Apprends-moi à t'aimer [premier jet]

Chapitre 56

Alyssia

C'est toujours lorsque que l'on pense avoir atteint le maximum que quelque chose de pire nous arrive. On descend pour mieux parvenir au sommet de la montagne russe.

Je suis toujours à l'infirmerie, n'esquissant aucun geste de peur qu'il se retourne contre moi. J'attends que la sentence de mes erreurs me tombe dessus, mais elle ne semble pas décidée à s'abattre sur moi dans l'immédiat.

Je pèse le pour et le contre à répondre à Mattew. Il a le droit d'être rassuré, il a été là pour moi et a fait fi des conséquences. Néanmoins, il serait certainement mieux de couper les ponts, nous avons besoin d'espace, de temps... mais surtout de l'un et l'autre.

L'amour l'emporte finalement sur la nécessité de distance.

Sa réponse est instantanée. Je décide cependant de ne pas engager la conversation. Je verrouille mon téléphone et ferme les yeux. Je me concentre sur ma respiration, tentant d'effacer cette journée. Et les précédentes.

Mes parents ayant été prévenus, mon père a quitté son bureau pour venir me chercher. Je pensais qu'ils me laisseraient terminer ma journée de cours, apparemment leur cœur refait peu à peu surface.

Il ne tarde pas à être là, signant la justification d'absence pour le reste de la journée. Il ne décroche pas un mot durant le trajet jusqu'à la maison, ce qui me laisse penser que rien n'a vraiment changé.

Je suis accueillie dès mon arrivée par ma mère... et par mon sac de voyage ?

Je regarde mes parents un peu perdue, cherchant des réponses dans leurs visages fermés.

- Tu pars, commence mon père.

- Où ça ? dis-je intriguée.

- N'importe où, mais loin d'ici.

- Comment ça ?

Je me demande ce qu'il se passe, lorsque soudain la vérité s'insère en moi, telle une bouffée d'adrénaline.

- Pourquoi ? lancé-je choquée par la tournure des évènements.

- Ne fais pas l'innocente Alyssia.

- Ta directrice nous a appelée, explique mon père en coupant ma mère.

Je pensais que c'était l'accueil qui les avait prévenus, mais apparemment madame Forzetti a choisi de se mêler aux rumeurs.

- Que vous a-t-elle dit ?

- Ne joue pas à ça ! s'énerve-t-il. Tu ne pouvais pas nous faire plus honte ! Non mais qu'est-ce qu'il s'est passé dans ta petite tête d'idiote ?! Coucher avec son enseignant est intolérable !

Je suis outrée par ses propos. Mon cerveau fonctionne deux fois plus vite, me faisant passer des questions à la honte, de la colère à la tristesse. Je ne sais ce que leur a réellement dit ma directrice, visiblement elle écoute les racontars.

- Ce n'est pas vrai ! m'exclamé-je brusquement, sortant de mes gonds. Ce ne sont que des rumeurs !

- Ça ne sert plus à rien de mentir maintenant Alyssia ! Tu ne fais plus partie de cette famille. Tu quittes la maison, tu as vingt minutes.

Les bras m'en tombent. Je suis ébahi par la situation. Si j'avais pensé un seul instant que ça arriverait, j'aurais prévu une chaise pour m'empêcher de tomber comme je le fais à l'instant.

- Arrêtes ton cinéma et prépare tes affaires, reprend mon père.

D'ailleurs ce n'est plus vraiment mon père. Je regarde ma mère, fouillant ses yeux dans l'espoir d'y trouver un peu d'amour, de regrets, d'aide. Je n'y vois que la déception et le dégoût. Sa remarque finit de m'achever.