Apprends-moi à t'aimer [premier jet]

Chapitre 39

Mattew

Est-ce que ça me bouffe de l'intérieur de ne pas avoir de nouvelle d'Alyssia ? Oui totalement.

Et je vais avoir l'occasion d'y penser encore et encore puisque je vais chez Victoire. La connaissant elle ne manquera pas de m'interroger sur « l'élue de mon cœur ».

Elle habite toujours dans la même maison qu'il y a cinq ans. J'en ai passé des moments là-bas. Elle est un peu éloignée de la ville, donc je m'y rends en voiture. Etonnamment je me souviens du trajet, alors que j'y allais toujours dans un état minable, qui ne me permettait pas vraiment de mémoriser la route.

J'arrive dans son jardin et la porte s'ouvre presque instantanément.

- Ah tu es là !

- Vous aviez peur que je me défile ?

- J'ai pris l'habitude de me méfier avec toi maintenant, plaisante-t-elle.

Je pourrais être vexé, mais c'est la vérité. Le nombre de fois où je lui ai dit quelque chose sans le faire après est grand.

- Vous allez perdre cette habitude rapidement maintenant. Je pense venir vous voir plus souvent.

- Tu n'as pas à t'occuper de moi tu sais.

- Je ne prends pas ça comme une corvée de vous rendre visite, au contraire.

Il faut bien que quelqu'un veille sur elle et j'ai attendu bien trop longtemps avant d'accepter d'endosser ce rôle. Si seulement son fils n'habitait pas sur un autre continent, je m'en voudrais moins de l'avoir abandonnée tout ce temps.

- Toi, tu as besoin de parler à une vieille dame pour qu'elle te dise quoi faire.

- Vous êtes toujours aussi pragmatique.

Elle me fait signe d'entrer et me prend ma veste pour la suspendre. J'observe les lieux qui me reviennent peu à peu en mémoire. Rien n'a changé à vrai dire. Il doit seulement y avoir encore plus de bibelots qu'auparavant. Je retrouve cette même odeur si familière et apaisante. Un mélange de vanille et de framboise très agréable.

- Assied-toi mon garçon et dis-moi ce qu'il t'arrive. Je parie que ça concerne l'élue de ton cœur.

Je souris légèrement à ce nom qu'elle lui a donné. Je la connais si bien ! Tout comme elle lit en moi.

- Nos vies ont pris des chemins différents depuis que je vous ai revu, je déglutis.

- Ça je sais. Ce que je veux savoir c'est pour quelles raisons.

- Comment pouvez-vous savoir ?

- Tu ne serais pas avec une femme solitaire un samedi, mais avec cette fille si tu partageais encore sa vie.

Victoire est vraiment pleine de surprise ! Mais elle n'en est pas moins intelligente, ce qui lui permet de percer les secrets de n'importe qui. Je crois que c'est pour ça qu'elle s'est intéressée à moi d'ailleurs.

- Bien sûr que non !

- Tu te mens à toi-même Mattew, répond simplement celle-ci.

J'adore parler avec elle, même s'il est parfois plus simple de discuter avec une personne qui ne me comprend pas aussi bien que cette bonne femme.

- J'avoue que j'aurais probablement voulu la voir, mais j'aurais eu d'autres occasions. Pour vous c'est plus compliqué, affirmé-je. J'ai bien plus de choses à me faire pardonner auprès de vous et je vous vois bien moins souvent qu'Alyssia.