When the flowers bloom.

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Les yeux vides ; dont les pupilles sont devenus ternes me fixent et j'ai du mal à détourner le regard. Je vis la bouche déformée par un rictus méchant où un filet de sang s'échappe de la commissure des lèvres, puis il y a la vilaine coupure traversant presque la moitié de sa joie droite en causant ainsi un écoulement de sang assez abondant qui a fini par barbouiller ce côté. Bref, je vis un visage salement amoché par les coups et la crasse. Puis, rapidement, mes yeux parcourent le corps à présent sans vie. Essoufflé, je me laisse retomber près de lui et ferme mes paupières. Ça y est : il est finalement mort. J'ai tué YoonGi et un énorme soulagement quoique mêlé de peur m'envahit. Pendant que je sombrai dans un état d'engourdissement, j'entends vaguement des voix autours de nous, puis on me saisit fermement mais avec une certaine douceur pour ensuite me placer sur une civière. J'eue le désir de le regarder une dernière fois mais mes yeux refusent de s'ouvrir, tout comme ma tête refuse de bouger. Aussitôt, une vague de tristesse et de douleur me submerge avant de me faire sombrer définitivement dans l'inconscience.

J'ai perdu la notion du temps. À mon réveil, mon corps était endolori et appesanti. En regardant autour, je constate l'obscurité du lieu. A peine avais-je repris mon esprit qu'aussitôt, on vient s'enquérir de mon état. On ne me parle pas, on me palpe juste de partout et c'est en fonction de mon expression faciale qu'on doive conclure mon état.

« Tu récupères vite. D'ici une semaine, tu seras capable de te remettre sur pieds. » Me dit-on. On m'offre à boire et je bus goulument le liquide un peu amer. Puis on me laisse tranquille en veillant à laisser entrer suffisamment la lumière solaire pour donner une clarté n'agressant pas mes yeux. L'affliction est toujours là ; j'affiche un visage inexpressif alors que mon intérieur se fissure et chaque fragment m'entaille douloureusement. Dans le but d'oublier la douleur, je tente de m'endormir ; seules mes paupières se ferment alors que ma tête s'alourdit par un début de migraine. Peut-être dois-je leur parler de ça, mais ouvrir ma bouche pâteuse me semble difficile alors je me tais et endure la névralgie qui s'intensifie de minute en minute.

A mon second réveil, la pièce fût plongée dans l'obscurité. Ma gorge me brûle, de l'eau fraiche sera le bienvenu pensai-je en essayant de distinguer un récipient sur la table de chevet. Je tousse afin d'attirer l'attention et aussitôt, on vient. Malgré les douleurs fulgurantes qui traversent mon dos, mes côtes et mon bras droit, je me force à m'assoir. C'est de l'eau dont j'ai le plus envie sur le moment, mais c'est une bouille verdâtre qu'on me donne à avaler. L'aspect est déjà dégoutante, alors je n'imagine pas le goût. Pourtant, à ma grande surprise, c'est comestible. C'est une saveur entre aigre-douce et piquant et j'ai réussis à tout avaler, jusqu'à la dernière cuillerée.

Je passai la majorité du temps à me restaurer et à marcher lentement, sous la surveillance de deux personnes qui accourent au moindre signe de défaillance. Tout le temps, j'arborai un masque d'insouciance, ou un masque inexpressif. Personne ne me souffle aucun mot, et entendre une confirmation verbale de sa mort me serait insupportable je crois. J'essaie de le chasser de ma tête et le pire, ce sont ses derniers instants de survie qui sont fortement gravés dans ma tête. Je tente d'évoquer son visage souriant : son sourire lumineux qui éclaire son doux visage opalin et qui fait presque disparaître ses yeux brillants de malice. À la première impression, YoonGi vous donnait une image innocente, attachante et gentille. Attachant, il l'est réellement et innocent et gentil, il ne l'est pas du tout. Au contraire même, il est cruel, foncièrement mauvais. Il est capable d'aimer, mais de manière limitée et avant tout, sa personne passe avant n'importe qui. Mais je fus une exception, je savais qu'à un certain moment, il m'a aimé plus qu'il adorait sa propre personne. Il a sûrement montré sa vraie nature lorsqu'il s'est lassé de nous...Etais-je aveuglé de mon amour ? Pourquoi n'ai-je pas décelé à temps cette partie sombre de lui ? Aurai-je pu le sauver si j'ai écouté ce qu'on m'a dit ? Ce genre de question me taraude... et c'est suffocant. Les regrets sont d'autant plus durs à supporter que la perte. Je récupère physiquement mais au fil des jours, ma mental s'affaiblit et se détériore j'en ai conscience. Personne ne se doute de ce fait et il faut dire que je fais tout pour le cacher car maintenant que « tout » semble rentrer dans le « l'ordre », ce serait décevant et idiot si je perds la tête.

Plus de quatre semaines plus tard, j'ai récupéré la quasi-totalité de mes aptitudes physiques. Mes plaies se renferment doucement et commencent à se cicatriser. J'ai coupé mes cheveux parce que naïvement, j'ai cru que ce geste m'aiderait à bannir certains souvenirs...Et bien évidemment, rien n'a changé : n'importe quoi me ramenait à lui, même un simple piaillement d'oiseau ou la senteur d'un thé de menthe...

Présentement, je lève mes yeux au ciel et contemple sa bleuté et sa clarté. A l'inverse de certaines personnes de mes entourages, je ne crois pas à la vie après la mort. Tout de même, je respecte la croyance de certains à l'éventuelle existence d'un monde métaphysique où notre 'âme' ira après la mort de notre enveloppe corporelle. Indépendamment de mes convictions, je souhaite qu'un miracle survienne, qu'une chose inattendue se produise. Récemment, rien ne m'aspire : même le beau temps ne me redonne pas la joie de vivre comme auparavant.

Je ne veux qu'une chose : lui. Je veux l'aimer de nouveau, sentir son odeur mentholée, entendre son rire cristallin, plonger mes yeux dans les siens afin de revoir cette lueur espiègle dans ses pupilles, savourer le goût mielleux de sa peau, toucher ses doux cheveux ébènes... et tant d'autres actions.

Subitement, je sens un courant d'air frais alors que le soleil brillait très fort. Puis ce courant d'air se change en une bourrasque assez violente qui me fait fermer les yeux à cause des feuilles et de la poussière qui m'attaquent. Ce changement soudain dura quelques minutes durant lesquels il m'a paru que les éléments se déchainaient contre moi. Puis aussi soudainement que c'est apparu, cet état retomba en un clin d'œil. Une présence me frôla, j'y tourne lentement ma tête et découvre avec stupéfaction YoonGi avec un ses petits sourires qui a le don de faire chavirer mon cœur.

« Le temps est magnifique, n'est-ce pas ? » Sa voix parait légèrement voilée, hum, un tantinet rauque... Après m'avoir souri, il releva sa tête et poussa une sorte de soupir d'extase, de bien-être. Je suis hébété, croyant à un mirage élaboré par mon cerveau. Pourtant, son doigt qui s'enfonce délicatement dans ma joue sur l'endroit où se situe ma fossette me semble bien réelle... Il doit deviner mon ébahissement car il passe sa main dans mes cheveux tandis que l'autre, avec ses doigts fins, glisse sur mon nez. Ensuite, tout aussi promptement, mais dans un geste doucereux, il m'embrasse tendrement sur la joue et là, je sentis des milliers de papillons voltigés dans mon ventre et autours de moi. Je sens également un arôme délicat, me provoquant un effet engourdissant et alanguissant. Son étreinte est réconfortante et affectueuse, j'ai l'impression de m'enfoncer dans une sorte d'état de ravissement et de plénitude.

« Je suis de retour NamJoon et jamais, je ne te laisserai plus tout seul. » Entendais-je alors que ses lèvres sucrées se fondent sur les miennes. 

Au cœur de la fiction (Seconde partie) ⁿᵃᵐᵍⁱ Où les histoires vivent. Découvrez maintenant