Chapitre 57

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Alyssia

L'avantage d'avoir eu un accident récemment, c'est que ça peut servir d'excuse pour justifier une absence.

Le problème de cette absence, c'est que je dois mentir à mes amies qui veulent venir me voir, pour vérifier que tout va bien. Chez mes parents... Devoir leur dire que mes parents ne veulent plus personne à la maison semble ironique dans ma situation.

- Madame est servie !

Henzo me passe mon assiette de pâtes à la bolognaise. Je le remercie d'un sourire et attends qu'il soit lui-même servi.

- J'ai reçu un message de Mattew, relance-t-il.

- Et ?

- Il s'inquiète pour toi, comme je m'y attendais.

Je hausse les épaules, espérant qu'il prête ce signe à du désintérêt. Je sens qu'il ne marche pas, alors je baisse la tête et me concentre sur mes boulettes de viande.

Visiblement je n'ai pas encore envie de mettre les pieds dans le plat. Surtout si ce sont des pâtes bolo.

Henzo anime le reste du repas sans jamais abandonner, bien que je ne sois pas très réceptive. Lorsque l'on débarrasse, il ne parvient pas à se retenir de mettre un peu le nez dans mes affaires.

- Pourquoi est-ce que tu es autant dans le déni vis-à-vis de Mattew ?

- Ça n'a aucun rapport avec lui. On a mis les choses à plat la dernière fois. Non, ce qui me rend si... barbante, c'est ce qu'ont fait mes parents, j'admets enfin à voix haute.

Je ne pensais pas être autant atteinte par leur décision de me rayer de leur vie. On a beau détester nos parents, une part d'amour subsiste toujours quelque part.

- Pourtant tu gardes tes distances avec lui, poursuit Henzo.

- Il le faut. On a été trop insouciants de penser que c'était possible....

Je me remémore brièvement nos moments de bonheur où tout semblait simple, sans problèmes. La bonne blague.

- Mais j'essaie de rester assez proche pour qu'il ne croit pas que je le rejette, après ce qu'il m'a révélé, avoué-je.

- Je ne vois pas pourquoi tu partirais, seulement parce qu'il se droguait un peu trop.

Je n'y crois pas. Il me prend pour une idiote ? Je soupire en le regardant avec ses grands yeux innocents.

- Henzo. Il m'a tout dit. Tu peux arrêter de faire semblant de ne pas savoir, c'est bon.

- Non mais vraiment. Si tu le laisses tomber seulement parce qu'il était dans un gang et qu'il vendait de la drogue, c'est que tu n'es pas pour lui, affirme-t-il. Or, je persiste à dire que vous devez être ensemble.

- Je ne te parle pas de ça. Il m'a tout dit. Absolument TOUT.

J'appuies sur le dernier mot, me lassant de son petit jeu.

- Et il t'a dit quoi exactement ? me demande-t-il méfiant.

- Bah tu sais, les meurtres.

Si après ça il continue à faire celui qui ne sait rien, j'abandonne.

- Mais de quels putains de meurtres tu parles ?! s'exclame Henzo soudain énervé.

Je commence à me demander s'il est à la page. Il attend ma réponse et je réalise alors que j'ai merdé. Pitié, qu'il me fasse encore une blague.

Apprends-moi à t'aimer [premier jet]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant