. Il me faut retrouver la force et fortifier encore plus mon mental car ce que je m'apprête à faire n'est pas uniquement exténuant mais également dangereux. Je suis resté encore un peu, parler de tout pour ne rien dire comme on le dit. Arrivé chez moi, je me suis efforcé de trouver le sommeil après m'être restauré mais ce fût sans succès. Mon esprit a vagabondé entre plusieurs sujets sans jamais se focaliser sur celui qui me préoccupait à la longueur de la journée. Je repense à tout ce qui s'est passé durant ces derniers mois. Comment ma vie, mes perceptions et mes convictions furent ébranlées. Des nouvelles horizons me sont apparus et me sont ouvertes. J'ai revisité ce que je croyais et ce que j'ai appris parce que du jour au lendemain, tout a subitement basculé. Je trouve enfin le sommeil après minuit suite à une promesse silencieuse de le retrouver afin de le ramener à la maison.

« Sois prudent. Ne te laisse pas distraire par ce que tu trouveras. Dès que tu entreras dans son monde dont on n'a absolument aucune idée de ce qui t'attendra, trouve-le le plus vite possible puis ramène-le. Si jamais il y une complication, reviens sans hésitation. » Ce dernier point, je fais semblant de ne pas entendre. Je ne compte pas l'abandonner peu importe le sorte de complication qu'on rencontrerait.

« Rythme ta respiration, vide ton esprit et concentres-toi. » Me dit la voix. Mes yeux se ferment et mon esprit se détend. Je sombre lentement dans le sommeil. Se rendre dans cet endroit est à présent un jeu d'enfant. D'abord il y a le passage rassurant, cette sorte de route qui présente nombreuses intersections qui au final, menèrent toutes à la destination voulue. Puis derrière la porte, il y a le péril. C'est là que la force mentale est requise car on sort de notre propre monde pour aller s'introduire dans un autre. Il n'y a jamais d'invitation, il n'y a qu'intrusion dans un domaine inconnu. Ensuite, une fois passé cette toute nouvelle porte et parcourue ce chemin, il me fallait trouver celle qui me mènerait spécifiquement vers lui... Totalement concentré, je ne mis pas beaucoup de temps à la retrouver. Dans ces lieux, le temps et l'espace sont distordus, ce qui reste un fait déconcertant quoique non étonnant. Ici, tout change d'un instant à un autre : parfois, c'est d'une beauté à couper le souffle et parfois ça devient une effrayante et menaçante laideur. Pour le moment, tout ce qui m'entoure est beau et exaltant. Les fleurs scintillent, les oiseaux paillent joyeusement, le lac miroite sous le soleil, aucun nuage ne se profile à l'horizon...puis plus loin, séparé par une rivière, la civilisation se culmine dans sa splendeur : les immeubles de verres brillent et ne cessent de se métamorphoser et de changer de formes...Au début, ce spectacle était déstabilisant et me fascinait, mais plus maintenant, tout comme la beauté quasi-surnaturelle de la nature...

Me voilà devant la porte tant cherchée : une émoie sans nom me saisis. Je m'attends à le retrouver. Il m'a tant manqué. Je ne sais pas ce qui m'attend avec lui. On m'a dit qu'en étant dans ces lieus, on garde tous ses souvenirs. Y partir est possible si l'on présente la force de volonté suffisante et qu'on sache où se trouve l'issue. D'une main tremblotante, je tourne le poignet et l'ouvre. Me voilà face à l'exposition de graphisme coloré. J'ai l'impression de marcher sur rien car tout donnait l'impression de mouvoir, d'onduler, de s'alterner pour ensuite se restituer. Ici c'est l'inconnu et le commun. Le réel et l'illusion. Le compris et l'incompris. Une beauté sans nom dans l'étrangeté et la difformité. Je me sens confus. Je ne sais pas quelle direction prendre dans ces formes diverses, et de toute façon, y'a aucune route à prendre aussi...Absolument aucune. Je divague et marche au gré de mes pas, j'observe les formes qui se meuvent et qui se transforment. Je me demande pourquoi c'est ainsi. Est-ce à cause de ses pensées qui sont disparates et brumeuses ? Parce qu'il ne sait pas où il en est ?

Au cœur de la fiction (Seconde partie) ⁿᵃᵐᵍⁱ Où les histoires vivent. Découvrez maintenant