Apprends-moi à t'aimer [premier jet]

Chapitre 45

Mattew ~ 6 ans plus tôt ~

Il fait noir. Est-ce à ça que ressemble l'Enfer ?

Et soudain je me vois.

Je vois mon corps inerte sur un lit d'hôpital. Ce corps qui semble ne plus être le mien est relié à plusieurs machines et caché par de nombreux plâtres et bandages.

Comment est-ce possible ? Ne suis-je pas mort ?

Je remarque alors le bip qui indique que mon cœur bat toujours.

Ce doit être un rêve. Je ne peux pas flotter au-dessus de mon propre corps. Suis-je une âme ?

Une infirmière rentre dans la chambre alors je crie, mais personne ne m'entend. Je la supplie de m'aider, de me sortir de là, mais elle ne fait rien de plus que vérifier les constantes de mon corps.

Après son départ c'est Henzo qui vient à mon chevet. Il a presque plus mauvaise mine que moi. Je tente à nouveau de parler, aucun son ne semble lui parvenir, ou même sortir de ma bouche.

Je ne bouge pas. Mon corps ne bouge pas, mais moi qu'en est-il ?

Je me résigne et écoute l'homme qui pleure devant moi.

- Si tu t'en sors je te tue. Putain Mattew, pourquoi tu as fait ça ?

Je veux lui répondre. Il continue parce qu'il sait que je ne peux pas le faire.

- Pourquoi tu as dit à Victoire de ne pas venir te voir ou essayer d'entrer en contact avec toi tant que tu ne l'auras pas fait en premier ? Elle est dévastée tu sais.

Je ne peux qu'imaginer dans quel état elle doit être. Mais c'est mieux pour elle.

- Et pourtant elle t'écoute... Elle est là, mais elle refuse de venir te voir dans la chambre. Cette femme est d'une force incroyable.

A un point inimaginable. Et je l'ai déjà bien trop impliqué dans mes problèmes. Elle doit pouvoir vivre sa vie.

- Tu me manques... Je veux dire le Mattew d'avant me manque. Alors t'as intérêt à sortir de ce foutu coma pour que je te retrouve enfin.

Le coma ? Alors c'est ça qu'il se passe ? On regarde les gens nous pleurer avant de décider si l'on revient ou non parmi eux ?

- T'as pas fait tout ça pour rien. Je ne veux pas que tu sois dans le livre des records pour la mort la plus absurde et imprudente, rajoute-t-il après quelques instants en reniflant.

Même dans ces moments-là, il arrive à faire des blagues. Lui aussi il est fort. Plus fort qu'il ne le pense.

- Tu es vraiment dans un piteux état tu sais. Mais ne t'en fais pas tu seras toujours le plus beau de nous deux après ça, si c'est ce qui t'inquiètes.

N'importe qui, qui l'aurait entendu dire ça et m'aurait regardé juste après, n'en mettrait pas sa main à couper.

- Au fait ton père a essayé de venir te voir... Il puait l'alcool et s'en est pris au personnel alors il a été viré. Il peut revenir seulement s'il est sobre et toi comme moi savons que ça n'arrivera pas malgré... tu sais... Désolé.

Je ne le suis pas. Parce qu'il a voulu venir. Parce que je pensais qu'il serait le dernier à se déplacer pour moi. Parce que malgré l'alcool il sait qu'il a un fils. Parce que malgré tout il semble m'aimer.

Mais je le suis parce qu'il me hait depuis le départ de ma mère. Parce qu'il fait comme si je n'existais pas depuis qu'il ne peut plus me frapper. Parce que c'est en partie à cause de lui que je suis là. Parce qu'il m'a abandonné

Ni Henzo, ni mon père ne peuvent m'entendre. Ça n'a pas d'importance. Je ne le dirai jamais à voix haute.

- Ce serait bien que tu reviennes et que tu prouves à tout le monde que t'es un bon gars. Tu te souviens du collège ? Comment t'as pu passer de premier de la classe à élève absent et brutal ?

Longue histoire. Je n'ai jamais aimé cette image de meilleur élève. C'était bizarre sur moi qui avait une vie merdique.

- Tu dois leur montrer que tu vaux mieux que ça. Tu dois réaliser ton rêve d'être professeur d'anglais. Tu dois faire encore pleins de choses et je serai toujours à tes côtés à chacun des tes accomplissements.

Espérons que tu aies raison. Espérons que je revienne et que j'arrive à revenir dans le droit chemin.

Il parle encore un moment, peut-être une heure je n'en sais rien. Il se remémore pleins de souvenirs, bons comme mauvais. Il me pose des questions, auxquelles je ne peux pas répondre.

Lorsqu'il part je reste seul. Personne d'autre ne viendra me voir, puisque Victoire n'entre pas et mon père s'est fait virer.

Je suis seul. Je l'ai toujours été finalement. Mais j'ai de l'espoir. Assez pour me réveiller. Je préfère émerger de mon sommeil seul de toute façon. Et c'est ce que je fais.

Soudain je ne me vois plus et je sens mon corps. J'ai mal, mais je ne suis pas capable de crier. Pas encore. Je suis bien trop faible.

Je retrouve la même douleur que lorsque j'ai reçu tous ces coups. Et cette souffrance me rappelle pourquoi j'ai fait ça.

J'appuie difficilement sur le bouton d'appel de l'infirmière. J'espère qu'on me donnera des anti-douleurs. Un homme apparaît en moins d'une minute. Constatant mon réveil, il m'administre des calmants et me questionne rapidement. Il me prévient qu'un médecin viendra me voir dans pas longtemps.

En effet, quelques minutes plus tard un homme d'une cinquantaine d'années entre et m'examine. Apparemment je vais bien. Ce n'est pas l'impression que j'ai...

Je m'endors peu après son départ, exténué par ce qu'il m'est arrivé et les médicaments qui font effet.

Je me réveille en entendant la voix d'Henzo. Mais il est quelle heure ? Qu'est-ce qu'il fait là ?

- Pourquoi tu pleures mec ? Tu m'empêches de dormir, chuchoté-je encore endormi.

- Oh mon dieu ! T'es réveillé ! Une infirmière ou un médecin ! hèle-t-il en se précipitant dans le couloir.

- Arrêtes de faire l'idiot je me suis réveillé hier.

Il accourt de nouveau vers moi les yeux écarquillés encore rouge d'avoir pleuré. Il a un air idiot comme ça.

- Pourquoi tu ne m'as rien dit ?!

Il est idiot en fait.

- J'allais pas t'appeler en mode « eh salut je sors du coma là ça te dit on se capte ? ».

- Pourquoi pas ?

Je le regarde, consterné, ne sachant pas quelle attitude adopter. Il éclate alors de rire et je comprends qu'il se paye ma tête. Je souris, du moins j'essaye avec mon visage boursoufflé. Son fou rire repart de plus belle devant ma tentative qui s'est transformé en grimace.

- Tu m'as manqué Matt, m'annonce-t-il en se calmant petit à petit.

- Moi aussi je me suis manqué.

Je tente à nouveau un sourire en coin et échoue lamentablement.

- Me refais plus jamais ça, dit Henzo soudain sérieux.

- Te faire croire que je vais te dire que tu m'as manqué, ou faire une mission suicide.

- Les deux... mais surtout le premier.

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Et voilà pour ce chapitre ! Vous aimez les flashbacks ? N'oubliez pas de voter, et peut-être laisser un commentaire !