S'inventer une vie n'est pas difficile.
Cela ressemblait à une pièce de théâtre : il fallait juste que le public ne sache pas ce qui se passait dans les coulisses et derrières les rideaux quand ceux-ci s'abaissaient. A la fois, j'étais acteur et metteur en scène, un travail pénible et fastidieux mais malheureusement inévitable. Tant que le public ne voit que ce que je voulais et ce que j'offrais, tout allait bien.
Créer les textes est un travail d'enfant, c'est contrôler les acteurs et le déroulement des actes qui sont délicats. A tout moment, une erreur pouvait survenir, et cela entrainerait une autre et à la fin ; il y en aurait tellement que ce serait ardu de se rattraper et de les rectifier. Oui, j'accumulais mensonge par mensonge, car, même 'mes acteurs' n'avaient aucune idée de l'engrenage dont lequel je les ai entraîné. Je disais une chose et ils les croyaient ; puis à leurs tours, ils les répétaient à d'autres, sans être dictés par des mauvaises intentions. C'est de cette manière que je réussis à les embobiner car mon allure, ma façon de parler et mes connaissances appuyaient mes histoires. Je n'avais aucun mal à paraître comme un garçon issu du même milieu qu'eux et heureusement aussi, aucun d'eux n'était assez curieux pour demander plus de ce que leur disait.Tout allait pour le mieux, admirablement ; je réussissais à jongler entre ma vraie vie et celle que je me suis inventée. Je ne risquais rien du moment où personne n'allait chez moi, du moment où rien de très personnel n'a été et ne devait être dit. Des fois, l'énormité de mes mensonges m'apitoyait ; mais être avec ce que je qualifiais « d'ami » est si bien que je ne me suis pas résolu à couper net c'est-à-dire mettre à termes cette 'présentation'. Pour une fois, je côtoyais des gens auparavant loin de ma réalité et je vivais la vie dont j'ai toujours rêvé au plus profond de moi lors de mes nuits solitaires.
L'amertume est déplaisant, tout comme l'envie et la convoitise. Ces types de sentiments ont un énorme pouvoir si l'on n'arrive pas à le contrôler et à le dompter : en aucun façon, hors de question d'être dominé sinon, tout finira mal.
Il m'arrive d'être très maussade et très aigri à cause de notre situation, de ma situation plus précisément, parce que je la comparais à celle de mes cousins ou de mes cousines.
D'un moment à l'autre, tout le monde devait déjà avoir maudit ce qu'est la 'vie' car parfois, elle est si vicieuse ; elle donnait des coups multiples à des intervalles proches. Bien entendu, certains me diront : 'Ne te plains pas, d'autres personnes ailleurs dans le monde vivent des atrocités, des choses dont tu n'imagines pas ; estimes-toi chanceux d'avoir « cette vie »'. Oui, d'un côté, je m'estime chanceux mais d'un autre aussi, je ne peux que me plaindre, comme tout autre être humain normal aurait fait.
J'ai réussi à tenir pendant des mois, j'ai réussi malgré quelques erreurs commises, malgré quelques incohérences au cours de la route. Je n'étais pas aussi crédule ni aussi confiant car tôt ou tard, je savais que j'allais être découvert. Mais j'avoue ne pas m'attendre de sitôt ni de cette manière.
Il s'appelait NamJoon et il venait de déménager juste à la propriété à côté de nous. L'enchaînement des événements a été drôle j'avoue. Sans le vouloir, il m'a mené à dire toute la vérité et m'a conduit à révéler mon vrai visage aux gens. A-t-il discerné 'cette vérité' dont je dissimulais farouchement ? Oui, sans aucun doute car il est ami avec Jimin et par des circonstances que je n'ai eu aucune possibilité à empêcher, il était venu « chez moi » et a donc connu 'cette vérité'. Mais ces faits ne se sont produits que lorsque mes menteries se sont découverts un à un ; à un stade où je ne suis plus parvenu à m'en sortir...Je me suis lamentablement enlisé dedans et personne n'était là pour me tendre la main.
Je ne lui en ai pas voulu puisqu'après tout, cela finirait par se savoir avec ou sans sa présence...
Comme toute tromperie, la mienne fût très mal prise et bien sûr, « mes amis », ils m'ont tous tourné les dos...un à un, sauf Jimin.De ces erreurs, j'y ai tiré des leçons : j'ai appris à être comme tel que je suis sans vouloir endosser un quelconque rôle et à prétendre avoir ce que je n'avais pas du tout. J'ai découvert à quoi se referait réellement les « amis » ; j'ai compris que la valeur d'une personne ne se définissait pas par ses biens matériels mais par ses valeurs morales et intellectuelles. Après cette 'petite aventure', je me suis amélioré : ma personnalité s'est affirmée et finalement, je me sentais bien. Toute forme d'un quelconque complexe a disparu. En d'autres termes, j'ai évolué et j'ai mûri.
Je fus devenu si proche de NamJoon, proche au point où l'esquisse d'une toute nouvelle forme de relation naquit entre nous deux...mais pour l'instant, ni moi ni lui n'est assez prêt pour l'exploiter.
Parce que notre amitié sur le moment nous convenait et qu'elle offrait déjà ce que nous souhaitions et recherchions...
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Au cœur de la fiction (Seconde partie) ⁿᵃᵐᵍⁱ
FanfictionOeuvre regroupant des petites histoires sur Kim NamJoon et Min YoonGi.